17 août. Nous quittons Nessa et Martin.
Objectif : Cambridge, demain dans la journée.
Comme d’habitude, je remets de l’air dans mon pneu arrière et nous démarrons.
Nous suivons l’itinéraire donné par Google. Nous traversons la banlieue de Londres en direction du nord, ce qui nous prend pas mal de temps mais sans jamais nous perdre.
Il y a toujours d’intéressants aménagements cyclables…
… et des signalisations débiles. Nouvelle interdiction de faire du vélo alors que nous sommes sur un itinéraire vélo officiel. Tout le monde semble se moquer de ces interdictions. Nous y compris.
Nous sommes au bord de la Tamise. Il faut la franchir.
Le franchissement se fait par cet étonnant passage souterrain pour piétons et vélos, dans lequel on descend via un ascenseur.
Enfin, quand je dis « et vélos »… Encore une interdiction injustifiée. Une cycliste devant nous s’en fiche et démarre. On fait de même.
On croise des Allemands, à pied, que cette signalisation fait rire aussi. Il faut dire qu’il y a de quoi. C’est écrit « no cycling » sur le sol tous les 30 mètres environ.
Nous voici de l’autre côté.
Rien à signaler jusqu’au moment où Google nous envoie sur un giratoire interdit aux vélos. L’info n’est pas dans leur base de données ? Nous le contournons à pied, en traversant un peu comme nous pouvons.
Juste après, un jeune homme nous demande si on a besoin d’aide. Ce n’est pas le cas, car je sais où on va. Je lui montre. Il s’appelle Antonio, est très sympathique et fait lui-même des voyages à vélo. Après avoir discuté un certain temps, nous échangeons nos coordonnées.
Nous arrivons au bord du canal. Je viens de crever, quelques mètres plus tôt. Nous descendons à pied et avançons jusqu’à trouver un banc car il est déjà l’heure de manger.
De toute façon, avec une passerelle pareille, on n’allait pas passer sur les vélos.
Nous trouvons un banc et nous arrêtons. D’abord, pour manger. Ensuite, pour réparer la crevaison. Je remets la chambre que j’ai réparée en France, et répare le trou sur l’autre. Mais il faudra la retester dans l’eau car c’est celle qui avait la crevaison lente.
Il y a beaucoup de bateaux autour de nous, et d’avions au dessus de nos têtes.
Il y a aussi des déchets tout autour du banc. Tellement que je me demande que faire des notres. Les jeter avec, car le mal est fait ? Les emmener, et laisser ici tout le reste ? Tout ramasser ? Mais je ne peux pas tout emmener…
Finalement, je mets nos déchets et tous ceux qui traînent autour du banc dans un sac en plastique, bien fermé, que je laisse sous le banc, bien coincé pour ne pas qu’il risque d’aller dans le canal. Au moins, la place est propre. La situation est déjà meilleure qu’avant notre passage.
Il y a pas mal de cyclistes le long de ce canal. Nous repartons.
Bonne question. Pourquoi seulement les murs ?
Ce canal est très agréable, avec ses jolis bateaux, ses bâtiments, ses graffitis et autres œuvres de street-art.
Il y a même des restaurants au bord de l’eau. J’ai envie d’en savoir plus sur cet endroit. Il faudra que je demande à Antonio. Si je reviens à Londres, je préfèrerais découvrir ce genre de lieu que retourner voir Buckingham Palace…
Une musique sort de ces bateaux. Ou du bâtiment, je ne sais pas. Je reconnais tout de suite l’air. J’ai ce morceau. Der Dritte Raum – Hale Bopp.
Sauf que la version que j’ai, c’est de la techno bien puissante et efficace. Là, c’est le même air, mais interprété façon jazz-swing.
De retour à la maison après le voyage, il me suffira d’une simple recherche pour trouver, en tout premier résultat, le morceau mystère. Une autre version du même morceau, par le même artiste. Ils sont forts, ces Allemands.
Au final, la seule question que je me pose est : comment n’ai-je pas connu cette version plus tôt ?
Une chose est certaine : ce coin est plein de bonne musique, de street art, de vélos aussi… et je pense qu’il faudra que je revienne. Pour l’heure, nous avançons.
Si je décidais de rester là, il y a un bateau à vendre. C’est bon à savoir.
Il y a ensuite une portion assez longue où le chemin est trop étroit pour être confortable. Croiser les piétons sans tomber à l’eau (ni les y pousser) demande de la concentration.
Pourtant, il y a énormément de piétons et de cyclistes. Et parmi ces derniers, certains roulent délibérément à droite. Je me demande si ce sont des étrangers qui n’ont pas roulé du tout sur la route en Angleterre et oublient de rouler à gauche !?
Nous n’avançons pas très vite sur ce tronçon. Et ce n’est pas ce type d’aménagement qui va nous aider à accélérer.
Attention. Ici, si vous tombez à l’eau, il est interdit de nager. Si vous ne flottez pas, vous devez couler.
Et attention au chien. Rien à voir avec son sexe, si vous avez des difficultés avec la langue de Shakespeare. Cela signifie qu’il mord.
Si j’ai besoin d’un bus, je saurai où en trouver.
Nous avons rechangé de rive et à partir de maintenant le chemin est plus large, moins encombré, et nous avons un fort vent de dos. Nous avançons enfin efficacement, mais la journée est déjà bien entamée.
J’aimerais bien savoir à quoi sert ce genre de construction que nous avons vue plusieurs fois.
D’après Google, il faut quitter le canal pour y revenir un peu plus loin.
Tiens, une Triumph.
À peine le canal quitté, et un hameau traversé, voilà le chemin que nous sommes censés prendre. Après le giratoire interdit, c’est la seconde blague de Google. Quelques gouttes de pluie arrivent, vite oubliées.
Nous revenons au canal. Remarquez la piste cyclable à double-sens, moins large qu’une piste à sens unique en France !
Mais au moins, elle existe.
Le chemin de halage est rejoint à travers un champ. Vu la trace, nous ne sommes pas les seuls à le faire.
Il est maintenant en enrobé, mais les ralentisseurs obligent… à ralentir.
Encore un chien qui mord. Enfin, il peut mordre. Ce n’est pas systématique.
Un pont-canal.
Sur un bateau, de joyeux lurons se font remarquer. Ils sont déguisés et écoutent (et chantent à tue-tête) ceci. Vous ne saviez pas qu’il avait existé une version en anglais ?
J’avoue que je préférais le bateau qui diffusait Der Dritte Raum.
Puisqu’on parlait de disco…
Encore une preuve qu’on peut faire des règles sans qu’elles soient débiles. Dommage, justement, que ça ne soit pas la règle.
Nous voici arrivés à Ware. Un nom avec lequel il ne doit pas être trop hard de trouver un jeu de mot à la con.
Ici, notre itinéaire quitte le canal pour entrer en ville. Et ça tombe bien car vu l’heure il va être temps de trouver où dormir.
Je commence par trouver un wifi devant ce bar.
Cela me permet de trouver un camping à quelques kilomètres d’ici : Westmill Farm. Ça ne nous éloigne quasiment pas de notre itinéraire. Parfait.
En face du bar, il y a ce magasin qui vend des produits Belges ou Français. On prend du pain, du fromage et deux patisseries. Ce n’est pas donné.
En sortant de la petite ville, nous trouvons un petit supermarché qu’on nous a indiqué. C’est beaucoup moins classe que la boutique précédente, mais on y trouve de tout pour pas cher.
Après quelques kilomètres sur une route à fort trafic et un peu montante, nous voici arrivés.
L’accueil du camping se fait au restaurant.
On nous a dit d’aller nous installer à l’emplacement 35, mais arrivés sur place la numérotation s’arrête à 31. Je décide de prendre un emplacement vide au hasard.
Ce n’est que dans la soirée, en voyant des gens camper hors du terrain (!), que je découvrirai que les emplacements 32 à 38 s’y trouvaient.
Peu importe. Personne ne viendra nous déranger dans l’emplacement choisi, et il est plus proche des toilettes.
Repas et dodo.
Bilan :
Une étape très agréable malgré une crevaison.
Quitter la ville a pris un peu de temps, mais n’a pas posé de difficulté.
Ensuite, suivre le canal toute la journée a été sympa. Cela ne m’était pas arrivé depuis un moment, maintenant.
Notons que si l’aménagement du canal n’était pas toujours très adapté aux vélos (passages étroits, passerelles obligeant à mettre pied à terre), ce fut quand même un de mes meilleurs souvenirs le long d’un canal : ces petits bateaux étroits sont bien différents de ceux qu’on voit chez nous, et l’ambiance était vraiment très sympathique.
C’est aussi, pour l’instant, l’endroit que j’ai le plus aimé dans ce pays. Dans ce coin charmant qui réunissait street-art, musique, et beaucoup de vélos, j’ai pensé pour la première fois « j’ai envie de revenir ».
Nous avons parcouru 60 km, ce qui n’est pas beaucoup. Sur la carte, cela ne représente que le tiers du parcours jusqu’à Cambridge.
Mais compte-tenu du temps nécessaire à sortir de la ville, du canal qui n’était pas fait pour la vitesse, et du fait que l’étape de demain se fera majoritairement sur la route, je pense qu’en temps de parcours nous avons fait plus de la moitié du trajet. On verra si je me trompe.
Les chiffres :
1430 km parcourus pour moi depuis le 1er août. Deux crevaisons. Je ne compte pas la lente qui ne m’a pas obligé à m’arrêter.
400 km au total pour Ai.