Étape 24 : Amsterdam – Nijkerk

Samedi 24 août.

Je n’ai pas encore décidé si je restais une journée de plus ici pour aller au festival ce soir ou répondre à l’invitation des franc-comtois du camping…

Pour l’heure, Ai doit prendre son train. Nous remballons et prenons la direction de la ville, par le bois. Nous arrivons en avance.

Elle disparaît dans la gare. Je reprends la direction de la ville.

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Moi voici tout seul. Que faire ?

Je repasse au Hema. Je fais des courses. J’achète une petite sonnette et une décoration de guidon qui plaisaient bien à Ai. Je prends aussi la grosse sonnette jaune pour moi.

Ensuite il est temps de prendre une décision.

Si l’idée d’aller au festival me plaît, elle signifie aussi réinstaller la tente au camping. Nous avons dû tout démonter ce matin pour récupérer le passeport de Ai, gardé comme garantie (c’est légal, ça ?). Et je n’ai aucune envie de leur laisser ma pièce d’identité…

Sinon, je peux aussi aller au camping de Quentin, moins loin (mais loin du festival). Ou encore passer la journée avec mes affaires.

Et il est tout de même assez problable que le festival soit complet et cher (et visiblement, j’ai raison sur ces deux points). Et je n’ai pas envie de devoir dormir toute la journée de demain.

Pour toutes ces raisons, je décide de partir.

Et pour une autre, aussi : je veux rentrer en France à vélo rapidement, par la Belgique ou l’Allemagne.

Je retourne chez Finck car il y a un wifi là-bas. Je fais recharger mon téléphone et ma batterie externe USB puisque j’ai à nouveau un câble pour m’en servir.

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La nuit dernière, je n’ai pas pu recharger grand chose au camping et j’ai donc vidé ma batterie externe dans le téléphone de Ai. D’où le fait que les deux soient vides.

Je prends à manger et un panaché.

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Belgique ou Allemagne ? J’étudie les deux possibilités.

La seconde me paraît plus simple : il me suffit de rejoindre le Rhin, et de suivre la véloroute du Rhin à travers l’Allemagne jusqu’à Strasbourg. J’ai donc la garantie d’un itinéraire jalonné et plat.

Si je passais par la Belgique, il me faudrait passer du temps à chercher un itinéraire, notamment dans le sud du pays qui n’est pas plat.

C’est décidé. Direction l’Allemagne. Je repère la ville Néérlandaise la plus proche de l’Allemagne le long du Rhin. C’est Arnhem. Ça sera mon prochain objectif. Je demande à Google l’itinéraire pour m’y rendre et je décolle.

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Si les Pays-Bas sont le pays du vélo, je suis déçu par leurs facteurs.

Alors que les notres ont sans aucun doute la meilleure flotte de vélos porteurs de tout le pays et de belles sacoches noires, les leurs semblent utiliser leurs propres vélos, avec des sacoches beaucoup moins belles et d’apparence moins pratiques.

Les facteurs Anglais et Allemands et leurs vélos sont plus classes que ça.

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Ou alors c’est juste un distributeur de pub ? Je ne sais pas. Toujours est-il que je n’aimerais pas faire ce boulot avec un vélo sans béquille.

Alors que je roule en direction de la sortie de la ville, je vois de l’agitation devant moi. Les cyclistes évitent une jeune femme qui s’agite sur la piste cyclable en criant « Dou you spique frrrenche ? Dou you spique frrrenche ? ».

J’ai envie de la féliciter d’entretenir ainsi la réputation des Français à l’étranger. Je m’arrête.

« Je parle Français. Je suis Français. Tu as un souci. ? »

Elle est avec d’autres gens et une voiture.

« Écoute. On a une grooooosssssse galère, là ! On ne sait pas où dormir ce soir. »

Je me retiens d’éclater de rire.

Moi non plus, je ne sais pas où je dormirai ce soir, et à cette heure-ci je ne m’en suis pas encore soucié, en fait. Je ne m’étais pas rendu compte que j’étais aujourd’hui dans une grosse galère, comme durant les trois quarts de mon voyage.

Ils cherchent un hôtel. Je ne connais pas les hotels et je ne vais pas chercher un wifi et vider ma batterie pour eux. D’autant plus qu’ils ont au moins un smartphone avec eux…

Je leur conseille d’aller à la gare et leur indique la présence de l’office du tourisme en face, ou alors de trouver un wifi.

« Ah oui, la gare, on y est passés ! Mais on n’a pas vu l’office du tourisme. On va aller voir ! »

Mais que diable allaient-ils faire dans cette galère ?

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Amsterdam est aussi facile à quitter qu’à rejoindre. Me voici bientôt en dehors.

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Même si j’ai rechargé un peu chez Finck, ça ne représente pas grand chose. J’ai intérêt à économiser la batterie si je ne veux pas me retrouver sans carte ce soir. Alors au lieu de suivre l’itinéraire donné par Google, je repère juste les principales villes sur la carte, et je suis les panneaux. Vu leur qualité, c’est une bonne solution.

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Je suis sur une piste qui ressemble à ce qu’on trouve chez nous : même largeur, même couleur… sauf qu’il y a parfois des portions pavées. Ils aiment cela.

Il y a d’autres cyclistes voyageurs et même des vélos-couchés.

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Passage d’un beau pont.

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Un cycliste de course me demande si on est dans la bonne direction pour la ville où il souhaite aller. J’essaie de trouver sur la carte un nom qui correspond à ce que je comprends. Ah, il doit parler du port d’Almere (Almere’s port). Je lui dis que c’est la bonne direction. Il me distance ensuite rapidement.

Ce n’est que plus tard dans la journée que je verrai l’existence dela ville d’Amersfoort. Heureusement pour lui, c’était la même direction.

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Tiens, encore un aménagement avec voie unique centrale et bande cyclable. Et ici, il y a une barrière à travers la voie (mais pas les bandes cyclables). Que se passe-t-il donc ?

Je vois le cycliste de course qui revient. Il me conseille de ne pas passer par là parce qu’il y a un festival. Je lui demande si on ne peut vraiment pas passer, car je suis là pour découvrir et que ça me plairait bien de voir ce festival. Alors il me conseille, au contraire, de passer.

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Ce festival est un mélange entre un festival de musique, un marché et un vide-grenier.

Il y a des scènes avec des groupes, des stands où des gens vendent à manger (j’achète des fruits locaux) ou des objets neufs, des stands de vide-grenier…

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Au milieu du village et donc du festival, il faut s’arrêter car un pont va se lever.

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« Mama fiets ». J’entends un enfant derrière moi qui trouve que le vélo d’une dame est comme celui de sa mère. C’est la première fois que je comprends un truc oralement dans cette langue. Il faut bien commencer par quelque chose… C’est moins facile qu’à l’écrit.

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Une petite voiture Allemande, à la sortie de la ville.

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Il n’y a pas à dire, les pistes cyclables Hollandaises c’est le top. C’est même écrit dessus.

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Ça aussi, c’est le top. Dommage, pas de pancarte « Te koop ». Sinon je sortais le carnet de chèques et je rentrais à Besançon avec.

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Quoique, le carnet de chèque étant à Besançon et moi ici, ça aurait été compliqué. Mais en tout cas, c’est la première fois que j’en vois un comme ça.

(Au fait, te koop ça veut dire à vendre, et let op – et non le top – signifie qu’il faut faire attention.)

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Un paysage semi-désertique… Une photo banale… mais elle restera à jamais associée au truc le plus bizarre du voyage.

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Un cycliste de course, d’une cinquantaine d’années, s’est arrêté pour ne pas passer devant mon objectif. Il me demande si je veux qu’il me prenne en photo devant ce paysage. Je refuse poliment. C’est juste une photo parmi d’autres.

Il engage la conversation sur mon voyage. Je lui dis que ce pays est vraiment l’idéal pour le vélo. Bref, des banalités. Je m’apprête à repartir quand arrive une question que j’ai envie d’avoir mal comprise.

« Have a nice penis? »

Hmm ?

« Penis?! I ask you! »

Je vois bien que tu ask me, mais comment dire… J’ai des kilomètres à faire, moi ! J’ai laissé ma bagnole en double-file à Besançon.

« Can I see it? »

Ben voyons. C’est mon antivol dans ta face que tu vas voir de près.

Restons zen. Je démarre pendant que je vois son bras s’approcher de ma selle.

Je sais que je n’aurai aucune chance de le semer sur son vélo de course. Surtout que ma chaîne m’interdit désormais de dépasser 19 km/h sur le plat. Au dessus, elle saute. S’il me suit, il va falloir que je trouve le moyen de m’en débarrasser.

Je me retourne. Il n’a pas essayé. Tant mieux.

J’avance. Le reste de l’étape se poursuit sans autre fait remarquable.

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« Pourquoi prenez-vous en photo mon jardin ? », me demande cette dame.
« Parce que c’est joli. » est une réponse simple est efficace.

Elle est contente du compliment. C’est son mari et elle qui ont fait cette décoration. Je lui demande si elle connaît un camping dans ma direction, mais elle pense qu’il n’y en a pas. Je poursuis ma route. Je peux rouler encore.

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Alors que je suivais la direction d’Amersfoort, je me suis retrouvé sans le vouloir sur celle de Nijkerk. Il devait y avoir une petite ambigüité. Ce n’est pas grave. Je peux aussi passer par cette ville et ça ne me rallonge pas l’itinéraire.

C’est bien d’être dans un pays où l’on ne se demande pas si ça va rajouter du relief ou si ça sera cyclable…

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Me voici au centre-ville. C’est une jolie petite ville. Je fais quelques courses dans un Hema. Tiens, je trouve encore le même écarteur de fourche qu’à Amsterdam. J’en prends un car ce n’est pas cher et ça peut être pratique.

Il y a du monde sur la place, et une scène qui se monte.

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Le temps se couvre. Je vais demander aux gens s’ils connaissent un camping. L’homme que j’aborde me dit qu’il y en a un. Il me montre sur la carte, sur mon smartphone dont la batterie doit être à 3%…

Il appelle même pour s’assurer qu’il y a de la place. « C’est bon. ». Je le remercie.

Il est avec sa femme et un couple d’amis. « Tu veux boire un coup ? » Allez, pourquoi pas. Le camping n’est pas très loin, alors maintenant que je sais où je vais dormir je peux prendre mon temps.

On s’installe en terrasse, puis à l’intérieur car la pluie arrive.

On discute et on s’amuse ensemble. J’ai parlé de mon voyage. Ils me parlent de leurs vacances en France. Un grand gaillard qu’ils connaissent s’amuse à venir près de notre table avec les menus du bistrot et à faire le restaurant Français.

« Bonjour. Que voulez-vous manger ? Ici spécialité maison : le kindermenu. » (en montrant sur la carte).

« Trois kindermenus ? Quatre ? »

C’est très drôle, avec les gestes et l’attitude… Et peut-être l’alcool, car au final, on n’a pas bu qu’un coup, et on a mangé aussi. Le temps a passé.

Si la barrière de la langue peut être parfois gênante, elle peut aussi devenir assez ludique. Après les Hollandais parlant français, c’est moi qui dois deviner le sens de ce qui est écrit dans leur langue. Par exemple sur les paquets de cigarettes. Je ne m’en sors pas trop mal. J’apprends à prononcer quelques mots, dont le nom de cette ville. Nijkerk se prononce à peu près « Naïkeurk ».

Et puis bon, la barrière de la langue, il n’y en a pas vraiment. Depuis le début, nous parlons tous ensemble en anglais. Et quand ils parlent entre eux dans leur langue, j’ai droit à un petit résumé.

J’ai pu charger mon téléphone et recevoir un message de Ai m’indiquant qu’elle était bien arrivée à la maison. Tout va bien.

Dehors, c’est pathétique. D’une part, c’est le déluge. J’ai vérifié que mes sacoches étaient bien fermées. D’autre part, il y a sur la scène un DJ… hmmm… un DJ ?

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Imaginez un DJ de mariage en France, remplacez Sardou et Goldman par leurs équivalents Hollandais, et vous aurez une idée assez précise de ce qui se passe ici.

Mais j’oublierais presque l’animatrice, au micro. Physiquement, c’est le sosie d’Angela Merkel, et elle parle à n’importe quel moment de n’importe quel morceau.

Évidemment, avec la pluie, personne ne danse. Et pour terminer, il faut ajouter à cela les deux drapeaux bleus du sponsor de l’évènement : une société locale qui fabrique des trucs d’hygiène. Par exemple, le sèche-mains des toilettes du bar, c’est eux.

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« It’s terrible », me disent les deux femmes. L’une d’elle semble désolée que je voie ça.

« It’s a small town, here. In Amsterdam, it’s different. »

Ah ça, je sais. Ce soir à Amsterdam il y a Jeff Mills ! « Tu aurais dû y rester. – Oui, mais je ne vous aurais pas rencontrés ! »

Je lui dis que je passe une bonne soirée, et qu’il m’importe plus de rencontrer les gens et de voir la vie dans une petite ville que d’aller à un gros festival.

Et puis, je la rassure : ce n’est pas mieux en France. Je lui parle des DJs dans les campings. Elle est d’accord avec cette remarque.

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Il y a quand même, à un moment, un groupe de musique avec de vrais musiciens, dans un style rock & roll qui relève le niveau.

Le couple qui m’a invité ce soir s’appelle Wout et Ellen. Ils habitent dans cette ville. Leur couple d’amis habitent à quelques dizaines de kilomètres d’ici. Ils se sont tous rencontrés à Amsterdam, alors qu’ils étaient étudiants il y a une vingtaine d’années.

Ils sont venus ensemble à la soirée, avec la voiture de ces derniers qui vont bientôt rentrer chez eux.

Si je suis resté avec eux si longtemps, c’est parce que Wout m’a déjà fait savoir qu’il y avait une chambre libre chez eux et que je pouvais y passer la nuit.

Il me dit alors qu’il va se faire déposer à la maison par ses amis et revenir avec son vélo et celui d’Ellen. Comme ça, nous rentrerons les trois ensemble.

Pendant qu’Ellen reste avec d’autres personnes qu’elle connaît, je reste quelques minutes à regarder le « spectacle » un peu plus loin. On m’appelle d’une table proche. C’est un jeune homme qui s’appelle Mongi. Il est Tunisien et vit ici après avoir vécu quelques années à Strasbourg. Il me demande ce que je fais ici. Nous parlons en français et je lui raconte mon voyage. Il répète mes « exploits » à tous ses amis. C’est assez drôle. Il m’offre une bière. Je reste un certain temps à leur table.

Wout est revenu et finit par voir où je suis. Il rit en voyant que j’ai de nouveaux amis. Je reviens vers Ellen et lui. Un de leurs amis a reçu un message en français, mais ne comprend pas tout. Je lui traduis en anglais.

Décidément cette soirée est cool. L’épisode de cet après-midi m’avais laissé une impression mitigée des rencontres dans ce pays, mais il est vite oublié.

Nous prenons nos vélos. Je demande à Wout : « Tu es venu en conduisant les deux vélos en même temps ? – Bien sûr. – Dans ma ville, je suis un des seuls à savoir faire ça, et les gens trouvent ça étonnant quand ils me voient passer. » Il sourit.

Je sais qu’autrefois beaucoup de gens savaient faire ça en France, avant l’ère du tout-voiture. On savait aussi fabriquer de bons vélos, n’ayant rien à envier aux porteurs Hollandais. Les Pays-Bas ont simplement su garder la culture vélo que la France a oubliée. À l’exception du Tour de France

Quand je pense qu’il a fait ça pour qu’on rentre tous les trois à vélo (sous la pluie qui tombe toujours !), alors que sa femme et lui pouvaient rentrer en voiture, je me dis que je suis vraiment dans un autre monde. Un monde où mes habitudes de déplacement sont celles des gens normaux.

Une autre dame qui les connaît part en même temps que nous. Nous roulons de front, deux par deux, ce qui permet de discuter agréablement. Les pistes cyclables sont assez larges pour cela.

Nous sommes bientôt à la maison, où mon vélo prend place dans un garage qui en contient quelques autres. Non pas qu’ils les accumulent, mais ils ont trois filles…

Leur voiture, quant à elle, dort dehors.

On me montre ma chambre et la salle de bains. Douche et dodo.

Bilan :

Première journée sans Ai. Il n’a pas forcément été facile de repartir sans elle et d’être toute la journée dans l’attente d’une confirmation qu’elle est bien arrivée.

Quand je l’imagine dans l’appartement alors qu’elle était encore avec moi ce matin, je suis songeur face à la distance qui nous sépare maintenant. Le monde actuel permet de se déplacer à des vitesses folles et on ne saurait vivre sans. Mais la vitesse maximale pour voyager à un rythme humain et faire des vraies rencontres, c’est sans aucun doute celle d’un vélo.

Et puis, de toute façon, les cyclistes savent bien qu’ils ont eu depuis longtemps leur revanche sur la vitesse : en milieu urbain, là où se concentrent la majeure partie des activités humaines, le véhicule le plus rapide est aujourd’hui le vélo. Et c’est d’ailleurs sur son Brompton qu’Ai est passée d’un TGV à l’autre, à travers Paris, de la gare du Nord à celle de Lyon.

Et pour en revenir à moi, que dire d’autre. Une journée riche en rencontres, diverses et variées. Des galériens Français à Wout and friends, en passant par Mongi et le pervers, on peut dire que je ne me suis pas ennuyé !

En chiffres :

60 km parcourus dans Amsterdam hier et ce matin avec Ai, et encore 60 seul aujourd’hui.

Au total, pour Ai, de Brighton à la maison : 615 km sur un Brompton 3 vitesses, 4 ferries, quatre trains, trois pays et trois capitales.

Pour moi, de la maison à ici, 1800 km, 5 ferries, 2 trains, 3 pays, 3 capitales, 2 crevaisons.

Et ce n’est pas fini !

Ce contenu a été publié dans 2013 - Dole, Chalon, Nevers, Paris, Dieppe, Brighton, Portsmouth, London, Cambridge, Den Haag, Amsterdam, Köln, Koblenz, Strasbourg. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

4 réponses à Étape 24 : Amsterdam – Nijkerk

  1. Fabien dit :

    sacré périple!je l’écrirai jamais assez!

    perso, j’ai l’esprit trop casanier pour faire ca.

    droles de rencontres…

    • Adrien dit :

      Juste une drôle de rencontre. Mais vite oubliée.

      Et je risquais pas grand chose. Le mec était pas baraqué, juste un peu barjot.

      S’il avait essayé de me suivre, j’aurais attendu qu’il soit à ma hauteur et je le poussais sans état d’âme au talus. En cas de choc latéral, un vélo de 8kg conduit par un vieux ça fait pas le poids contre mes 40 kg de bagages + vélo et mon poids… :)

      • Fabien dit :

        en tout cas, je suis scotché par ton périple!

        40 kg de bagage!!!

        moi je pourrais pas faire ça!

        je suis trop habituer a mon confort, trop de détails a gérer, toi rien ne t’inquiete!(pas savoir ou tu va dormir, manger, te laver, laver ton linge…)

        déjà moi, j’imagine pas partir + d’une semaine de chez moi…

        mais certains sont pire dans la bande, vini cet été devait partir avec nous mais au début j’avais trouvé une caravane dans un camping il voulais pas car trop petit et pas assez confortable et stylé…il voulais soit bungalow soit apparte…

        • Adrien dit :

          J’estime que j’avais 40 kg en comptant les bagages et le vélo. Mais j’ai pas pesé.

          Le confort, c’est relatif, et trouver où manger et dormir n’est pas compliqué.

          Je trouve vachement moins stressant de n’avoir que ça et ton chemin comme préoccupation quotidienne que de devoir aller au taf, avoir des formalités à faire, etc.

          Pourquoi t’inquiéter de savoir où dormir alors que tu trouveras forcément un camping ou quelqu’un qui t’accueille ? La preuve, même à Paris j’ai résolu le souci en quelques coups de fil.

          C’est pas que rien ne m’inquiête, en fait. J’ai eu un mal fou à me décider à partir car j’avais toujours l’impression d’oublier un truc (et j’avais raison : mes courses, bordel !). Mais une fois que t’es parti, les soucis du quotidien disparaissent. Et là, pour un mois entier, c’était génial.

          Vini, il craint, là.

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