Lundi 12 août.
Étienne doit avancer vite pour pouvoir visiter ce qu’il a prévu et traverser à temps pour la Route du Rock. Par conséquent, il ne pédalera pas avec nous. Il va essayer d’attraper un car, et si ce dernier n’accepte pas les vélos il cherchera un train.
On se dit au revoir. J’ai été content de le connaître et de partager ce petit bout de voyage avec lui. On gardera le contact.
À notre tour, nous sommes prêts à partir.
Remarquez qu’ici les panneaux sont éclairés !
Un arrêt de bus.
Étienne est là.
Le car passe. Étienne est toujours là. Il devra donc chercher un train.
Nous poursuivons notre route.
Certaines cabines téléphoniques sont moins jolies que sur les cartes postales. Être un symbole de l’Angleterre ne rend pas immortel face à la concurrence des mobiles.
On en verra ainsi un certain nombre dans cet état, voire pire.
Nous avançons non sans un certain nombre d’hésitations. On finit toujours par retrouver le jalonnement de notre itinéraire, mais parfois un peu par hasard.
D’autres voyageurs.
Tiens, encore les panneaux de la « South Coast Cycle Route », parfois abrégée en SCCR. Sur ceux-ci, il y a aussi le numéro 2 de notre itinéraire. Mais je ne sais toujours pas si cette SCCR et notre itinéraire sont deux choses différentes ou deux appellations de la même chose.
On croise pas mal de voitures anciennes dans ce pays.
Tout à coup, dans un village, un 4×4 me klaxonne de façon bien agressive. Je sursaute. Je l’injurie… en Français.
Au croisement suivant, je le rattrape et lui demande s’il est fou. En anglais, cette fois, mais sur un ton digne de son coup de klaxon. Il est coincé et je le laisse derrière moi.
Alors que j’attends Ai, le voici à nouveau. Il ralentit. Je ne suis quand même pas très tranquille car chez nous ce genre de situation pourrait vite dégénérer.
La vitre de gauche s’ouvre.
(La vitre passager, donc. On est en Angleterre !)
Sa passagère prend la parole. Elle dit qu’il a simplement eu peur de me toucher alors que je zigzaguais et qu’il a klaxonné pour m’avertir. On est à mi-chemin entre l’excuse, la mauvaise foi et le rejet de la faute sur moi.
Il acquiesce.
L’absence totale d’agressivité m’étonne. En France, on en serait au minimum arrivés aux insultes. Je ne sais pas comment réagir et leur dis qu’il n’y a pas de souci, alors ils repartent.
Après coup, je pense que j’aurais dû leur rappeler qu’un cycliste, surtout chargé, peut toujours zigzaguer un peu. Les distances de sécurité, ce n’est pas pour les chiens, et si on n’a pas la place de doubler, on ne dépasse pas…
L’itinéraire continue entre villages et bord de mer.
« Priorité aux piétons. Cyclistes, soyez attentifs. » Un panneau plus intelligent que les « cyclists dismount » (ou une variante souvent rencontrée : « no cycling »).
Le temps était menaçant ce matin, mais maintenant il fait beau.
Hmmm… Ce chemin ne semble pas vraiment être destiné aux vélos. Pas de doute, nous sommes à nouveau perdus.
Mais l’endroit est joli et c’est l’heure de manger. Pause repas.
Nous demandons notre route à un promeneur. Il nous donne quelques explications.
Il revient un peu plus tard. Il est allé chercher une carte dans sa voiture et nous montre l’itinéraire qu’il nous conseille. Je prends quelques photos de la carte. Ça nous aidera.
Les gens sont vraiment sympas.
Comme en Allemagne, beaucoup de routes importantes sont bordées d’une piste cyclable. Est-ce que c’est comme ça partout, ou juste là où existent des itinéraires vélos ? Je ne sais pas trop.
Portsmouth commence à être indiquée.
Comme en Allemagne, il y a aussi de belles passerelles pour les cyclistes.
Par moments, le jalonnement est très clair. Comme ici, où il nous envoie sur un chemin de halage.
Mais à la sortie de celui-ci… plus rien ! On a bien un panneau qui nous dit d’où on vient, mais rien pour connaître la suite de l’itinéraire. Pire, d’après ce que nous disent les gens du coin, suivre le chemin de halage nous a éloignés de notre direction. On ne comprend pas tout…
On prend une route qui va à peu près dans la bonne direction, et on retrouve des panneaux. Visiblement la SCCR et l’itinéraire 2 sont bien deux choses différentes, mais parfois confondues. Et nous avons suivi tantôt l’un, tantôt l’autre.
Aménagement en écluse avec by-pass bien étroits pour les cyclistes.
Nous voici tout à coup sur une belle voie verte en enrobé lisse. On avance vite et en plus c’est bien décoré.
Problème : alors que nous hésitons à ce carrefour, une dame nous dit que pour aller à Portsmouth la bonne direction est… celle d’où on vient !
Ses explications sont suffisamment précises pour penser qu’elle sait ce qu’elle dit. Demi-tour.
Elle nous a parlé d’une passerelle en travaux. Nous la trouvons, après avoir erré à nouveau à cause d’un camion de chantier qui cachait tout simplement l’entrée de la piste à suivre…
C’est toujours un soulagement quand on retrouve des panneaux…
Un magasin de vélos.
Ici, on aime l’originalité.
Le Pedersen, je connaissais.
Trouver un tandem Arcade en Angleterre n’est pas banal non plus, mais ça reste relativement normal.
Mais alors, le reste… !
Je leur demande s’ils ont des cartes des véloroutes. Ce n’est pas le cas. Mais ils ont des photocopies de bouts de carte du coin… ! Et ils me donnent quelques indications utiles.
Ils me confirment que SCCR et itinéraire 2 sont bien deux choses différentes mais parfois confondues.
En gros, le mieux que j’ai à faire est de suivre la SCCR jusqu’à Havant, et d’attraper là-bas le Haley Billy Trail (ou un truc comme ça) qui arrive, par un pont, sur une île dont j’oublie vite le nom. De cette île, il existe un petit ferry qui arrive à Portsmouth.
Vous avez aimé « Où est Charlie ? ». Vous adorerez « Où est le panneau ? ».
(Zoomer n’est pas interdit.)
Point de SCCR sur ce panneau, mais l’itinéraire 2 est indiqué. Allez, on continue.
« Cette route est inondée à chaque marée haute. »
Ah, bin visiblement, la marée haute c’est maintenant. Nouveau demi-tour.
Il y a pas mal de panneaux amusants dans ce pays.
Je parlais des cabines téléphoniques. Plutôt que de démolir quelque chose qui fait partie du patrimoine, on cherche à leur donner une nouvelle utilisation. Dans celle-ci, on peut déposer et prendre des livres gratuitement. Jolie idée.
Emsworth. Au moins, on sait où on est.
Et il y a un bout de carte. On n’a pas vu un panneau depuis un moment, alors on suit la côte quand on peut.
Sympa, ce passage. Mais c’est « no cycling » ici. Alors on marche.
Jolies tatouages.
Ça aussi, ça me rappelle la Suisse.
En suivant la côte, nous voici sur un sentier étroit. Un monsieur me dit qu’il est interdit de faire du vélo ici. Avant d’ajouter que ce n’est pas grave et que je peux quand même continuer, car le chemin débouchera bientôt sur un autre où ce n’est pas interdit.
C’est ce que je retiendrai de l’Angleterre : des règles à la con partout, mais des gens, à l’inverse, sympathiques et ouverts d’esprit.
Ah, Havant. C’est là qu’on est censés aller !
Donc la piste à suivre, c’est « Hayling Billy Trail » et l’île c’est « Hayling Island ». Et en plus on a retrouvé notre itinéraire. Un panneau, et tout s’éclaircit.
Voici Havant. C’est beau.
Nous sommes dans une rue piétonne avec encore un panneau d’interdiction aux vélos. Panneau dont visiblement personne n’a rien à foutre. Nous non plus, alors.
Règle de voyageur à vélo : à l’étranger, tu fais comme les locaux. S’ils respectent la signalisation, toi aussi. Si personne ne le fait, toi non plus.
Nous y croisons un homme avec un vélo, une remorque, et un chien qui court à côté.
En discutant, on comprend qu’on a loupé le « Hayling Billy Trail. »
Et on comprend aussi qu’on est suffisamment près de Portsmouth pour considérer l’objectif atteint et aller au camping sur l’île plutôt que dans une ville où on ne saura pas où dormir.
Le chien prend place dans la remorque et ils nous emmènent à l’entrée du Trail. Je l’avais ratée, car elle était dans un parking !
Nous le remercions et revenons au centre d’Havant. Nous faisons des courses dans un Aldi et profitons ensuite d’un wifi ouvert en face du Mac Do. Cela me permet d’installer une application, « Cycle Routes », qui affiche tout simplement la carte d’OpenCycleMap, donc les différents itinéraires et pistes cyclables.
Je regarde où sont les campings sur l’île, et nous voici bientôt sur le trail.
Le trail est une ancienne voie ferrée, principalement en pleine nature.
Ensuite, on passe un pont qui mène à l’île. Sur celui-ci, il faut prendre le trottoir autorisé aux vélos. En effet, le trafic routier est dissuasif.
L’île nous accueille.
Cette excellente carte donne les routes, les itinéraires cyclables, et les campings. Parfait. Nous voici dans la direction de celui que nous avons choisi. Tout l’itinéraire se fait sur un chemin en stabilisé assez correct. C’est super agréable.
Seul un petit passage emprunte une route à fort trafic. Je ne comprendrai d’ailleurs jamais comment il peut y avoir un trafic aussi impressionnant sur une île qui est un cul-de-sac !
Nous voici à la réception, où nous ne verrons jamais le gardien !
C’est un autre campeur qui se charge de nous indiquer un emplacement, en face de cette chouette automobile !
Bilan :
70 km parcourus, mais je pense que les divers détours inutiles en représentent au moins le quart.
1140 km au total pour moi. 113 pour Ai.
Une étape difficile en raison du mauvais jalonnement, mais nous sommes enfin arrivés à côté de Portsmouth.
Nous passerons deux nuits ici et pourrons aller demain en ville sans nos bagages.