Étape 5 : Strasbourg – Neuf-Brisach

Après deux jours et des poussières de RMLL, je quitte Strasbourg le mercredi 13 juillet au matin. En effet, je travaille le lundi 18, et comme j’ai mis quatre jour pour faire l’aller et que je veux garder une marge d’un jour supplémentaire, il faut que je parte.

Me voici sur une piste cyclable en direction du canal par lequel je suis arrivé.

À peine arrivé sur la piste cyclable du canal en question, il se met à pleuvoir. Je m’arrête sous un pont pour enfiler mon équipement de pluie.

La moitié de cette longue piste qui borde le canal sera parcourue sous la pluie, mais sans problème particulier.

À hauteur de Plobsheim, la piste est coupée. Une déviation est jalonnée (plutôt correctement) par Plobsheim, la D 468, puis un petit chemin qui rejoint à nouveau le canal.

Je continue mon trajet. La pluie s’est arrêtée, et je suis rattrapé par un cyclotouriste Allemand, bien équipé, avec des sacoches Ortlieb.

Il m’indique que nous roulons à 25 km/h. Nous discutons un certain temps, mais malheureusement il s’obstine lui aussi à parler anglais. Pourtant, quand il m’a demandé, en allemand, si j’étais Allemand, je lui ai bien répondu, en allemand, que j’étais Français. Et j’ai même utilisé le mot Fahrradweg durant la discussion, car je ne retrouvais plus l’équivalent en anglais (cycleway, évidemment, pourtant je le manipule assez sur OpenStreetMap). Mais visiblement, cela ne lui a pas mis la puce à l’oreille. Je pense que les Allemands ont tellement l’habitude que les Français ne parlent pas leur langue, qu’ils utilisent systématiquement l’anglais. C’est énervant.

Je le sème car il s’arrête pour enlever ses habits de pluie. Je m’arrête un peu plus loin, là où l’itinéraire quitte le canal pour reprendre la route, pour enlever moi aussi les miens, en pensant qu’il va me rattraper. Mais j’ai la surprise de le voir passer, et continuer le long du canal sans ralentir. Même pas du côté où se trouve la piste en chantier dont j’ai parlé à l’aller, mais de l’autre côté, sur un chemin de halage non revêtu. J’ai des doutes sur le fait qu’il puisse continuer bien loin sur ce chemin, mais peut-être sait-il où il va.

Je discute avec un passant, à vélo lui aussi, qui m’explique que la piste cyclable en travaux n’est pas encore revêtue et terminée car il y a des négociations avec les associations de protection de la nature au sujet du revêtement à adopter. Évidemment, les cyclistes préfèrent souvent les enrobés lisses, tandis que les associations de protection de la nature préfèrent les chemins en sable.

Pour ma part, je ne suis pas défavorable aux chemins en sable, s’ils sont correctement réalisés. La Coulée Verte dans le Territoire de Belfort, ou encore la véloroute 6 en direction de Huningue ou dans divers endroits en Suisse et en Allemagne, prouvent que les pistes cyclables n’ont pas besoin d’être en enrobé lisse pour être praticables et agréables.

J’enlève mes habits de pluie et mange au bord de la route.

Je remarque au passage que, si le futur itinéraire vélo le long du canal est toujours barré, la signalisation, elle, indique déjà de l’emprunter. Et l’ancienne signalisation qui indiquait l’itinéraire par la route, toujours d’actualité, a disparu. Ça manque un peu de cohérence. Il ne faut pas s’étonner que les cyclistes prennent l’habitude de prendre les itinéraires cyclables quand ils sont encore interdits…

Pour ma part, je continue par la route, comme à l’aller.

Mais la pluie a repris. Il ne s’agit au départ que de goutelettes très fines et peu dérangeantes, mais en arrivant à Bindernheim ça devient tout à coup une pluie battante. Je n’ai aucun abri à l’horizon, et tout juste le temps d’enfiler mon poncho pour limiter les dégâts. Mais en quelques minutes le siège de mon vélo est gorgé d’eau, et mon pantalon et mes chaussures aussi. Et je n’ai plus de vêtements de rechange car je n’ai pas eu le temps de laver et sécher mes autres vêtements durant les RMLL.

Je pousse le trike sous la pluie, jusqu’à une petite rue où j’aperçois un petit hangar vide dans lequel je me rends pour m’abriter et réfléchir.

Que puis-je faire maintenant ? Je ne peux manifestement pas repartir avec des vêtements et un siège trempés. Je me demande où est la gare la plus proche, si je peux trouver quelqu’un pour m’y emmener avec tout mon matériel, et si ce dernier peut rentrer dans un TER…

J’aperçois un couple en face et je les aborde. Nous discutons et j’apprends que l’homme connaît bien Besançon, puisqu’il en revient à l’instant. En effet, il travaille sur le chantier de la gare d’Auxon.

Ils sont tous deux très sympathiques, et voyant ma situation, m’invitent à boire quelque chose de chaud. Ensuite, ils me prêtent leur salle de bains pour que je me sèche, et me donnent même un pantalon de rechange et de quoi couvrir le siège du trike, pour pouvoir repartir sans avoir les fesses et le dos trempés.

Parfois, il suffit de tomber sur les bonnes personnes au bon moment, pour que tout s’arrange…

La pluie s’est calmée et je repars. Le temps est toujours menaçant.

J’ai la surprise de croiser une 4L camionnette, bleu gendarmerie, sur laquelle j’ai le temps de lire très distinctement « Chentarmerie ». Je regrette de ne pas avoir le temps de sortir l’appareil photo.

Malheureusement, j’ai à peine parcouru 10 km quand la pluie revient. Mais cette fois j’ai la chance de passer à côté d’un terrain de foot avec un abri. Je m’y réfugie et y reste une bonne trentaine de minutes, en attendant que cela se calme à nouveau.

Lorsque cela s’arrête, je repars.

Je roule un moment sans pluie, mais elle reprend alors que je suis à une vingtaine de kilomètres de Neuf-Brisach. Cette fois, je décide de ne plus m’arrêter et j’ai raison : en effet, la pluie non plus n’est pas décidée à s’arrêter. Pendant une dizaine de kilomètres, elle sera fine et peu gênante, mais au fur et à mesure que j’approche de mon objectif, elle s’amplifie. C’est donc sous une pluie battante que j’arrive à destination.

Là, le doute succède au soulagement : l’accueil est fermé !

Heureusement, une personne qui attendait dans un camping-car m’informe que le couple de gérants sont en ville et qu’ils arrivent d’ici quelques minutes. Effectivement, c’est le cas et ils m’installent à nouveau comme un roi. Je peux me sécher et passer une bonne nuit.

J’apercevrai même le feu d’artifice de Neuf-Brisach, derrière les arbres du camping, alors que je profite d’une accalmie pour aller aux toilettes.

Conclusion :

Sans doute la seule étape, avec la toute première, qui ne fut pas agréable du tout. 80 km majoritairement sous la pluie, presque sans plaisir. Heureusement que j’ai pu tomber sur des gens sympas à Bindernheim, et que je savais que j’arriverais à Neuf-Brisach dans un endroit très accueillant.

Heureusement, ça ira mieux demain…

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