Nous sommes le mardi 8 août et nous nous réveillons après une nuit dans un lit confortable. Ce matin, il pleut. Mais ce n’est pas grave : nous n’allons pas partir tout de suite.
Nous prenons déjà un petit déjeuner et ensuite nous nous rendons dans un local où Judith gère une vélo-école. Xavier nous a prêté les clés. Le local n’est pas très loin, et nous y sommes donc rapidement.
Ici se trouvent quelques outils que nous n’avons pas sur nous (par exemple une bonne pompe) et c’est pourquoi nous sommes venus. Je souhaite en effet réviser le vélo de Ai, car elle semblait vraiment éprouver de grosses difficultés à avancer hier.
Comme c’est un ancien local de Prévention Routière, la décoration est originale.
Mais certains détails ne trompent pas. On est bien ici chez les cyclistes.
Je révise le vélo. Tout y passe : pression des pneus, lubrification de la chaîne et du câble de vitesses, réglage de la tension de celui-ci, hauteur de la selle…
Nous faisons quelques essais sur la piste à côté du local. Il pleut encore légèrement.
Ça a l’air de rouler.
Nous remarquons dans le local l’affiche d’une exposition de photographies en plein air, sur le thème du vélo.
Malheureusement c’est un peu loin d’où nous sommes et nous ne souhaitons donc pas faire le détour nécessaire pour aller la voir. Il faudra trouver une occasion de revenir avant février 2018.
Par contre, nous souhaitons faire des courses et il y a un Croc-Nature (chaîne de magasins bio originaire de Besançon) juste à côté d’où nous nous trouvons.
En y allant, nous tombons sur les locaux d’une société que je connais bien puisque j’ai travaillé durant quatre ans avec elle lorsque j’étais technicien à l’université.
Je savais qu’elle était basée à Chalon-sur-Saône mais ce n’est pas forcément ce que j’avais prévu de visiter durant le voyage. Nous continuons notre route jusqu’au magasin, faisons nos courses et rentrons chez Judith et Xavier.
Nous préparons nos affaires. Il va falloir partir.
Au revoir, le chat…
Et au revoir Xavier.
Il est temps de parler un peu de la suite de notre itinéraire.
Comme je le disais au tout début du voyage, notre objectif est d’aller dans le sud de la France. Pour ce faire, nous avons jusqu’ici suivi l’Eurovéloroute 6. Mais il est temps de la quitter.
Pour aller vers le sud, nous avons deux solutions dans l’immédiat :
- Continuer sur la Voie Bleue qui, désormais séparée de l’EV6, longe la Saône jusqu’à Mâcon.
- Ou prendre la Voie Verte, sur une ancienne voie ferrée, qui passe par Givry et Cluny et rejoint elle-aussi Mâcon.
La première solution est la plus plate et directe, mais j’en ai déjà parcouru une partie en allant aux vendanges, et je l’ai trouvée ennuyeuse, monotone et inconfortable.
La seconde solution me paraît beaucoup plus intéressante. Il s’agit en effet d’une des toutes premières voies vertes de France, et elle est très réputée. Elle figure en bonne place sur la liste des itinéraires que je souhaite parcourir un jour.
Cette infrastructure a été réalisée à la fin des années 90, de Givry à Cluny. Le succès a été immédiat, sans doute grâce à sa qualité, mais aussi à celle des paysages qu’elle traverse et des lieux qu’elle permet de visiter. Plus tard, elle a été prolongée au sud jusqu’à Mâcon, et reliée au nord à Chalon-sur-Saône.
Hier et avant-hier nous souhaitions surtout pédaler et avancer. Aujourd’hui, nous souhaitons commencer à voir des choses intéressantes, sans attendre d’être arrivés dans le sud.
Par conséquent, nous faisons le second choix.
Les aménagements de Chalon ressemblent à du bricolage plus qu’à un réel travail d’aménagement, qu’il s’agisse de la façon dont ils sont conçu ou de leur signalisation. Néanmoins, ils ont le mérite d’être à peu près fonctionnels (si on ignore les injonctions à mettre pied à terre), de former un réseau assez cohérent, et d’être très bien jalonnés. Ce dernier point constitue une appréciable nouveauté pour moi : quand j’étais passé en 2013, ce n’était pas du tout le cas. Même pour suivre l’Eurovéloroute 6 il fallait chercher soi-même son chemin dans les rues de la ville.
Nous voici à l’entrée de la Voie Verte.
Le début de la Voie Verte n’a l’air de rien. Elle semble un peu perdue dans ce petit quartier tranquille de la périphérie de la ville. On pouvait s’attendre à quelque chose de plus visible compte-tenu de la notoriété de cet aménagement.
Mais l’essentiel est de l’avoir trouvée, et facilement en plus.
Nous sommes sur une plate-forme d’ancienne voie ferrée.
La pluie commençait à se calmer mais elle revient. Nous nous arrêtons sous un pont pour manger. Il y a très peu de monde sur la voie verte. Seulement quelques piétons et des voyageurs à vélo. Il n’y a que les itinérants comme nous qui roulons par ce temps.
Nous repartons. Il pleut toujours mais le ciel commence à se dégager. La pluie s’arrêtera progressivement au bout de quelques kilomètres et nous n’en entendrons plus parler.
À Givry, nous voici face à… un arrêt de bus. Plus de trace de la plate-forme de l’ancienne voie ferrée. C’est curieux. Mais l’aménagement continue sur le trottoir. Nous le prenons.
Voici une gare. C’est bon signe.
Sur notre gauche se trouve ce bâtiment, qui a été construit à la place de la plate-forme de la voie ferrée.
La Voie Verte entre donc dans la gare par le quai, avant de reprendre sa place normale.
Nous sommes donc à partir d’ici sur le tronçon de Givry à Cluny, donc sur l’une des premières voies vertes de France, probablement la première à avoir été désignée par ce terme.
Superbe reconversion d’une halle à marchandises.
Autre vestige ferroviaire…
En plus, c’est à vendre. Mais je pense que ce n’est pas à la portée de n’importe qui…
Prendre une photo de chaque maison de garde-barrière, et de presque chaque vestige ferroviaire visible, est un réflexe pour moi. Mais il n’est pas toujours facile de les cadrer correctement en roulant.
Après avoir pris la photo ci-dessus, je tente un nouveau cadrage en m’approchant. J’obtiens un cadrage parfait, tout en prenant garde à ma trajectoire… mais peut-être pas assez car ma sacoche avant-gauche heurte le poteau en bois au centre de la chaussée. Avant d’avoir eu le temps de comprendre ce qui se passait, mon vélo est par terre et je suis plus ou moins vautré dessus.
Je ramasse l’ensemble, remets en place la sacoche décrochée, et cadre à nouveau la maison avant de repartir. Je verrai plus tard que l’appareil n’a pas fait la mise au point correctement. La photo est totalement floue. Tout ça pour ça.
Nous arrivons bientôt en gare de Buxy.
Buxy est un nom qui m’est familier, car c’est le pseudonyme d’un développeur Debian, auteur de l’excellent ouvrage intitulé le Cahier de l’Admin Debian. Après avoir lu le livre et déjà croisé son auteur, j’ai découvert que ce pseudonyme était le nom d’un village. Un village qui a l’air joli et mériterait peut-être qu’on s’y attarde…
Une banderole dans la gare indique une exposition. Nous nous arrêtons.
L’exposition se trouve à l’intérieur de l’Office du Tourisme. J’en ai rapidement fait le tour car elle est petite. Les œuvres me plaisent. Je vous laisse en apprécier un échantillon et lire le texte de présentation de l’artiste.
Je sors de l’Office du Tourisme avec les plans de la visite du village. Il y a même un itinéraire cyclable qui relie la gare au début de la visite. Nous montons.
Première chose que nous voyons en arrivant dans le centre du village : la bande cyclable est encombrée de voitures. Des touristes indélicats ? Probablement pas, à en croire les immatriculations plutôt locales.
La visite du bourg médiéval commence.
(Note : En raison d’une fâcheuse mésaventure survenue au retour du voyage, et dont vous êtes sans doute au courant, je ne dispose plus des documents que j’avais pris à l’Office du Tourisme. Je me contenterai donc de publier les photos sans commentaires.)
Alors que nous débutons notre visite, un jeune décérébré mais motorisé tente de séduire une jeune fille en faisant le malin sur sa bruyante monture. Sa cible semble plus qu’agacée de ce manège, et nous aussi car c’est bruyant. Il finit heureusement par s’en aller.
Nous poursuivons la visite.
Je suis navré de la piètre qualité des photos, mais depuis que l’appareil a pris l’humidité en entrant en Suisse en juin je ne peux rien faire contre. Il faudra que je tente de le démonter et de nettoyer l’intérieur de l’objectif.
Puisque nous faisons la visite à pied, je pourrais faire des photos avec mon téléphone, mais je préfère économiser la batterie pour d’autres usages en cas de besoin.
(Le nom de ce garage a une consonance particulière pour les Chinois.)
Ce village est très joli. Par contre, il y a beaucoup de voitures et c’est dommage pour les photos.
De nombreuses personnes sortent de l’église. Cela explique sans doute le nombre de voitures, et notamment celles qui étaient stationnées sur la bande cyclable. Nous ne connaissons pas la nature de la cérémonie. Probablement un enterrement.
L’église est très belle.
Les maisons et les cours intérieures aussi.
Nous visitons l’intérieur de l’église.
La visite du village est terminée. Nous redescendons en direction de la gare. Nous sommes doublés par un Combi WV avec un look « rat’s » comme on dit dans le milieu. Pour les non initiés, cela désigne un véhicule en bon état mécanique (en principe…) mais l’aspect d’une épave : peinture usée, traces de rouille, etc. Malheureusement je n’arrive à le photographier que de loin et on ne voit pas grand chose.
Nous sommes dans un secteur très viticole depuis que nous avons quitté Châlon.
Nous reprenons la voie verte. Quelque chose me dit qu’elle ne suit pas exactement le tracé de l’ancienne voie ferrée. Jugez plutôt…
Après ces zigzags originaux, nous retrouvons la plate-forme ferroviaire.
Comme d’habitude, toutes les maisons de gardes-barrières ont été agrandies, mais il n’y en a jamais deux pareilles…
Voilà une reconversion intéressante pour une gare et sa halle à marchandise : l’ensemble est devenu une ferme. La halle sert de hangar pour le foin, tandis que la gare est la maison de la famille de l’agriculteur. Entre les deux figurent des hangars agricoles modernes que je ne prends pas la peine de photographier.
Nous faisons une petite pause sur un banc.
Le paysage est très joli.
Ai a envie de s’arrêter ici pour acheter du pain, mais la boulangerie artisanale n’est pas ouverte aujourd’hui.
Lors de nos voyages en Allemagne, et plus particulièrement lors du voyage à Tübingen (que je n’ai toujours pas raconté ici !), je remarquais les très nombreux Biergarten au bord des véloroutes. Cela semble se développer petit à petit en France aussi.
À plusieurs reprises, j’ai remarqué que les régimes de priorité étaient plutôt bien conçus sur cette voie verte, puisqu’on a donné priorité à la voie verte sur les chemins de faible importance, et priorité aux routes importante sur la voie verte (ce qui est logique).
Mais plus on avance, et plus je vois apparaître des croisements où ce n’est pas le cas.
Ici la voie verte comporte un stop alors qu’elle ne croise que le chemin d’accès à cette maison. La route ne mène nulle part ailleurs. C’est totalement absurde.
Et pourtant, on peut voir que la signalisation était autrefois correcte et qu’elle a été modifiée. Un riverain avec le bras long ?! Ça n’a aucun sens, en tout cas.
Nous passons à Taizé, un lieu de pélerinage religieux bien connu.
C’était la destination de Judith, l’Allemande avec qui j’avais roulé en 2013 de Besançon à Châlon-sur-Saône. Elle suivait l’Eurovéloroute 6, et pensait ensuite devoir chercher son chemin pour aller à Taizé. Je lui avais indiqué l’existence de la voie verte, car je savais que ça la conduirait près du but. Mais je ne savais pas qu’elle passait aussi près.
Il y a beaucoup de jeunes gens avec des sacs à dos, en tout cas. Taizé attire beaucoup de monde, en provenance de nombreux pays. Toutefois, un vieil article toujours disponible en ligne laisse à croire qu’ici tout n’est pas aussi rose qu’il n’y paraît. Il est intéressant d’y lire que les responsables de la communauté religieuse avaient même tenté d’empêcher la voie verte de passer ici (sans réaliser qu’elle leur apporterait du monde)…
Nous passons sans nous arrêter.
À l’approche de Cluny, la voie verte est bordée d’un chemin en sable adapté à la circulation des cavaliers.
Cluny est visible.
La fin de la journée approche, et nous souhaitons visiter Cluny. Nous nous renseignons donc sur l’existence d’un camping auprès de deux promeneurs, qui nous indiquent de continuer sur la voie verte, sans prendre la direction de la ville. De là, nous devrions trouver un camping.
Les panneaux n’indiquent pourtant aucun camping, mais nous suivons les conseils de ces personnes…
… et nous avons raison de le faire. Le camping est bien là.
Pour le rejoindre, il faut quitter la voie verte par ce passage digne d’un itinéraire de VTT. Je passe sur le vélo tandis qu’Ai passe à pied.
Nous voici au camping.
Au mur figure une carte des véloroutes et voies vertes du département. Le jeune homme à l’accueil m’en trouve une à ma demande, en allemand car il ne lui reste plus que cela. Mais cela ne me gêne pas. Je lui précise que « Ich spreche Deutsch » et ça le fait rire.
Après avoir payé, nous nous installons et passons la soirée au camping. Nous visiterons demain matin.
Bilan :
Changement de rythme aujourd’hui. Après l’étape d’hier, longue et pas vraiment passionnante, nous prenons désormais notre temps : entretien des vélos et courses le matin, et visite l’après-midi.
Le kilométrage parcouru s’en ressent, puisque nous avons parcouru 56 km, soit la moitié de l’étape d’hier, en comptant les kilomètres du matin dans Chalon et ceux de l’après-midi dans Buxy. Mais nous sommes en vacances, et c’est bien suffisant, surtout pour Ai. Il faut savoir prendre le temps d’apprécier les paysages et les lieux traversés, d’autant plus lorsqu’ils sont jolis comme aujourd’hui.
Le relief, dont je n’ai guère parlé, était moins plat aujourd’hui que les jours précédents. Toutefois, les anciennes voies ferrées ont l’avantage d’offrir des pentes adaptées aux trains, donc avec un pourcentage relativement faible, ce qui arrange bien les cyclistes chargés que nous sommes.
Mdr ! « C’est totalement absurde. »
Tu ne comprend pas que le mec n’a pas envie de se laisser emmerder, chez lui, à devoir arrêter son Hummer pour des touristes sans importance qui n’ont même pas de voiture.
J’espère que ton appareil n’a rien, parce que tes photos sont très sympas.
Bye !
L’appareil, j’ai essayé de le démonter mais je n’ai toujours pas réussi à atteindre la lentille de l’objectif pour la nettoyer. Et je ne suis pas sûr de pouvoir le remonter.
Je pense que je vais m’en retrouver un autre à l’occasion. Ça ne vaut plus grand chose.
La vélo route Vesoul – Fontenois les Montbozon date de 1980. Elle a été allongé récemment jusqu’à Loulans les forges. Elle est considéré comme l’une des plus ancienne et elle emprunte la plateforme de la ligne de chemin de fer Besançon – Vesoul. À terme elle devrait rejoindre Besançon.
Oui. Je la connais bien. Elle figure au menu de plusieurs de mes récits (Nancy 2012, Bruxelles 2014 et les Vosges en 2016).
Elle n’était pas encore allongée jusqu’à Loulans en 2012, mais c’était fait en 2014.
C’est vrai qu’elle est beaucoup plus ancienne que la « première voie verte de France » et du coup j’ignore pourquoi on dit que c’est la première.
Peut-être parce qu’auparavant on parlait exclusivement de pistes cyclables (donc théoriquement réservées aux vélos) avant de réaliser que les piétons les appréciaient aussi et qu’il valait mieux faire des aménagements mixtes (en dehors du milieu urbain où la séparation est souhaitable).