Mercredi 28 août.
Je quitte la camping de Köln où j’ai bien dormi. Alors que je remplis mes bouteilles d’eau (de Cologne, donc), un autre campeur discute avec moi.
Il est cycliste et me dit qu’à un moment il vaut mieux que je change de rive à nouveau, en prenant un ferry, car sinon c’est compliqué.
Pour l’instant, je reste sur la rive où se trouvait le camping, c’est à dire la gauche dans mon sens, la droite dans celui du courant.
Encore une chicane stupide… J’en aurai vu trois sur toutes mes étapes Allemandes, donc ça reste assez peu répandu.
Un point de fermeture des digues en cas de besoin.
Tiens, un collègue. Il a les mêmes sacoches arrières que moi, mais un vélo électrique et une chaîne en bon état, alors il me sème. Pour ma part, je fais toujours du 19 km/h maximum sur le plat…
Un panneau est bizarrement placé. Je me retrouve sur ce chemin que j’aime bien mais qui me paraît étonnant pour une véloroute.
Vérification sur le GPS (qui, pour une fois, prend bien son temps pour me positionner) : ce n’est pas la bonne direction. Demi-tour… Un ou deux kilomètres pour rien.
Revenu sur le bon chemin, j’arrive à un petit affluent du Rhin qu’il faut franchir avec un ferry. Un de plus.
J’aurai connu toutes sortes de ferry durant ce voyage ! Entre les ferrys luxueux sur la mer, plus grands que des châteaux, et celui-ci… Il n’est même pas motorisé ! Il faut le faire avancer avec une grande perche.
C’est un vieux monsieur qui s’en charge et je suis un peu inquiêt pour lui car il a l’air vraiment âgé. Avant de démarrer, il est allé chercher quelque chose dans une petite cabane en marchant à petits pas très lents…
Il y a un pont au dessus de nous. Je suis étonné que celui-ci ne soit pas muni d’une piste cyclable – c’est généralement le cas en Allemagne – et qu’il faille prendre ce ferry.
Je m’étonne aussi qu’il ne m’ait pas demandé d’argent. Mais c’est après avoir accosté, quand je viens vers lui pour lui demander, qu’il me dit « ein Euro » avant que je ne demande. Je paie et reprends mon vélo.
D’autres voyageurs sont arrivés dans l’autre sens pour traverser.
J’avance et la piste arrive justement à hauteur de la route qui vient du pont. Et je découvre qu’elle est munie d’une piste cyclable ! Je ne comprends pas la logique, dans ce cas, de faire passer par le ferry. C’est juste pour le côté folklorique ?
Je vois un ferry. Je repense aux conseils du cycliste de ce matin, mais je n’ai pas envie de prendre encore un ferry. J’avance.
Sur les cartes au bord de la route, la véloroute a l’air bien continue de mon côté aussi.
Enrobé large et lisse pour les piétons et pavés pour les cyclistes ? C’est un peu le monde à l’envers.
Vers midi, j’arrive aux abords d’une petite ville dont je ne trouve pas le centre ! Je regarde sur ma carte et prends la direction de celle d’à côté.
Ici, je trouve le centre. Je n’ai pas besoin de grand chose. Juste du pain. J’ai assez à manger dans mes sacoches.
Je trouve une boulangerie ou je prends un bretzel et du pain, et en face de laquelle il y a un banc pour m’assoir et manger. En plus, il y a un wifi ouvert dans le coin. Parfait.
Tout à coup, je découvre qu’au bord de l’eau il y a la route et la voie ferrée, et que la véloroute passe de l’autre côté de cette dernière. Et ici, il commence à y avoir un peu de relief. La vallée du Rhin se dessine peu à peu.
Il faut donc monter un véritable raidillon. Mais très court, heureusement.
En haut, il y a les vestiges (tunnel et pont) d’une ancienne voie ferrée. C’est assez impressionnant.
Le tunnel est devenu un théâtre.
Descente aussi raide que la montée.
Il faut plusieurs fois monter, redescendre, passer sur et sous la voie ferrée. Je comprends pourquoi c’était plus compliqué de ce côté selon mon cycliste de ce matin. Mais d’un autre côté, c’est moins ennuyeux que des digues toutes plates. C’est plus beau.
Encore un ferry mais je reste sur cette rive.
Un accordéoniste dans un passage souterrain. Il joue un air traditionnel sympa, mais pendant que je regarde les panneaux il passe à « la Danse des Canards ». Je me demande s’il sait vraiment ce que c’est !
Cette étape est beaucoup plus belle que les précédentes au niveau du paysage et du patrimoine.
Encore un ferry mais je reste toujours de ce côté.
Marquage au sol pour séparer les cyclistes de la véloroute et les véhicules prenant le ferry.
Soudain, on passe dans un chantier.
Et dans celui-ci, je trouve un panneau qui me fait passer sour la voie ferrée et tomber sur… ça !
Il vaut mieux ne pas se rater si on ne veut pas finir dans l’eau.
C’est écrit absteigen (pied à terre) et pour un coup c’est justifié.
On ressort bientôt de ce passage étonnant mais pas désagréable.
Je remonte dans les vignes et retrouve une chaussée plus classique.
Je regarde ce panneau et découvre qu’il était bien spécifié de ne pas prendre le tronçon que je viens de prendre. Je crois qu’il y en avait un aussi de l’autre côté, mais je ne l’ai pas regardé en croyant que c’était juste un panneau d’info.
Mais je ne regrette rien. Il était original, mais sympa, ce tronçon.
Tiens. Ça parle de la véloroute de la Moselle. En effet, celle-ci rejoint la véloroute du Rhin à Koblenz, là où la rivière se jette dans le fleuve.
J’avais envisagé de la suivre plutôt que de suivre celle du Rhin, mais en regardant sur une carte ça ne m’amenait pas en France plus vite alors j’avais abandonné l’idée.
Et aujourd’hui, j’ai pris une décision : même si cette étape me plaît, j’en ai marre de pédaler avec cette chaîne qui m’empêche d’aller vite. Donc demain, je vais prendre le train pour aller à Strasbourg.
J’ai déjà contacté Olivier, un ami qui vit là-bas et qui s’était déjà proposé pour m’héberger.
Un pont me ramène sur l’autre rive du Rhin. Je n’aurai pas pris de nouveau ferry.
Quelques courses pour ce soir.
Je me suis éloigné de la véloroute sans vraiment le faire exprès, mais sans chercher non plus à faire demi-tour car la route que je suis semble mener assez facilement à Koblenz.
Sauf qu’elle ne sera pas bordée d’une piste cyclable en permanence et qu’il faudra que je cherche un peu ma route…
Il y a plein d’arbres fruitiers. Je cueille quelques pruneaux.
Je finis par devoir prendre une montée qui m’amène aux vestiges d’une maison Romaine.
Je finis par arriver sur une route qui descend directement à Koblenz.
Un wifi me permet de repérer le camping. Le cycliste de ce matin m’avait dit qu’il y en avait un.
Par contre, je perdrai du temps à tenter de contourner un échangeur routier qui semble interdit aux vélos. C’est quand je me décide à m’y engager quand même que je comprends que seule une des directions – celle d’une autoroute – est interdite. Celle du camping passe par des rues d’importance raisonnable.
Me voici au camping.
Pour la première fois depuis que je suis en Allemagne, quelqu’un me parle en anglais. Je comprends mieux pourquoi lorsqu’il me dit qu’il est Américain. Il me pose des questions sur mon voyage et trouve ça cool.
Je monte ma tente non loin de ces deux voyageurs qui ont un sacré bazar avec eux ! J’ai trouvé pire que moi, là…
J’entends aussi parler français pour la première fois depuis que je suis dans ce pays. Ce sont deux cyclistes de Mulhouse, dont un qui est originaire de Dole, avec qui je discute un peu. Ce dernier connaît bien Besançon.
Je ne suis pas content car je n’ai pas trouvé de prises électriques pour recharger mon téléphone. Mais j’ai ma batterie USB qui est chargée et mon câble jaune qui est à peu près utilisable.
Bilan :
Une étape et 100 km de plus. J’ai la sensation d’arriver dans une des plus belles parties de la véloroute du Rhin, et c’est ce que me confirment les deux Alsaciens qui viennent justement de la parcourir.
À chaque voyage, à part Genève, j’ai pris un petit bout de la véloroute du Rhin, et je vais finir un jour par la connaître sur toute sa longueur…
J’en suis donc à 2200 km, 8 ferries, 2 trains, 4 pays, 3 capitales, 2 crevaisons.