I hear music in the streets…

Du 5 au 8 octobre 2006, se tenait à Besançon la première édition du festival Musiques de rues. Évidemment j’y étais, et voici donc le récit, ni exhaustif ni objectif, du festival.

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Pas exhaustif, car il aurait été difficile, sinon impossible, de tout voir et entendre. Pas objectif car il y avait forcément des choses qui m’intéressaient plus que d’autres, et c’est évidemment celles-là qui ont retenu mon attention.

Jeudi 5 octobre.

Je retrouve un ami et nous descendons en ville. Nous faisons un petit tour par le Salon de la Musique, le dernier disquaire indépendant de Besançon, qui va, hélas, fermer ses portes à la fin du mois d’octobre. Le magasin est en soldes, mais tous les vinyles intéressants que j’avais vus sont vendus. Tant pis.

Ensuite nous nous dirigeons vers Granvelle où nous rejoignons des amis. La police et la fourrière s’activent pour dégager les lieux. Une exposition nous attire dans la cour du Palais : il s’agit de bricolages en tous genres, réalisés à partir de matériaux de récupération et qui n’ont d’autre finalité que de bouger en faisant du bruit. C’est assez sympathique.

Des fanfares arrivent de toutes parts, à pieds ou descendant des bus, et tandis que l’une d’entre elles s’installe pour jouer dans le kiosque, nous allons manger un morceau au Quick. Ce n’est pas dans mes habitudes, mais je me laisse entraîner par la bande car quelque chose se déroule juste devant : la Block party ! Graff, breakdance et DJs ! Pas mal, mais l’ambiance  a du mal à monter. La faute à la température, ou à un manque de réactivité du public qui n’est pas habitué à autre chose qu’à la soupe des FM commerciales ? De toute façon, nous ne restons pas. Nous faisons une infidélité au festival pour aller voir un film au FJT Les Oiseaux.

Pause.

Après un petit passage chez moi pour boire un coup et mixer, nous repartons direction la friche industrielle des Prés-de-Vaux où se déroulent à partir de minuit les Nuits Mécaniques, concept étonnant pour noctambule, mélangeant fanfares et DJs dans un décor surréaliste.

Nous y accédons d’abord par le grand terrain lunaire qui sert de parking, avant de passer quelques barrières surveillées par des agents de sécurité qui ont l’air moins oppressants que d’habitude (peut-être parce que l’entrée est libre).

Nous voici dans un batiment où l’on peut s’assoir, boire et manger, avec une décoration originale : une chouette projetée sur le mur, des faux poulets pendus et des fausses souris dans des boules de couleurs, le tout au dessus du public. À l’extérieur se trouve un grand chapiteau où se déroulera la programmation musicale.

Venons-en justement à cette programmation. C’est quand même pour elle qu’on est là !

Elle commence avec la Fanfara Lui Craciun, des Roumains qui nous envoient une musique surprenante, mais terriblement dansante. Et les DJs dans tout ça ? DJ Fenugrec Beat et Lasco le VJ arrivent ensuite. Côté sélection musicale, rien à dire, c’est impeccable : Hip Hop, Funk, Beakbeat… quelques véritables bombes comme le Witness de Roots Manuva ou encore Intergalactic des Beastie Boys mixé avec Daft Punk (énorme bootleg !). Côté images c’est très bien également. En revanche, le mix est inexistant. Les enchaînements cassent les rythmes et coupent les morceaux au mauvais moment. C’est dommage car sans ça le show aurait été très bon.

Mais ne nous plaignons pas, nous venons quand même d’entendre de la bonne musique et nous pouvons dormir sur nos deux oreilles repues en attendant le lendemain.

Vendredi 6 octobre.

Ça commence mal : un ami malade, les autres je ne sais où, et ma copine qui n’a pas envie de sortir. C’est donc seul que j’aborde une soirée qui restera gravée dans ma mémoire...

Commençons par le début : de passage à la Gare d’eau durant l’après-midi pour une formalité administrative, je décide d’aller faire un tour au Jardin d’attraction sonore qui s’y tient dans le cadre du festival. Je découvre ainsi les créations diverses et variées d’un tas de bricoleurs des sons que je n’énumèrerai pas, car je ne suis ni exhaustif, ni objectif rappelons-le. Mais parmi elles, il y en a une qui attire mon attention : le Hurl-O-Matic.

Hurl-O-Matic

Je passe devant cette machine qui m’interpelle. Au sens figuré, par son look bizarre entre ferraille et high-tech, mais aussi au sens propre : elle me parle et me dit d’approcher. Je n’ose refuser. Qui sait de quoi elle est capable ? J’appuie sur un gros bouton rouge. S’ensuit alors un dialogue surréaliste entre la machine et moi-même, au cours duquel je suis invité à faire des choix en chantant des mélodies ou en répétant des phrases, à crier, à faire un concours d’insultes stupides voire même à laisser un message aux extra-terrestres (j’opte pour un Houba simple et efficace).

Désireux d’en savoir plus, car ce petit port USB dans un coin m’intrigue, je m’approche d’une créature à l’apparence humaine. Ouf, ce n’est pas une autre machine. Il s’appelle Alain et avec son complice Antoine ils fabriquent des machines bizarres en rapport avec le son et la musique. J’engage la conversation, et il suffit d’une phrase pour capter toute mon attention : « Oui, il y a un ordinateur dedans, sous Linux. » Nous sommes faits pour nous entendre !

Après une longue discussion et moultes explications à propos du logiciel libre Pure Data, il achève de me convaincre en sortant un pupitre de commandes fait-maison avec des boutons et des boîtes en fer. C’est avec ce pupitre qu’il me montre comment administrer la machine avant de se lancer dans un live electro improvisé et étonnant.

Toutes les bonnes choses ont une fin et je dois rentrer manger. Je ne veux pas louper la seconde édition de la Block Party avec ce soir DJ Dee Nasty aux platines.

La Block Party ? Autant le dire tout de suite, si les graffitis et les performances des danseurs valaient vraiment le coup d’oeil, Dee Nasty n’a pas été à la hauteur de mes attentes : bonne sélection, certes, mais mix décevant. Apparemment les platines étaient mal réglées et sautaient dès qu’il touchait au plateau. Impossible de mixer dans ces conditions.

Après son set, j’approche derrière la scène et me retrouve sans l’avoir vraiment cherché près d’une jeune fille qui lui demande un autographe. Il lui signe et me serre la main tout naturellement. Il a l’air sympa.

Après cela, je me dirige vers la place de la Révolution où joue un groupe dont je n’ai pas relevé le nom (pas exhaustif, tout ça…). J’écoute vaguement le concert, puis je descends au bord du Doubs pour flâner un peu. Je discute avec des gens qui ne savent pas non plus qui joue. Je trouve un euro par terre et bois un verre de jus d’orange.

Vers 23h, il commence à pleuvoir. Je décide alors de partir pour les Nuits mécaniques. En arrivant, je vois l’équipe de Radio Campus et j’échange avec eux quelques mots au sujet de la programmation de la veille et du jour même. On m’annonce qu’il y aura ce soir dans le batiment des DJs qui mettront de la musique plutôt calme, lounge, tandis que le reste de la soirée se passera comme la veille sous le chapiteau. Je m’installe pour lire dans un coin en attendant que ça commence.

Je croise Tjok aka Utokan aka Madma, le DJ bisontin aux mille pseudos, et je vois au fond de la salle trois DJs s’installer avec leurs vinyles et leurs platines. Quelques CD de Trax traînent sur la table. Il n’en faut pas plus pour que j’engage la conversation. Quelqu’un amène la table de mixage et ils commencent à mixer. Ça commence house calme, minimale et ça dure comme ça pendant un moment. Les gens commencent à arriver, et ne semblent pas prêter vraiment attention au mix, à part quelques connaisseurs comme Nedim et B-Kit qui sont venus écouter.

Mais très vite, tout s’affole. Des gens arrivent en masse, dansent, crient, sifflent. L’ambiance monte d’un coup et explose. Les DJs suivent le mouvement et jouent désormais un son puissant, techno et electro-tech. Ils ont l’air de s’éclater et moi aussi. Ils ne relâcheront pas la pression avant 3h du matin. Quand je leur demande s’ils sont encore là le lendemain, ils me répondent que oui. Ils seront sur la scène, sous le chapiteau. C’est alors que je comprends que je viens de passer la soirée en compagnie de Noirdegout.

Noirdegout

Les Noirdegout dont les maxis ont été joués par des gens comme Laurent Garnier ou Dave Clarke. On a connu pire comme carte de visite ! Je me doutais bien que je finirais par rencontrer ce duo électronique bisontin, mais je n’imaginais pas que cela aurait lieu dans d’aussi bonnes circonstances. Cela restera sans nul doute l’une de mes meilleures soirées à Besançon, alors qu’au départ ils étaient juste là pour assurer un fond musical.

Et la programmation du chapiteau principal ce soir-là ? Aucune idée ! Il y a des moments où l’on n’a pas envie d’aller voir ailleurs. J’ai même appris le lendemain qu’une installation avait explosé ce soir là, à quelques mètres seulement d’où j’étais. J’avais effectivement entendu une détonation, mais je n’ai pas cherché à comprendre…

Je remercie Noirdegout, et le troisième DJ qui s’appelle Sam. Ils le méritent. Je leur dis à demain. En partant, je trouve un jeune homme qui me demande de l’emmener chez lui en voiture car il pleut. Après une soirée pareille, je ne peux qu’accepter. Ça sera ma bonne action du soir.

Samedi 7 octobre.

Après  la soirée de la veille, le samedi fera pâle figure. Il ne commence pourtant pas si mal : j’ai retrouvé ma bande de potes à peu près remise en état, et je l’emmène voir le Hurl-0-Matic. Puis nous assistons au concert de Quelques Fiers Mongols, une fanfare qui reprend la musique de Led Zeppelin. C’est original. Cela nous amène ensuite autour d’une table, sur une terrasse de la Place de la Révolution, pour siroter des bières tout en écoutant les concerts d’une oreille distraite. Enfin, nous partons à nouveau pour les Nuits Mécaniques qui s’annoncent une fois encore exceptionnelles.

Mais…

Arrivés là-bas, un DJ de Radio Campus commence à jouer Soul et Funk dans le bâtiment. Ensuite la fanfare de jeudi soir fait irruption et met une ambiance de folie. Il faut dire qu’il y a du monde, beaucoup de monde, trop de monde. A l’extérieur, les voitures de police arrivent…

Le groupe Hot 8 Brass Band commence à jouer tandis que les forces de l’ordre empêchent le public d’entrer. Le site contient déjà le double de sa capacité et il y a encore autant de monde sur le parking. La tension est palpable. Le groupe arrête de jouer. Le DJ aussi. Au micro, on nous donne rendez-vous le lendemain à 18h sur la Place de la Révolution pour le concert du Hot 8. Tout le monde se regarde. On ne veut pas y croire mais les autorités viennent de mettre fin à la fête. Pour Noirdegout, ça signifie tout simplement qu’ils ne joueront pas. On devra donc en rester au souvenir excellent de la veille, et rentrer chez nous. Le seul problème pour mes potes, c’est que le souvenir de la veille est uniquement dans ma tête. Ils auraient dû être là hier. Les absents ont toujours tort.

Finalement, on ira boire un coup le dimanche 8 octobre sur la Place de la Révolution après être allés entre amis à la bourse aux disques de Micropolis. Nous écouterons le Hot 8 Brass Band, ainsi que la fanfare Lui Craciun, encore une fois.

Bilan

Il y en avait pour tous les goûts ou presque lors de ce festival. Je dois avouer qu’au premier abord, il ne m’avait pas vraiment enthousiasmé, et pourtant j’y ai vécu l’une de mes meilleures soirées musicales. On répondra présents pour la prochaine édition.

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