6h15 !
C’est l’heure à laquelle je me réveille spontanément, aussi incroyable que cela puisse paraître.
Je mange, m’habille, et lorsque je sors de ma tente Judith est évidemment déjà dehors.
Nous remballons. Elle n’aura pas besoin de m’attendre.
C’est parti.
La sortie de Dole est agréable, principalement en site propre et en enrobé lisse. Depuis Étrepigney, je découvre la véloroute.
Arrive l’usine de Solvay où le passage sur le chemin de halage, en bel enrobé lisse, est interdit pour des raisons de sécurité.
Il faut donc prendre la route, plutôt bien jalonnée.
On voit un serpent mort sur celle-ci, ce qui est sans conséquence en l’absence de Ai.
Retour au chemin de halage. Dommage d’avoir laissé de telles bordures inconfortables sur la véloroute. Plus drôle que gênante est l’inversion du sens des logos.
Et il y a aussi un drôle de fléchage au sol…
Nous changeons de région et de département. Nous voici en Côte d’Or et donc en Bourgogne.
En Bourgogne, on est moins riches (ou plus radins ?) qu’en France-Comté. L’enrobé lisse fait place à un revêtement plus ancien et moins confortable. Ça reste acceptable, tout de même.
Saint-Jean-de-Losne.
L’itinéraire se poursuit sur les chemins de halage.
Ici, l’itinéraire porte sur les panneaux le nom de Voie Bleue. Il n’y a pas le logo de l’Eurovéloroute 6 ce qui est selon moi une grosse erreur : un jalonnement bien fait devrait permettre à un voyageur à vélo, quelle que soit sa nationalité, de suivre un itinéraire facilement. C’est le cas sur la partie Suisse de l’Eurovéloroute 6, mais aussi dans le Doubs, ce qu’il faut souligner.
Tout à coup, surprise…
Nous sommes à Pagny-la-Ville.
J’ai avec moi le guide Chamina « L’Eurovélo 6 de Bâle à Nevers ». Je l’avais acheté alors que je visitais cette dernière à l’occasion d’une correspondance un peu longue entre deux TER.
Il m’indique de prendre direction Lechâtelet. On rejoint la route qui y mène via la rue de l’église et la rue Truchot. Comme ça, vous le saurez.
Judith me demande pourquoi il faut tout à coup faire la navigation nous-mêmes sur les routes alors que jusqu’ici l’itinéraire était simple et balisé. Je lui explique un peu comment ça se passe en France. On réalise des itinéraires de très bonne qualité (enrobé lisse…), mais c’est tout ou rien. Là où ceux-ci ne sont pas encore faits, il n’est pas rare que ça s’arrête subitement et qu’il faille alors se débrouiller tout seul. Enfin, ça dépend des endroits…
« Franzosen! », répond-elle.
Ça me rappelle les « Ils sont fous ces Français ! » de mon Suisse de l’année dernière. Je lui raconte.
Petite hésitation à Labruyère. Je préfèrerais rejoindre le chemin de halage où passera l’itinéraire officiel, tandis que Judith commence à manquer d’énergie et préfèrerais la route plus directe.
Je lui propose une pause qu’elle accepte bien volontiers, dans un petit terrain tranquille en face d’une borne Michelin. Je crois que c’est la première fois que j’en vois une vraie, à sa place, au bord de la route.
Après avoir repris de l’énergie, elle est d’accord pour le chemin de halage. Nous le rejoignons par un petit chemin agréable en stabilisé.
À partir de là, nous aurons très souvent un fort vent de face, à tel point que je lui propose, de prendre des relais. Cela lui plaît.
Juste à côté de Verdun-sur-le-Doubs, nous trouvons une jolie île accessible par une passerelle. Pause repas.
On demande de l’eau à quelqu’un, puis on repart.
L’itinéraire continue, principalement sur des chemins de halage toujours en dur, mais pas très roulants.
Tout à coup, route barrée…
… et déviation.
L’aspect de la déviation nous fait plutôt rire. J’ai déjà expliqué à Judith que quand une véloroute était barrée en France, il fallait quand même aller voir. Elle y va.
Ça passe. C’est juste un affaissement sur la moitié de la largeur.
Le plus dur sera en fait de ressortir en évitant ces barrières trop bien fixées. Je manque de tomber en passant mon vélo chargé au dessus du talus. Judith est plus prudente et a décroché ses sacoches.
L’itinéraire, bien jalonné, se poursuit sur le chemin le long de l’eau puis au milieu des champs. Il y a peu d’ombre et le Soleil tape fort. Les quelques passages avec des arbres sont les bienvenus.
Le vent a le mérite de rendre l’air moins chaud, mais malheureusement nous l’avons toujours de face.
Tout à coup, un panneau nous envoie dans les allées d’un parc mais c’est un cul-de-sac. Bizarre.
Je sais que l’entrée dans Chalon, où nous allons arriver, se fait par la route principale. Plutôt que de chercher d’hypothétiques nouveaux panneaux, nous la rejoignons.
Judith veut aller à l’Office du Tourisme. Nous le trouvons, non sans mal, après avoir suivi des zones de chantier, des pistes cyclables biscornues, et les indications erronnées des passants qui nous envoient tous vers un ancien office devenu espace internet depuis 10 ans… La personne à l’accueil de celui-ci, qui semble avoir l’habitude, m’indique la bonne adresse.
Judith a tous les détails nécessaires pour rejoindre la voie verte, sur laquelle elle parcourera 50 km jusqu’à Taizé. Elle souhaitait arriver dans la journée du samedi, ce qui sera donc facile. Elle me dit qu’elle va encore rouler un peu ce soir, puis camper dans la nature et terminer les derniers kilomètres demain matin.
Je récupère une carte cyclable de la Bourgogne.
Nous allons ensuite boire un coup en ville.
Quelques courses sont effectuées dans un magasin. Nous profitons d’être encore ensemble, ce qui permet comme hier à Dole, d’y aller chacun son tour pendant que l’autre surveille les vélos…
Ensuite, on se dit au revoir, je note son adresse mail et nous nous quittons, non sans avoir exprimé tous les deux à quel point nous étions contents de rouler ensemble.
Je m’étais dit qu’il était peut-être dommage de ne pas partir vers l’Allemagne, pour une fois, alors que je commence justement à en maîtriser la langue. Mais finalement, je n’aurai jamais autant parlé Allemand que durant ces deux jours. J’en suis ravi.
Direction plein Nord pour moi pour attraper la suite de l’Eurovéloroute 6.
Il n’y a aucun jalonnement, et les pistes cyclables ne sont pas très nombreuses. La seule rue qui en est équipée est en chantier, rendant la bande impraticable dans mon sens.
La voie verte démarre le long d’un ancien canal, dans une impasse tranquille mais perdue près d’une zone commerciale et de grands axes routiers…
C’est le retour de l’enrobé lisse, et c’est donc très roulant. J’avance efficacement.
Après une vingtaine de kilomètres, j’approche de la commune de Chagny.
Premier pont-canal de ce voyage.
Je choisis de m’arrêter au camping de Chagny. Il est sympa et il y a un bar-pizzéria à l’entrée.
Je parle anglais pour la première fois du voyage pour brancher mon électricité chez mes voisins Néérlandais.
Cela fait longtemps que, dans les campings, je ne demande plus l’accès électrique (payant) mais me débrouille toujours avec ma rallonge de 10m pour l’avoir.
En fait, je n’utilise l’électricité que pour recharger mon téléphone ou des batteries, chose qu’on peut toujours faire gratuitement aux accueils ou aux sanitaires. Mais je préfère le faire dans ma tente pour des raisons pratiques.
Bilan :
Je me retrouve seul après avoir roulé deux jours avec Judith qui était vraiment sympathique et dont la rencontre fut la première bonne surprise de ce voyage.
J’espère rencontrer d’autres personnes par la suite. C’est très agréable de rouler quelques jours avec des gens qu’on ne connaissait pas avant.
124 km parcourus aujourd’hui, malgré le vent de face, les deux pauses du matin, et un arrêt de plus d’une heure à Chalon (office du tourisme, bar, courses…). Cela confirme à quel point Judith avait raison de vouloir démarrer tôt. Ça me rappelle aussi le retour de mon premier voyage avec Ai : en démarrant tôt le matin, nous avions roulé de l’Alsace à Besançon, soient 140 km en une seule journée, malgré plusieurs pauses également.
je suis scotché!je pourrais pas faire autant de km en une journée a vélo!!!
En es-tu sûr ? Ce n’est pas si difficile en partant tôt.
J’ai un copain qui a fait 200 km en une journée hier (mais en vélo de course sans chargement).
Adrien qui se lève tôt… première surprise de ce voyage !!!
Je rigole mais je sui très fière de Mon Grand !!!
Voilà un commentaire qui fait plaisir.
J’adore lire tes romans !
Je connaissais bien l’EV6 comme je suis allé à l’Atlantique. Par contre, l’EV6 semble avoir bien changé depuis le temps ! Je ne reconnais plus forcément les passages.
Partir tôt est une très bonne idée !
L’année dernière, départ 7h de Baume, arrivé à 19h00 au bout du Lac Léman après Montreux : 170 km avec une remorque et le matériel de camping
J’avoue que je suis admiratif car comme je te l’ai déjà dit je n’arrive pas à comprendre comment on peut faire 170 km avec une remorque sur un terrain qui est loin d’être plat.
Sur du plat, en roulant 12 heures, ça me paraît faisable. Mais pour aller de Baume à Montreux il y a des cols, non ?
C’était une remorque monoroue ?