Jurassic Sparc : Épisode 2.

Au commencement de cet épisode, je suis en possession d’une épave d’Ultra 10, et de deux Ultra 5 complètes (sauf une qui n’a pas de couvercle). J’ai également un écran Sun de 21 pouces avec connecteur 13W3, trouvé lui aussi dans une des bennes de la fac. En revanche, je n’ai ni clavier, ni souris. Par contre j’ai bien remarqué qu’il y avait des claviers dans un carton dans une salle de TP de la fac.

Je me renseigne auprès de mon prof de TP de réseau qui m’envoie demander à Christophe Lang. Je me rends donc dans son bureau où je suis plutôt bien accueilli. Je dois dire qu’en plus d’être l’un des seuls bons profs de cette fac (tout du moins pour le département informatique, pour le reste je ne me permets pas d’évaluer ce que je ne connais pas), le personnage est très sympathique. Après une longue conversation au cours de laquelle je découvre qu’il a lui aussi un certain penchant pour les vieilles machines, je resors avec l’autorisation de prendre un clavier de Sparc dans la salle de TP. Il n’a pas de souris sous la main mais il appelle l’administrateur qui dit qu’il pensera à moi quand il en retrouvera.

À vrai dire, je n’aurai jamais de nouvelles de ce dernier, qui a probablement oublié mon existence, mais je revois C. Lang peu de temps après qui m’invite à venir chercher dans son bureau un clavier et une souris Sun qu’il a retrouvés chez lui. Il me recontactera encore une fois par la suite pour que je vienne remplir ma voiture et vider la sienne à l’occasion d’un grand nettoyage de son grenier. L’occasion pour moi de récupérer encore un joli paquet de vieux Mac, une Sparc IPC avec son disque dur externe SCSI et même un Vax. Au cas improbable où il lise un jour cet article, je tiens bien évidemment à le remercier pour toutes ces jolies machines. Le hasard de la récupération fait que je ne les ai encore pas mises en route un an après, mais cela viendra sans aucun doute.

Ayant maintenant tout ce qu’il faut, je peux tester mes Ultra. Deux des Ultra 5 (dont celle qui n’avait pas de couvercle) s’allument et, bien qu’elles ne bootent pas jusqu’au bout (recherche de montages NFS bloquante), je peux voir qu’elles font 333 MHz, ont 128 Mo de RAM et un disque dur de 9 Go. La troisième Ultra 5 démarrera jusqu’à l’invite de login de CDE. Elle ne fait que 266 MHz pour 64 Mo (pour le disque dur, je ne sais plus). L’Ultra 10 quant à elle, semble s’allumer si je lui mets la RAM d’une des autres (elle émet le bip caractéristique), mais n’obtenant rien sur l’écran SVGA ni sur l’écran Sun, je la déclare morte, peut-être à tort ?

Quelques temps plus tard, un week end, l’envie subite d’essayer SunOS me prend. Après quelques recherches, je trouve comment démarrer en mode single user… pour constater que contrairement à Linux, SunOS nécessite le mot de passe root même pour ce mode. N’ayant pas vraiment d’idée pour démarrer cet OS sans mot de passe, et ni l’envie ni le CD nécessaire à sa réinstallation, je me grave une netinstall de Debian Sarge pour Sparc. De toute façon, ça devait forcément arriver un jour. Tant pis pour SunOS, et je pourrai toujours le tester plus tard sur d’autres machines.

Je choisis de commencer par l’Ultra 5 qui n’a pas de couvercle. Je commence par enlever la terre qui est en dessous. Visiblement elle devait être posée à l’envers dans la benne et quelqu’un a marché dessus, ce qui explique la trace de pas boueuse dessous, ainsi que le fait que le radiateur du processeur soit tordu par endroits, tout comme le lecteur CD qui ne peut plus s’ouvrir car il est enfoncé par le haut et cela coince le tiroir. Ensuite, je détords ce dernier en forçant son ouverture à la main afin d’y introduire un tournevis sur lequel j’assène un bon coup de marteau. Après ceci, il peut à nouveau fonctionner et j’y insère mon CD-ROM fraichement gravé.

L’installation est extrêmement simple, autant qu’un PC. Après avoir allumé la machine, on entre dans l’Open Boot en appuyant conjointement sur les touches Stop et A. On voit apparaître « ok » au milieu de l’écran : c’est le prompt de l’Open Boot. Là, il suffit de taper boot cdrom et de valider. La machine redémarre sagement sur le CD-ROM. Ensuite l’installation se déroule aussi simplement que sur un PC. Pour cette machine je reste en Sarge et j’installe le noyau 2.4.27 par défaut.

J’installe ensuite le serveur X et les logiciels dont j’ai besoin : Fluxbox, GDM, Emacs, de quoi compiler du C… Noter que pour le clavier, il faut spécifier Option « XkbRules » « sun », Option « XkbModel » « type5″ et Option « XkbLayout » « us » dans le fichier /etc/X11/XF86Config-4. Pour la souris, il faut indiquer Option « Device » « /dev/sunmouse » et Option « Protocol » « BusMouse ». Si vous avez des soucis, n’hésitez pas à télécharger mon fichier de configuration joint à cet article.

Continuant sur mon élan, j’installerai une Debian Testing sur l’autre Ultra 5 à 333 MHz. Cette fois je choisis le dernier noyau 2.6. Une bizarrerie est à signaler : après la fin de l’installation, il m’est impossible d’utiliser le clavier car les caractères affichés ne correspondent pas du tout à ceux tapés. En revanche, la machine fonctionne très bien en ssh et également en local si je reboote sur le noyau 2.4 (que j’avais installé avant le 2.6 car on ne peut pas démarrer en 2.6 sur le CD d’installation pour Sparc). La solution à ce problème viendra à moi toute seule avant que je ne me décide à la chercher puisque, trainant par hasard sur fr.comp.os.linux.configuration je tombe sur le même problème et sa solution. Effectivement, un dpkg-reconfigure console-data avec sélection d’un clavier de PC résoud le problème.

Je dois dire que j’ai été pleinement satisfait de l’installation de Linux sur ces machines. J’ai probablement été le seul étudiant de ma promo à faire mon projet d’algorithmique sur les graphes sur une Sparc sous Linux. Ensuite, je l’ai utilisée pour faire de la retouche d’image avec The Gimp. L’autre (celle en 2.6) me sert de serveur MySQL et sert également à des amis qui ont besoin ou envie de compiler des programmes sur Linux/Sparc et qui n’en possèdent pas.

Document joint

  • XF86Config (Zip – 1.3 ko)
    Fichier de configuration du serveur X.
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