Lundi 4 août. Le paysage est joli. Les nuages sont bas.
Le fermier m’a incité à cueillir quelques cocos jaunes (de grosses mirabelles). Cela agrémente mon petit déjeûner.
Je remballe mes affaires. Je n’ai pas l’efficacité que j’avais l’année dernière. Il est plus de 10 heures quand je démarre.
En même temps, qui aurait envie de se sauver d’un endroit aussi accueillant ?
Je rejoins la départementale là où je l’ai quittée.
En face de moi, un chemin, et un C15. La Haute-Saône a probablement la plus forte densité de C15 de tout le pays.
Hier, Google me disait de prendre le chemin qui se trouve en face de moi. Je le tente…
Mouais. Je vais revenir sur la route.
Je croise de temps en temps un cycliste sportif.
Les villages sont paisibles. Cela donne envie d’habiter au calme…
Mis à part la petite blague de ce matin, l’itinéraire proposé par Google Maps emprunte des petites routes parfaitement adaptées à la randonnée à vélo.
Le temps oscille entre nuages, éclaircies, et parfois quelques gouttelettes.
Je croise une ancienne voie ferrée. Google me suggère de m’y engager, mais je ne suivrai pas ce conseil… En effet, voici à quoi elle ressemble :
Il y a une maison de garde-barrières inhabitée, mais ouverte et avec un toit en bon état. À vue de nez, il a été refait il y a une vingtaine d’années. J’aimerais bien trouver ce genre de bâtiment en fin d’étape, lorsque je ne sais pas où dormir.
Les pièces ne sont vraiment pas grandes. Ce n’était pas fait pour les familles nombreuses. Mais cela pourrait faire une jolie habitation pour un couple sans enfants.
On voit clairement que cela a été refait. C’est étonnant que ça soit ainsi abandonné.
Je continue ma route.
Je recroise l’ancienne voie ferrée…
Quel blagueur ce Google.
J’arrive dans un village avec une épicerie.
J’achète du gaz pour mon réchaud, car je ne m’en suis pas servi depuis mon voyage à Strasbourg en 2011 et il s’est vidé depuis. J’achète aussi à manger.
Mais il n’est pas encore l’heure. Je continue ma route.
Sur les murs, quelques anciennes plaques Michelin…
… remarquez aussi que quand je parle de forte densité de C15, je ne blague pas !
Je longe à nouveau l’ancienne voie ferrée avant de la traverser pour ne plus la revoir.
Il y a un peu de trafic et quelques camions sur ce bout de route, mais je n’y reste pas longtemps.
Me revoici sur une route tranquille.
Il y a parfois un cycliste.
L’église de ce village sera le lieu de ma pause repas du jour. Les pâtes chauffent sur le réchaud.
Je mange tranquillement puis repars.
À la sortie d’un village, un chemin tranquille mais goudronné m’envoie dans la forêt. C’est agréable.
Mais tout à coup…
Le revêtement s’est arrêté. Et après une centaine de mètres sur l’herbe il n’y a plus de chemin du tout. Nous sommes à la limite entre les Vosges et la Haute-Saône.
Pourtant, sur Google Maps, le chemin est parfaitement continu. Troisième blague du jour.
Me voici à pied dans les bois. Je devine un reste de chemin…
Quelques dizaines de mètres plus loin, c’est praticable. Je vais rechercher mon vélo et le pousse jusque là. Je vois la sortie du bois et une ferme toute proche.
À partir de la ferme, le goudron est de retour.
Bonjour, vous… !
Je croise un peu plus loin les agriculteurs à qui je signale les bêtes échappées. Ils vont les rentrer.
Me voici bientôt sur une petite départementale. Fontenoy n’est plus très loin.
S’amorce alors une belle descente.
Me voici dans la rue en pavés anciens que j’avais particulièrement appréciée lorsque j’étais passé avec Quentin. Arrivent en face de moi deux voyageurs. Ce sont les premiers que je croise depuis mon départ de Besançon. Je suis en effet arrivé, même si ça ne se voit pas, sur l’itinéraire de la Véloroute que je vais suivre jusqu’au Luxembourg.
De leur côté, je ne sais pas où ils vont mais ils sont arrivés au bout de la partie aménagée.
Enfin, c’est ce que je crois à ce moment là…
En effet, avec Quentin, nous étions entrés dans les Vosges en suivant un chemin de halage puis une petite route qui montait, avant de redescendre sur Fontenoy où nous avions trouvé la véloroute aménagée.
Mais j’apprendrai plus tard que le département des Vosges a, depuis, aménagé les deux ou trois kilomètres manquants entre Fontenoy et la Haute-Saône.
Si je l’avais su avant, j’aurais modifié mon itinéraire pour aller voir, car je ne vais pas reprendre cette véloroute de sitôt et ne vais pas retourner là-bas juste pour visiter trois kilomètres de voie verte…
Tant pis. J’irai voir lorsque la Haute-Saône se sera décidée à aménager entre Port-sur-Saône et les Vosges.
Si vous visitez Fontenoy (un village qui vaut le coup de l’être), jetez un œil aux citations qui agrémentent l’ensemble des rues.
Je sors du village par une montée bien raide…
… mais très courte car voici bientôt le chemin de halage aménagé.
Me voici sur la belle véloroute que j’avais découverte avec Quentin il y a presque deux ans.
Une voie verte en enrobé au bord d’un canal… le paysage classique des voyages à vélo. Celui que j’ai pu trouver aussi bien en France qu’en Allemagne, en Angleterre ou aux Pays-Bas.
Je ne verrai pas d’autres voyageurs à vélo, mais quelques cyclistes sportifs.
Cette véloroute est très clairement moins fréquentée que notre Eurovéloroute 6. Il y a une quinzaine de jours, je l’ai prise pour aller chez mes parents. Je croisais des voyageurs tous les deux ou trois kilomètres, sans parler des autres usagers (promeneurs à pied, cyclistes sportifs ou en balade, rollers…). Et pourtant, la météo n’était pas meilleure qu’aujourd’hui.
Faire un bel aménagement, c’est bien. Mais maintenant, il faut le faire connaître. Et il faut demander à la Haute-Saône d’assurer la continuité… ainsi qu’à la Meurthe-et-Moselle comme nous le verrons plus loin.
Tout à coup, un orage arrive.
Il pleut à torrents… et je m’en fiche royalement.
Ma nouvelle cape de pluie est véritablement efficace et l’étanchéité de mes sacoches Ortlieb n’est plus à prouver. Quant à ma tente et mon lit de camping, ils sont bien protégés : j’ai pris pour cela la housse des sacoches Lidl avec lesquelles je partais avant, ce qui les protège de la pluie, et j’ai mis en dessous ma bâche, soigneusement repliée, ce qui les protège des éclaboussures.
Je suis content d’être ici !
Bientôt, le soleil revient et le sol mouillé brille.
Je reconnais bientôt l’écluse de Harsault, et le chemin qui mène au village. Je l’emprunte.
En effet, j’ai trouvé pour ce soir un hébergement dans ce village, grâce au site Warmshowers.
Chose amusante, c’est dans ce même village que Quentin et moi avions dormi en partant à Nancy, et je vais donc passer juste devant la maison de la dame qui nous avait offert l’hospitalité lorsque nous avions frappé à sa porte.
J’aperçois déjà la maison… Coucou les biquettes.
Je ne me souvenais pas qu’il y en avait trois.
Je ne vais pas passer là sans m’arrêter. Je le regretterais.
Je frappe à la porte.
C’est sa fille qui m’ouvre. Elle se souvient de moi. La dame arrive et se souvient aussi.
Elle me dit qu’elle avait bien reçu la carte que Quentin avait créée avec des photos de notre voyage et lui avait envoyée – ainsi qu’aux chasseurs qui nous avaient hébergés la veille.
Il y a de la nouveauté, ici. La jeune fille est désormais maman. On me présente le bébé. Et les trois biquettes, c’est aussi une nouveauté. Il n’y en avait qu’une quand nous étions passés. Ce n’est pas ma mémoire qui me faisait défaut.
Je suis content de m’être arrêté, et cela semble leur avoir fait plaisir également. Mais je vais reprendre ma route car si je dors dans la même commune ce n’est pas au même endroit.
Entre cette ancienne cité ouvrière et le village principal, il faut monter les quelques kilomètres d’une départementale.
C’est rapidement fait, et j’arrive chez les gens qui m’accueillent ce soir.
C’est une jeune homme prénommé Clément qui est inscrit sur Warmshowers, mais il m’a prévenu : ici, c’est chez ses parents. Lui n’y est que pendant les vacances, et il ne sera pas là avant ce soir.
C’est donc sa maman qui m’accueille. Elle est très sympathique.
L’ambiance ressemble à chez mes parents : une maison dans un village, un jardin, une maman qui fait des confitures elle-même… avec un petit côté écolo en plus qui ne me déplaît pas.
Comme chez mes parents, je n’ai pas de réseau sur mon téléphone mobile (c’était déjà le cas hier). C’est la vraie campagne. Et la connexion ADSL et aussi rapide que celle de mes parents – mais ce n’est pas du RTC, c’est déjà ça. Elle me suffit largement à lire mes messages sur Warmshowers. J’ai des réponses aux demandes envoyées avant mon départ, et sais donc où je dormirai demain à Nancy et après-demain près de Metz.
Le soir, nous mangeons ensemble. Il y a des pâtes au menu, car c’est un des seuls aliments que je sois sûr de digérer.
J’ai un nouvel ami qui me grimpe dessus pendant que je brosse mes dents. Il est venu là tout seul.
Clément m’a laissé sa chambre et campe dans la grange. Cool et amusant. Je m’endors confortablement.
Bilan :
50 km parcourus aujourd’hui, ce qui explique que je sois arrivé très tôt chez mes hôtes d’un soir.
Mais c’était fait exprès. Sachant que demain j’ai une étape d’environ 100 km, ce qui est long vu ma forme, j’ai souhaité avancer le plus possible hier soir et me ménager aujourd’hui.
Par ailleurs, n’ayant pas eu accès à internet hier, et ayant envoyé beaucoup de messages sur Warmshowers avant mon départ, il était important que je puisse y passer un peu de temps ce soir pour répondre à tout le monde et savoir où j’allais dormir.
Objectif réussi.
Et en plus, je suis vraiment tombé chez des gens super agréables. J’ai envie de garder contact avec eux.