Herbe en Zik 2007

C’est un programme alléchant que nous offrait l’Herbe en Zik pour sa sixième édition : La Comedia Provencala, The Gladiators, Fabrice Lig & DJ 3000, Rinôçérôse, DJ Zebra, The Servant, Gojira… Il y en avait dans tous les styles et pour tous les goûts.

Le premier jour

Le premier jour, on aurait pu appeler ça « Boue en Zik », mais c’est vrai que ça aurait été moins sexy qu’« Herbe en Zik ». En effet, la pluie avait été quasi-omniprésente durant le montage du festival, et les différents engins utilisés avaient transformé l’espace devant la scène en un véritable marécage. Un marécage qui allait s’étendre durant la soirée à toutes les zones vraiment fréquentées par les festivaliers… Durant la matinée du jeudi 17, le bruit courait même que Massilia Sound System ne voulait pas jouer pour des raisons de sécurité liées aux intempéries… Après l’annulation en décembre par Micropolis, ça aurait vraiment été un comble.

Finalement les concerts débuteront à l’heure prévue avec Miss Jelly (MP3 à la fin de l’article), qui jouera non pas dans l’Arena comme prévu, mais sur la grande scène. Ce n’est pas forcément un cadeau pour elle, car jouer sur la grande scène quand la plupart des spectateurs ne sont pas encore arrivés doit donner à l’artiste l’impression de jouer devant un public très clairsemé. L’arena a au moins le mérite de resserer les gens. Je ne sais pas si c’est sous l’effet de sa musique, mais la pluie décide de s’arrêter comme par enchantement vers le début de son concert, pour ne reprendre que par intermittences et s’arrêter définitivement à la tombée de la nuit. Pour parler de sa musique, qu’elle définit elle-même comme New Soul, Hip Hop et Afrobeat, on peut dire qu’elle constitue une intéressante découverte.

Ensuite, c’est la Comedia Provencala, ce spectacle réunissant Massilia Sound System et les formations issues des membres du groupe, qui démarre sous l’Arena. C’est un peu le monde à l’envers mais on s’en moque pas mal. Les chansons Marseillaises pleines d’humour de Moussu T e lei Jovents nous apportent le Soleil dans les oreilles à défaut de l’avoir dans le ciel, puis Papet J & Soleil FX enchainent dans le même esprit mais avec un son plus électronique, oscillant entre Reggae, Ragga, Dub et Drum & Bass.

Oai Star

La suite de la Comedia se passe sur la grande scène avec Oai Star. L’esprit est toujours le même et l’humour omniprésent (notamment l’autodérision du morceau « Le beat, la guitare et les voix »), mais cette fois on a droit à un Rock festif et puissant qui dépassera même la prestation des Wampas l’année précédente. Le moins qu’on puisse dire est qu’ils mettent le feu, et d’ailleurs un fumigène jaillira même du public et illuminera le site tel un stade durant un certain temps.

C’est donc dans une ambiance survoltée que commence le concert de Massilia Sound System qui, fidèles à eux mêmes et à leur réputation, ne nous décevront pas et offriront même le pastis au public.

Massilia Sound System

La Comedia Provencala, c’est donc quatre genres différents, mais un esprit identique : Marseillais (allusions au football et notamment à la récente défait de l’OM contre Sochaux, pastis, traditions locales…), engagé (pour l’environnement, contre un certain personnage politique manipulateur ou encore pour une certaine herbe…), et tout simplement festif. Bref, un show qui valait à lui seul largement le déplacement et le prix d’entrée.

Après cela, les trois groupes Pop / Rock que sont Rhesus, The Servant et Austin Newcomers me paraissent bien fade. J’écoute d’une oreille distraite et je finis par rentrer après quelques chansons des Servant.

Le deuxième jour

Le deuxième jour aurait pu s’appeler le « Festival de la Paille » si le nom n’avait été déjà pris. En effet, il a fait beau durant la journée, et la boue a judicieusement été recouverte de paille, ce qui donne à l’ensemble une sympathique odeur campagnarde.

Taste in Vibes

L’entrée en matière est agréable et entrainante avec Taste In Vibes sous l’Arena et son Ska qui n’est pas sans rappeller celui de Two Tone Club lors de l’édition précédente, avec en plus l’intervention d’une chanteuse sur certains titres. Après eux joue sur la grande scène Kaolin, un groupe que je pensais n’avoir jamais entendu. En écoutant, je me rends compte que l’une des chansons m’est familière pour l’avoir déjà entendue à la radio (pourtant je n’écoute que très peu la radio). J’avoue que je ne suis pas enthousiaste, et c’est avec impatience que j’attends la fin de leur dernier accord de guitare, qu’ils font durer comme pour prolonger leur plaisir et celui d’une partie du public qui semble les apprécier tout particulièrement.

Bubble Beatz

Probablement impatients eux aussi, les Suisses de Bubble Beatz profitent de ce dernier accord pour envoyer le rythme dans un enchaînement impeccable et je rejoins l’Arena pour assister à ce qui sera pour moi, comme pour pas mal de spectateurs, l’une des révélations du festival. À gauche de la scène : un synthé, un PowerBook, et un boitier qui semble être de construction artisanale. À droite, une batterie. Et au milieu, suspendus et accrochés à une structure métallique, un tas d’objets en tous genres allant d’un morceau de tôle ondulée à une jambe de mannequin de vitrine en passant par les incontournables futs et casserolles. Les musiciens sont trois. Deux percussionnistes se promènent sur la scène pour exécuter différents rythmes à l’aide de la batterie et des divers objets. Leur synchronisatione est remarquable. L’un deux prendra même un didgeridoo qu’il utilise tantôt de façon traditionnelle, tantôt pour faire du beatbox dedans. Pour couronner le tout, une sorte de savant fou en blouse blanche avec des lunettes de protection s’affaire sur les machines et le synthé afin de jouer des mélodies et de créer des rythmes en mettant en boucle en direct les sons joués par ses deux compères. Musicalement tout cela sonne très électronique, souvent proche de la Drum & Bass, et le spectacle est époustouflant. C’est surement l’un des meilleurs moments du festival. Ils finissent par leur morceau « 2 Steps inside » dont la fin rappelle le « Dooms night » d’Azzido Da Bass. Le savant fou en blouse blanche jette ses lunettes dans la foule et nous regrettons que ça soit déjà fini.

Al Griffith

Mais nos regrets s’estompent vite puisque commence sur la grande scène le Reggae des Gladiators,une véritable légende du genre, pour un concert d’une grande qualité. C’est la belle voix de la chanteuse Zema qui retentit tout d’abord au début du concert avant d’accueillir Al Griffith, le chanteur principal du groupe, qui a succédé à son père en 2004. C’est un grand moment de Reggae auquel on assiste. Mais après la paix et les « Yes ! » des Jamaicains, place au déchaînement !

Le Metal de Zanji rententit dans l’Arena, et au vu du nombre de métalleux présents ce soir là pour Gojira, il connaît un certain succès. Commencent donc les pogos et les spectateurs portés par la foule… jusqu’à ce que l’un d’entre eux attérisse sur scène… puis un autre, et encore un et c’est finalement un flux incessant de spectateurs qui montent sur la scène pour mieux sauter immédiatement dans la foule.

Les hostilités continuent avec Gojira sur la grande scène. Et même si je n’écoute quasiment jamais de Metal, je ne peux m’empêcher d’apprécier leur son énorme, profond et puissant. Les pogos continuent et les amateurs du genre sont ravis.

Underground Resistance

Après eux, c’est à nouveau sous l’Arena que ça se passe, pour ce que j’attendais le plus : Fabrice Lig et DJ 3000. Il est déjà rare d’entendre de la Techno de Detroit ici, alors quand ce sont deux représentants du genre qui viennent mixer, ça relève de l’évènement. Leur mix mettra un peu de temps à démarrer réellement, d’autant plus que le son n’est pas terrible au début (craquements dans les mediums, et basses trop élevées par rapport au reste). Mais heureusement, cela ne dure pas et on est vite entraîné par leur set qui se finira en apothéose avec New Order, Jaguar ou encore Audion, Kraftwerk et l’acapella du cultissime Transition pour clore le mix.

Le troisième jour

Le troisième jour, la météo est toujours clémente et c’est Somadaya qui commence avec une douce Pop électronique et une voix comparable à celle d’Émilie Simon. Même si ce groupe local existe depuis un certain temps, ce fut pour pas mal de monde la seconde révélation du festival avec les Helvètes de la veille.

Ensuite, Stuck In The Sound joue sur la grande scène un Rock énergique mais qui n’est pas vraiment ma tasse de thé, puis on se dirige vers l’Arena pour Babet.

De jolis sifflements d’oiseaux s’échappent des platines du DJ situé à gauche de la scène sur laquelle entre Babet, qui sera le second et dernier moment calme de la soirée après Somadaya, même si elle donne une dimension un peu rock à ses chansons en live. Il est vraiment dommage par contre que des percussionnistes arborant les trois lettres KRO (ils en avaient peut-être trop consommé) aient cru bon de venir montrer l’étendue de leur talent non loin du chapiteau à ce moment là, ce qui semble gêner un peu la chanteuse et crée un fond sonore désagréable pour les spectateurs écoutant le concert.

Queen Adreena

Ensuite, Queen Adreena entre sur la grande scène. Une fille à l’allure fragile entre sur scène vêtue d’une robe très légère mais l’impression de fragilité s’estompe vite lorsqu’elle prend le micro pour hurler sa rage sur fond de guitares saturées, en accompagnant ça par une attitude provocatrice, sexy et déjantée. Ce n’est pas le moment que je préfère et son jeu de scène très sexuel me laisse de marbre, mais c’est loin d’être mauvais pour autant et les amateurs du genre sont là.

Ensuite, ce sont les Nez À Foot qui jouent sous l’Arena. Leur spectacle kitschissime est très drôle au début, mais paraît un peu long sur la durée d’un concert.

Le dernier groupe à passer sur la grande scène sera Rinôçérôse. Nul n’est prophète en son pays et s’ils jouissent d’une certaine notoriété à l’étranger, on ne peut pas dire qu’ils soient très connus du grand public ici. Une chose est certaine, leur live électronique lorgnant du côté du Rock est excellent et encore une fois les amateurs ont répondu présent.

DJ Zebra

Et enfin, pour cloturer le festival, c’est DJ Zebra (MP3 à la fin de l’article) qui s’installe dans l’Arena pour nous mixer ses fameux bootlegs qui vont chercher autant du côté du Rock que de l’Electro ou encore de la Soul ou du Disco, le tout enchaîné par un DJ qui est un véritable showman : non content de mixer d’une façon dynamique, il chante ou lance des exclamations dans le micro, saute dans tous les sens, coupe le son pour de vrai sur Katerine, prends même sa guitare à un moment donné pour jouer live le couplet d’un de ses bootlegs. Une cloture de festival qui réunit tout le monde, du b-boy au fan d’Electro en passant par les rockers, pour abolir les frontières musicales sur un dancefloor déchaîné.

En conclusion, trois jours de festivals excellents, avec une météo clémente que le déluge qui s’abattait sur les lieux jusqu’à l’heure du premier concert ne laissait pas présager. Seul bémol, même s’il est loin d’être négligeable pour l’organisation, les entrées furent moins nombreuses qu’espérées, probablement en partie à cause de la météo de la journée pour le jeudi. Mais pour ceux qui étaient présents, ce fut une programmation musicale éclectique et de qualité, de grandes têtes d’affiches et de belles découvertes.

Que demande le peuple ? De l’Herbe… en Zik !

Recommandé pour vos oreilles :
Miss Jelly nous offre 5 titres sur son site.
Les bootlegs de DJ Zebra (vérifiez les nouveautés régulièrement).

Les photos qui illustrent cet article proviennent d’un ami qui s’appelle Lamine.

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