Nous sommes le dimanche 12 août 2012.
La nuit au camping de Mulhouse s’est bien passée. Nous nous réveillons. Tout le monde remballe ses affaires. Tout le monde ? Non. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais Alexandre et moi n’avons quasiment pas commencé à remballer alors que les autres terminent. Hier c’était plutôt l’inverse. Nous nous en rendons compte rapidement, et remballons très vite, pour ne pas faire attendre le groupe.
Mais alors, il se produit une chose étrange. Alors que nous avons terminé, nous réalisons que le reste du groupe n’a rien fait pendant tout ce temps. Les quelques affaires restant à remballer sont toujours par terre. Le groupe ne bouge pas. Ça discute. Ça discute. Ça discute… Alexandre s’étonne. Moi aussi. Mais rien n’y fait : ça discute et personne ne bouge, alors nous asseyons aussi et nous attendons que tout à coup le groupe se décide à terminer le rangement et démarrer. Cette situation dure près d’une heure. Moi ça m’étonne simplement, mais je sens que chez Alexandre c’est plus que de l’étonnement. Il semble osciller entre l’incompréhension et l’agacement.
Bon. Ça n’est pas grave. De toute façon, notre objectif du soir est Neuf-Brisach et l’étape n’est pas longue. Nous y serons.
Nous démarrons.
Nous traversons Mulhouse sur des aménagements neufs, que je découvre en même temps que les autres. Les années précédentes, il avait fallu à chaque fois improviser, en nous perdant dans des petites rues (la première année) puis en combinant des petites rues et un chemin de halage non autorisé (les deux années suivantes).
L’année dernière, je m’interrogeais encore sur cette traversée de Mulhouse qui tardait à être réalisée.
Cette fois, c’est fait !
Un beau site propre permet de traverser Mulhouse, jusqu’à un carrefour un peu complexe où on repasse sur un axe routier avec un peu de trafic. Ce n’est pas l’idéal, mais ça ne dure pas longtemps et ensuite on retrouve très vite des rues calmes. De plus, c’est parfaitement jalonné, et c’est ça le plus important.
Ce matin, Geoffrey et Bénédicte testent le tandem. Amélie et Michou roulent donc avec leurs vélos.
Mais Michou rencontre un problème. Les porte-bagages avant de Geoffrey, qu’il a fixés comme il a pu car sa fourche n’est pas prévue pour, sont en train de tomber en avant.
Petit arrêt pour arranger ça.
Comme nous avons (presque) tous vus récemment le court métrage « Bicycle Repair Man » des Monthy Python, nous plaisantons à ce sujet à chaque fois qu’il y a un petit arrêt pour une raison technique. Je vous conseille de le regarder si vous ne connaissez pas.
Tout près de là, nous voyons un mirabellier dont les fruits tombent sur la route. Il est décidé d’en ramasser quelques unes.
Il faudrait peut-être les goûter, avant d’en ramasser 5 kg ?
Franchement, elles ne sont pas terribles !
Mais certains d’entre nous décident que nous en ferons des confitures. Je n’aurais pas eu cette idée durant un voyage à vélo, mais s’ils sont motivés, allons-y !
Nous repartons…
One less car…
Après cela, nous sortons de la banlieue de Mulhouse et je gueule un gros coup.
Pourquoi ? Parce qu’il y a un feu rouge, et qu’Alexandre et Ugo, qui étaient devant, le passent sans s’arrêter.
Je rappelle qu’on roule en groupe, que le voyage est organisé par l’association, et que nous ne sommes pas là pour faire n’importe quoi. Mais ils semblent surpris de mon rappel, et ne le prennent pas au sérieux.
Après cela, la véloroute est en site propre le long de l’eau, jusqu’à la fameuse bretelle où je l’ai quittée avec Ai en 2009 et tout seul l’année dernière pour rejoindre la véloroute du Rhin.
Nous prenons, cette année encore, cette bretelle, puis la piste qui mène à Ottmarsheim et qui est composée de deux longues lignes droites dans la forêt, entrecoupées par deux petits virages le long d’une voie ferrée.
Nous passons Ottmarsheim et nous voici sur la véloroute du Rhin.
Nous sommes dans les paysages typiques de cette partie de la véloroute du Rhin, qui ne sont pas les plus passionnants avec leurs champs de maïs à perte de vue. Mais les villages sont jolis.
Alors que nous arrivons à Fessenheim, il commence à se faire tard et il faudrait songer à manger. Ça tombe bien : nous passons devant un kebab. Certains d’entre nous en ont déjà marre de ne pas manger de viande. Il est décidé de s’arrêter ici. Nos deux vegans se débrouilleront pour trouver dans le menu quelque chose qui leur convient. Ce n’est pas l’idéal pour eux, mais c’est aussi ça la vie en groupe.
Après avoir bien mangé, et bien rigolé, nous repartons.
Camping Bêêh ?
Petite douche…
Julie a un peu mal à un genou. Elle avait prévenu qu’elle avait eu récemment une tendinite et qu’elle ne savait pas comment le voyage se passerait… Pour s’économiser un peu, elle se fait parfois tracter par Ugo qui a l’air d’aimer jouer ce rôle.
À la fin de l’après-midi, nous arrivons à Neuf-Brisach, par l’itinéraire dont j’ai l’habitude puisque je l’ai pris l’année dernière et il y a deux ans.
Je sonne à l’accueil du camping. La gérante et le gérant se souviennent de moi, quand je leur parle du trike et de la remorque. Ils m’avaient en effet hébergés à l’aller de mon voyage à Strasbourg et au retour, en mettant à ma disposition une tonnelle, un matelas de camping, une table et une chaise… simplement parce que j’étais à vélo.
Je leur dis que, pour les remercier de tout ça, je leur ai ramené un groupe de 10 personnes cette année.
C’est assez vrai : pour aller à Tübingen, il aurait été plus rapide pour nous d’aller directement de Mulhouse à Freiburg sans passer par Neuf-Brisach. Mais j’avais envie à la fois de soutenir ce camping tenu par des passionnés de voyages à vélos, et de le faire découvrir à Ai et à nos amis en sachant qu’on y serait bien accueillis. Bon, évidemment, il n’y avait pas que ça. J’avais aussi envie de leur faire découvrir les fortifications de Vauban à Neuf-Brisach, dont la visite permet de mieux comprendre celles de Besançon.
Le gérant nous explique que depuis l’année dernière il y a eu des travaux de faits dans le camping. Déjà, c’est fini les douches avec des jetons pour avoir l’eau chaude. Désormais l’eau chaude est incluse. Ensuite, ils ont fait d’autres aménagements que je ne vais pas lister, mais il y a tout un espace pour les groupes de voyageurs à vélos, et ça, je ne le savais pas encore !
Cet espace permet de planter la tente, de mettre le hamac entre deux arbres, et comporte un chapiteau avec des tables et des bancs sous lequel nous pourrons cuisiner, manger, et préparer notre itinéraire. Il y a même l’électricité et un frigo !
De plus, mais c’était déjà valable l’année dernière, on peut acheter des bières à l’accueil.
Je suis ravi d’être revenu ici, et les autres sont contents et agréablement surpris.
Nous nous installons.
On voit sur la photo précédente notre campement et la tonnelle dédiée aux groupes de voyageurs à vélos.
Neuf-Brisach, je connais déjà et Ai aussi.
Nous décidons de rester au camping et d’installer les affaires dans la tonnelle, pour préparer le repas et la suite du voyage. En effet, ce n’est pas tous les jours qu’on dispose d’un tel confort dans un camping et j’ai envie d’en profiter. De plus, c’est notre dernière nuit en France et il faut que je fasse quelques opérations informatiques (téléchargement de données dans mon ordinateur et mon téléphone) car je n’aurai plus accès aux données mobiles (ou alors pour un prix élevé) lorsque nous serons de l’autre côté du Rhin.
Pendant ce temps-là, je conseille aux autres d’aller visiter la ville. Me voici seul avec ma chérie, mais bien occupés tous les deux.
J’ai l’occasion de discuter avec un autre voyageur à vélo, qui a démarré de Chalon-sur-Saône et souhaite se rendre à Strasbourg. Il voyage avec un vélo qui me plaît bien mais me laisse perplexe. Je me verrais bien circuler en ville avec cet engin d’un autre âge, mais pour voyager c’est étonnant. Je préfère encore le vieux Peugeot que j’avais lors de nos deux premiers voyages.
Je ne vais pas raconter la visite de la ville puisque je n’y étais pas. Mais par contre, voici quelques photos prises durant celle-ci.
Je remarque sur les photos que nos amis semblent ne pas avoir raté les endroits essentiels de la ville, et semblent avoir fait preuve d’un grand sérieux dans leur visite si l’on en croit la tête de Michou ci-dessus.
Apparemment, la visite s’est terminée par un bar et une partie de flipper.
À la nuit tombée, ils regagnent le camping et nous nous couchons.
Bilan :
48 km parcourus. J’avais dit que c’était une étape courte. L’année dernière, avec mon trike et la remorque, j’étais allé de Voujeaucourt à Neuf-Brisach (soit presque la somme de cette étape et de la précédente) en une seule étape.
Petit cafouillage au moment de partir, mais le groupe roule toujours à son rythme de croisière et l’ambiance est toujours sympathique.
Je suis content de revenir dans ce camping tenu par des gens vraiment sympathiques, passionnés de voyages à vélos, et accueillants, et je suis content d’avoir pu profiter d’une soirée plus calme pour faire le point sur la suite du voyage tandis que nos amis semblent avoir fortement apprécié la visite que je leur avais suggérée.
Bref. Une très bonne journée.