Étape 1 – Besançon – Chemilly

Octobre 2012. L’été est fini, et j’ai repris le travail depuis deux mois. Mais pourtant, les températures estivales sont encore là.

Cette année, j’ai fait deux voyages à vélo : un en juillet, en partie avec Ai, et un en août jusqu’à Tübingen avec neuf autres personnes de Vélocampus.

Alors quand nous apprenons que les rencontres du réseau l’Heureux-Cyclage, auquel Vélocampus adhère, se tiennent à Nancy, je décide tout naturellement d’y aller à vélo. Et cela tombe bien : Quentin, un membre actif de l’association, est partant pour m’y accompagner.

Une semaine de congés posée, un été qui traîne, et un trajet relativement facile et court, qui me permettra d’explorer un bout de la véloroute du Téméraire : voilà un programme qui s’annonce plutôt bien.

Mais la vie des voyageurs à vélo est pleine de surprises, et à mesure que la date approche beaucoup de gens nous préviennent : D’après la météo, le mauvais temps revient ce week-end.

Tant pis.

On a dit qu’on partait. On ne va pas renoncer !

On n’est quand même pas encore en hiver… J’étais en t-shirt toute la semaine au travail !

Mais le jour J, samedi 27 octobre, il faut bien reconnaître qu’il ne fait vraiment pas beau.

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Quentin m’a rejoint chez moi, équipé pour la pluie…

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Et moi, j’ai mis une vieille polaire et pris mon poncho et un vieil imperméable.

Nous démarrons.

Je ne prendrai aucune photo durant l’étape, car c’est un trajet que je connais déjà pour l’avoir parcouru au printemps.

Toutes les photos sont donc de Quentin, à part la toute première.

Nous démarrons par la rue de Belfort et rejoignons Chailluz par le Chemin de Palente et le chemin du Serpent. Dans la forêt, nous suivons le poétique Chemin du Cul-des-Prés, qui nous amène sur le Chemin du Roi, à Thise.

Celui-ci constitue le début d’un itinéraire cyclable réalisé par le Grand Besançon, jusqu’à Braillans. Une alternative, un peu moins directe mais bien plus agréable, à la RD 486 très fréquentée.

Très vite, de fines gouttelettes commencent à tomber et je dois revêtir mon poncho.

À partir de Braillans, des bandes cyclables existent sur la RD. Elles mènent jusque vers Marchaux, village que les cyclistes peuvent rejoindre grâce à un bout d’ancienne route devenue piste cyclable.

Après Marchaux, on retrouve à nouveau des bandes cyclables sur la route jusqu’à Chaudefontaine.

Ensuite, on n’a guère le choix : il faut circuler sur la départementale pendant un peu plus de deux kilomètres. Heureusement, le trafic est beaucoup moins important une fois qu’on a dépassé Marchaux, l’entrée de l’autoroute et Chaudefontaine.

Après cela, nous suivons un itinéraire que j’ai élaboré et testé au printemps, consistant à s’éloigner de la RD vers l’est, pour la retraverser à Rignosot, puis suivre de petites départementales à travers les villages du Doubs puis de la Haute-Saône : Germondans, Blarians, Beaumotte-Albertans, Cenans et Loulans-Verchamp.

C’est un itinéraire agréable : peu de circulation et un joli paysage.

Nous croisons régulièrement des véhicules arrêtés au bord de la route, et des panneaux indiquant qu’une chasse est en cours. Nous plaisantons au sujet des chasseurs

« Un bon chasseur, il voit un truc qui bouge… »

Nous nous arrêtons dans une petite épicerie à Loulans, et effectuons quelques courses.

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Nous pique-niquons dehors, ce qui est habituel en voyage à vélo mais peu agréable aujourd’hui : en effet, il fait vraiment froid. Un froid pas vraiment gênant pour rouler, mais extrêmement désagréable pour manger.

Nous repartons donc sans trop tarder.

Mais avant de quitter le village je veux montrer à Quentin un endroit incroyable : une ferme dans laquelle un monsieur a entassé plusieurs dizaines de tracteurs anciens, et tout un tas de matériel ancien divers et varié : vélos, fourneaux, machines agricoles…

Nous nous arrêtons, mais sa femme nous indique que notre collectionneur n’est pas là. Je profite néanmoins de la chaleur de la cuisine pour changer mon t-shirt. Quand il fait froid, on se couvre, mais ainsi on transpire plus et dès qu’on s’arrête on a froid…

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Nous repartons.

Après Loulans, c’est Ormenans, puis Roche-sur-Linotte et enfin Fontenois-lez-Montbozon.

Fontenois, où démarre une voie verte en enrobé lisse, réalisée sur l’ancienne voie ferrée Besançon – Vesoul, et qui nous mènera donc au cœur de la capitale de la Haute-Saône. Elle porte le nom de Chemin Vert.

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C’est l’occasion d’apprécier l’ancien patrimoine architectural ferroviaire (anciennes gares, maisons de gardes-barrières…), la plupart du temps reconverti en maisons d’habitation.

La pluie fine de ce matin ne s’est pas arrêtée, mais elle s’est muée en flocons ! Hier encore, j’étais en t-shirt au boulot, et aujourd’hui on se prend des flocons ! Il faut se rendre à l’évidence : cette année, nous sommes passés de l’été à l’hiver en une seule nuit. Et c’était la nuit dernière.

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Heureusement, mon poncho me protège efficacement contre ces fins flocons qui ne tiennent pas au sol mais suffiraient sans doute à me congeler les doigts.

Le Chemin Vert se termine par une belle descente sur Vesoul. Là, je connais un raccourci empruntant un chemin non revêtu nous menant directement au centre-ville.

Nous nous interrogeons : cherchons nous un hôtel sur Vesoul, ou pédalons nous encore un peu ?

En effet, pas question de camper en cette saison et par ce temps. Nous n’avons d’ailleurs pas pris de tente.

Nous décidons de pédaler encore un peu, et de chercher un endroit où dormir dans un village. Dans les villages ruraux, il y a de l’espace, et il doit bien être possible de dormir dans une grange ou une chambre d’amis…

Nous rejoignons donc le lac de Vaivre où démarre une petite voie verte qui s’appelle la Trace du Courlis. Celle-ci relie Vesoul à la Saône, et donc à la véloroute des Rives de Saône.

Elle commence par suivre le Vélorail. Elle s’en éloigne ensuite et on serpente à travers champs. C’est plat et agréable.

Elle s’interrompt un petit coup : il faut regagner la chaussée pour passer un pont au dessus du Durgeon. Nous sommes dans le village de Chemilly.

Il commence à se faire tard et la nuit va bientôt arriver. Nous décidons de demander l’hospitalité dans ce village.

Nous frappons à une maison, puis deux, puis trois… Les réactions sont diverses, mais souvent ça commence par un peu de méfiance, qui se change en compassion en réalisant que nous sommes à vélo dans le froid.

Malheureusement, la réponse est toujours non. En général, on nous conseille une autre maison, comme pour se donner bonne conscience avant de refermer la porte.

Ces gens ont tous des maisons avec le double de surface de nos appartements, mais « pas la place » de nous accueillir.

Trouverons-nous une solution ? Il fait froid, et la nuit est en train de tomber. Faudra-t-il rebrousser chemin et finir par chercher un hôtel à Vesoul ? Était-ce une bonne idée de compter sur l’hospitalité des villageois ?

Je repense à mes parents qui avaient accueilli des cyclistes Belges il y a quelques temps. Elles cherchaient, comme nous, l’hospitalité dans les villages. Ils les avaient accueillies en pensant à moi qui voyage de la même façon… Je me disais que le même scénario serait possible ici.

Nous sonnons à une maison qu’on vient de nous indiquer.

Réponse négative, et aussi glaciale que l’air que nous respirons.

Nous nous éloignons en nous disant que c’était la pire maison du village, quand soudain…

« Attendez ! »

Derrière nous, une fenêtre s’est réouverte.

« J’ai peut-être une solution. Une cabane de chasseurs, ça vous va ? ».

Quelques secondes plus tard, nous suivons dans la nuit noire une vieille 205, de celles qui font, avec le chien, le fusil, et la bouteille de mirabelle, partie intégrante de la panoplie du chasseur Haut-Saônois.

Il fait nuit noire lorsque nous arrivons, après quelques centaines de mètres, dans un chemin à l’écart du village où se trouve notre gîte du soir.

Il y a le poêle, le bois pour l’alimenter, une table, des chaises, et la place pour étendre nos sacs de couchage.

Que demander de plus ? Un apéro ?

Pas besoin de demander : notre hôte a déjà sorti le whisy de derrière le fourneau.

Une douce chaleur remplit rapidement la pièce.

L’homme est très sympathique, et bien différent de la première impression qu’il nous avait donnée. Il nous explique que sa femme est malade, et que c’est la raison pour laquelle il n’avait pas envie de nous accueillir. Mais il semble bien content de nous avoir dépannés, et d’avoir trouvé par la même occasion quelqu’un avec qui discuter et boire un coup.

Après son départ, nous mangeons et regardons quelques photos sur l’ordinateur de Quentin.

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Qu’il fait bon, dans cette cabane…

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Même mon vélo dort à l’intérieur. Quentin a préfé laisser le sien dehors (mais à l’abri).

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Nous nous couchons sans trop tarder, car nous avons été prévenus : demain matin, c’est dimanche, donc jour de chasse, et il ne sera pas question de faire la grasse matinée ici !

Bilan :

73 km parcourus pour atteindre la Véloroute du Téméraire (qui n’est plus qu’à quelques centaines de mètres de nous) depuis Besançon.

Une expérience assez inhabituelle. En effet, si nous circulons en ville à vélo, et même parfois en balade, quelle que soit la saison, nous ne voyagons habituellement que l’été.

Et si le froid, la pluie, et même les flocons, ne sont pas vraiment gênants pour rouler à vélo, ils compliquent les arrêts. Le repas de midi dans le froid a été plutôt désagréable, et cela n’a pas été simple de trouver où dormir.

Mais au final, nous avons trouvé l’endroit parfait, et ceci grâce à ceux dont nous nous sommes moqués toute la journée : les chasseurs ! Ironie du sort.

Ce petit voyage commence bien.

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