5 août. Je prends mon petit déjeûner dans la cuisine fort joliment décorée.
Il paraît que des précédents cyclistes hébergés ici l’ont prise en photo. Pourquoi pas moi ?
Je ne suis décidément pas rapide pour démarrer. Il est plus de 10 heures quand je pars. Mais au risque de me répéter, un endroit aussi accueillant ne donne pas envie de s’en aller rapidement.
Je pars avec en souvenir un petit pot de confiture de cocos.
Je redescends en direction du canal…
L’écluse est franchie. Me voici sur la véloroute.
Peu de monde.
Tiens…
… un voyageur.
Un cycliste se met à ma hauteur et me parle.
Il est rigolo, assez grossier dans son langage, répétant inlassablement qu’une véloroute pareille « qu’est-ce que c’est bien, putain ! ».
Il me raconte qu’il s’est engueulé avec sa femme ce matin et qu’il a décidé de partir à vélo et d’aller manger au restaurant.
Tout en discutant avec lui, je réalise que je suis sur un tronçon de la véloroute que je ne connaissais pas encore.
En effet, avec Quentin, nous étions arrivés à cet endroit sur un aménagement interrompu. Nous avions alors contourné le problème grâce à un chemin agréable dans les bois.
Mais c’est en terminé.
Le département a réalisé depuis le tronçon de quelques kilomètres qui ne l’était pas encore.
Et vu les travaux impressionnants de terrassement qu’il semble avoir nécessité, je ne serais pas étonné que ces quelques kilomètres aient coûté à eux seuls autant d’argent que tout le reste.
C’est très réussi, en tout cas.
Mon cycliste quitte la véloroute par un petit chemin non aménagé qui descend dans un village.
Ce chemin n’est autre que celui par lequel Quentin et moi avions retrouvé la piste cyclable après notre détour dans les bois.
Me revoici désormais sur l’aménagement que je connais déjà.
Il commence à y avoir un peu de monde : pêcheurs, promeneurs, cyclistes sportifs ou en balade…
Je m’arrête pour manger. Ce n’est pas très propre ici.
Mais je réalise que je n’ai pas lavé ma vaisselle hier soir. Comme je n’ai que de l’eau minérale, je décide de rouler un peu et de trouver de l’eau du robinet dans un village pour la faire.
Je trouve un sentier qui se faufile dans les buissons et arrive dans un village. Je prends de l’eau et repars.
Encore une ancienne voie ferrée…
Un peu plus loin, une table de pique-nique similaire à la précédente. Il y en a un certain nombre le long de la véloroute.
Je mange et repars.
Avec Quentin, malgré le détour là où un tronçon d’aménagement manquait, nous avions dépassé Épinal avant de manger, et pourtant nous étions arrivé à Nancy de nuit.
Or, je ne suis encore pas à Épinal et j’ai déjà mangé. Il faut que j’avance.
Mais il faut relativiser : à l’époque, nous étions déjà passés à l’heure d’hiver et la nuit tombait tôt. Même si j’ai une à deux heures de retard sur nos horaires de ce jour là, je devrais arriver à Nancy avant la nuit.
Progressivement, le paysage est moins sauvage.
J’approche d’Épinal.
Je franchis la jolie passerelle que nous avions déjà vue.
Ensuite, l’aménagement que nous avions connu en sable un peu boueux a désormais été bétonné.
C’est un peu moins confortable que le sable, mais moins salissant.
Je retrouve le joli pont-canal, mais ne me souviens plus trop si je devais le prendre. Je vérifie à l’aide de mon smartphone. Il faut descendre à droite, avant de le prendre, et passer dessous.
Avant de passer dessous, deux cyclistes qui me semblent Allemands me demandent « Épinal ? ».
Je leur donne la direction et précise de prendre le pont. Le tout en allemand.
Mais ce n’est qu’après être reparti que je réalise que rien ne me prouvait qu’ils étaient vraiment allemands, à part leur prononciation du mot « Épinal » et l’espèce de Hallo qu’ils m’ont dit pour me saluer.
Mais ils ont pris la direction que je leur ai indiquée. C’est l’essentiel.
Me voici le long d’un grand canal qui suit la Moselle. Devant moi, une masse…
Il s’agit d’un cycliste très chargé. J’accélère un peu pour le rattraper. Je me dis que j’ai peut-être trouvé un compagnon de voyage et je n’ai rien contre.
Nous discutons, en anglais car il est hollandais. Il me demande des informations car il ne sait pas trop s’il est dans la bonne direction.
Après consultation de sa carte et de mon smartphone, et vu l’endroit d’où il a démarré, je peux lui assurer qu’il est revenu sur ses pas depuis 30 km… Ça n’a pas l’air de l’étonner. Il me dit qu’il s’en doutait. Il fait demi-tour.
Pas de compagnon de voyage pour moi, et des kilomètres inutiles pour lui.
Je me demande quand même comment on peut se tromper aussi longtemps sans réagir… !
Je me répète. J’ai fait à peu près la même photo la dernière fois… !
Me voici à Thaon-les-Vosges, où la véloroute change de rive. Après ce changement je reconnais en face de moi la « Maison du vélo »…
Il s’agit du chalet sous les arbres. Lorsque Quentin et moi étions passés, elle était fermée. Nous avions pensé qu’il fallait passer l’été pour la trouver ouverte. Apparemment cela ne suffit pas.
Que lit-on sur ce panneau ?
On lit « Roulez au pastis ». Trois petites lettres ajoutées l’air de rien…
Un pont-canal.
Patrimoine industriel… et ferroviaire (ce qu’il en reste).
Bientôt, j’arrive au nord du département. Je vois pour la dernière fois ce panneau, qui marque chaque tronçon réservé aux cyclistes, et figure donc à chaque endroit où on croise une route…
Je roule le long de quelques plans d’eau. Je sais ce qui m’attend dans quelques mètres…
… la limite du département, et la fin de l’aménagement.
En effet, nous avions découvert avec Quentin que la véloroute s’arrêtait ici, au milieu de nulle part, simplement parce que l’on changeait de département.
Depuis octobre 2012, rien n’a changé.
À l’époque, nous avions fait le choix de remonter à gauche sur le chemin de halage. Cette fois je décide de prendre à droite, car j’ai vu qu’il existait un autre chemin. Je veux voir s’il est meilleur. De mémoire, le chemin de halage n’était pas très roulant.
Le chemin est assez correct, mais il devient rapidement ce que les VTTistes appellent un single-track : une seule trace en bon français.
Pas de problème. Ce single est plutôt roulant. Je ne regrette pas mon choix. C’est le genre de chemin que je préfère. Ça change des bandes d’enrobé de trois mètres de large.
Il débouche ensuite sur d’autres chemins de qualité variable mais acceptable.
J’ai connu pire, sur des véloroutes officielles (notamment l’Avenue Verte entre Paris et Dieppe, ou certains itinéraires anglais).
Mais tout à coup…
Je ne sais pas pourquoi c’est barré et n’ai pas envie de chercher. Je traverse le canal et vais rejoindre l’ancienne nationale qui le longe jusqu’aux abords de Nancy.
Avec Quentin, nous roulions tantôt sur celle-ci, tantôt sur les chemins de halage. Mais cela impliquait d’aller voir à chaque pont l’état de ceux-ci, et parfois cela réservait des surprises. Aujourd’hui, je n’ai pas envie de perdre du temps : je resterai sur cette route jusque là où nous avions pu rejoindre une belle voie verte menant en ville.
Dans un village, une piste cyclable éligible pour figurer dans un bêtisier.
Un BMX, un scooter, trois personnes. Le taux de remplissage n’est pas mauvais. La méthode de traction l’est moins. Ils lâcheront prise rapidement.
Tiens, un couple de voyageurs. Cela commençait à faire un moment que je n’en avais pas vu.
Le radar connaît ma vitesse.
Hmm, ennuyeux.
Un peu plus loin, deux magnifiques vélos hollandais traversent la route. Je réagis trop tard pour faire une jolie photo. Par contre, je suis, puis double, quatre autres cyclistes qui semblent se croire chez eux sur cette route au trafic important. Ils roulent de front, y compris sur des portions à trois voies avec ligne blanche.
Après les avoir doublés, j’entends qu’ils se font klaxonner derrière moi. Ils l’avaient cherché. Ce genre de comportement m’agace, car c’est à cause de cela que certains automobilistes pestent contre les cyclistes – certes, ils devraient balayer devant leur porte avant, mais ce n’est pas une raison pour leur donner des arguments.
Cavalières…
Petite pause.
Jolie église.
(Je n’aime pas les photos verticales, car il faut lancer un logiciel pour les faire pivoter et je n’ai pas que ça à faire ! Donc tant pis pour le clocher.)
Plus on approche de Nancy et plus il y a du trafic sur cette route. Mais après un pont franchissant la Moselle, je la quitte pour une rue tranquille sur ma gauche.
De là, j’attrape mon deuxième single-track de la journée.
Cela constitue un raccourci sympathique, que je n’avais pas testé avec Quentin, vers la suite de mon itinéraire.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et le sentier débouche sur une départementale, avec un peu de circulation. Nous l’avions prise, et je sais où elle mène.
Comme l’indique ce panneau…
… puis celui-ci…
… je vais croiser une très belle voie verte qu’il me suffira de prendre pour rejoindre Nancy.
Me voici dessus. De mémoire, les écluses sont nombreuses et descendantes. Je vais m’amuser.
Diantre ! Mais qu’est-ce ?
Une écluse montante, et bien raide en plus. Ma mémoire me ferait-elle défaut ?
Après une autre écluse montante, la suite est plutôt plate.
Ça y est, je me souviens ! Il y avait ces écluses montantes au début, mais ensuite il y a bel et bien une série d’écluses descendantes.
Je suis désormais lancé à bonne allure…
… juste un petit ralentissement pour éviter d’effrayer ce cheval, et c’est reparti…
Je suis tout de même dépassé par quelques voyageurs qui roulent encore plus vite que moi. J’accélère pour les suivre. Mais je me fatigue pour rien. Je les laisse partir.
Petite pause vers cette passerelle. Je vérifie mon chemin, et j’appelle Simon, un membre de Warmshowers qui doit m’héberger ce soir. Je lui annonce mon arrivée.
Tiens, à Nancy on n’échappe pas non plus aux signalisations débiles indiquant de mettre pied à terre.
Par contre, on a de très jolis aménagements comme le franchissement de ce pont.
Je quitte le canal par une belle passerelle. Direction la ville.
J’échange quelques mots avec cet homme qui roule en vélo couché électrifié. Il me dit qu’avec son assistance il est capable de parcourir 170 km en une journée. L’avantage du couché et de l’électrique réunis.
Je suis bientôt arrivé devant chez Simon, où se trouve ce vélo.
Il descend m’accueillir. Il vit au troisième étage d’un immeuble et n’a ni cave ni garage. Mais il me propose de monter mon vélo là-haut, et le fait car je n’ai pas la force nécessaire.
Je passe la soirée avec ce couple fort sympathique. L’appartement est très petit, mais accueillant et j’ai une place confortable. Nous avons beaucoup de choses intéressantes à échanger, et pas mal d’idées en commun.
Ils connaissent même Spangle, de Besançon, que certains lecteurs connaissent sans doute également…
Bilan :
110 km parcourus au compteur. C’est amusant car avec Quentin j’avais noté 100 pour la même étape. C’est vrai que j’avais la descente depuis le village en plus, ce matin, mais elle ne représentait pas 10 km à elle seule. Je ne sais pas où est le reste de la différence.
En tout cas, c’est plutôt positif. Je suis encore capable de rouler. Et ça fait du bien de le savoir.
En plus, il a fait beau. Je n’ai pas vu une seule goutte.
Jusqu’ici, tout va bien.