Nous sommes le dimanche 17 juillet. Le stage mécanique s’est terminé, et il est temps de rentrer chez moi comme je suis venu, et donc à vélo.
J’avais envisagé principalement deux scénarios possibles pour le retour : soit rentrer par le Territoire de Belfort, soit gagner l’Alsace et aller faire un petit tour en Allemagne avant de rentrer. Ça fait en effet assez longtemps que je ne suis pas allé à Freiburg-im-Breisgau et cette ville me manque un peu.Mais pendant le stage, j’ai réfléchi : si je vais à Freiburg, que vais-je y faire ? Je vais arriver, aller au Biergarten, dormir une nuit en camping, et après ? Je n’ai rien à faire sur place. J’ai demandé à Ai, avant de partir, si elle avait envie de prendre un train et de me rejoindre là-bas, mais elle a décliné ma proposition car elle voulait travailler.
Alors au moment de partir, c’est vers l’option Belfortaine que je me tourne.
Tandis que les dernières 403, celles de nos deux profs, viennent de partir, je regarde les itinéraires possibles grâce à Google Maps, sur l’ordinateur d’Alain.
Je souhaite passer par Remiremont afin de tester une voie verte que je n’ai jamais parcourue. Elle part de Remiremont, sur une ancienne voie ferrée, et se divise ensuite en deux parties : une partie nord qui va jusqu’à Cornimont via Vagney, et une partie sud qui va jusqu’à Bussang via le Thillot. Ces noms seront familiers à certains lecteurs, et notamment aux deux avec qui je me suis rendu à Vagney en avril dernier.
Depuis Remiremont, Google m’indique qu’il est possible de rejoindre Belfort en prenant cette voie verte, partie sud, puis en la quittant 10 km avant Bussang pour partir vers le sud.
L’itinéraire est principalement plat au début (faux-plat montant), et à la fin (faux-plat descendant). Entre les deux, il y a une « petite » bosse : le Ballon d’Alsace. Il faut bien ressortir de la vallée d’une façon ou d’une autre…
L’itinéraire comporte donc 750 m de dénivelés positifs, qui correspondent quasi-exclusivement au Ballon d’Alsace.
Je choisis cette solution, en sachant bien évidemment que je ne suis pas certain d’arriver à Belfort ce soir, pour plusieurs raisons :
- il est pas loin de 15 heures,
- l’itinéraire jusqu’à Belfort fait 80 km depuis où je suis (60 depuis Remiremont),
- le Ballon d’Alsace ne va pas se monter rapidement,
- et en plus, je dois passer voir une vieille connaissance avant de quitter le secteur.
Je me réserve donc le droit d’improviser. Je ne sais pas, de toute façon, où je vais dormir. Je suis donc libre de mes mouvements.
Je remballe ma tente, recharge mes bagages sur mon vélo et me voici prêt à partir.
Pendant ce temps là, Alain et sa femme partent eux aussi, en 403. Ils se rendent à un rassemblement à Contrex.
Après leur avoir dit au revoir, me voici à mon tour sur la route.
Je n’ai pas pris exactement la direction de Remiremont (qui me ferait repasser par Le Boulay) mais une autre route, celle de Tendon. C’est là-bas que je dois aller voir une vieille connaissance…
Il fait très beau, et les paysages Vosgiens sont très jolis.
Il y a de belles maisons, dans tous les états, de la plus délabrée à la mieux rénovée.
Les anciennes fermes ici ne sont finalement pas si différentes de celles du nord de la Haute-Saône, qui elles-mêmes ne sont pas si différentes de celles du nord de Besançon. Par contre, la couleur de la pierre est très différente. Ici, il s’agit du fameux grès des Vosges.
Par ailleurs, si les fermes sont relativement proches, les autres édifices (grosses bâtisses, édifices religieux…) sont assez différents de ce qu’on trouve en Franche-Comté.
Après quelques kilomètres de faux-plat montant, j’aborde un faux-plat descendant sur lequel j’avance bien.
Ayant suivi jusqu’ici des petites départementales tranquilles, me voici sur une route à fort trafic. Mais pas pour longtemps : j’entre rapidement dans Tendon.
Je vais enfin rencontrer ma vieille connaissance en vrai. Je ne la connais que depuis un an environ, et uniquement via internet. Mais elle a un certain âge, donc je peux me permettre de la qualifier de « vieille ».
À l’entrée du village, je vois tout d’abord ceci :
Puis ceci :
Et voici enfin celle que je suis venu voir. Elle trône devant la brocante.
Cela fait un an que je la vois en vente sur Leboncoin. Le prix baisse régulièrement. Elle est en bel état au premier abord. J’aime bien les voitures dans leur état d’origine, jamais refaites…
Mais quand on s’intéresse à une 403, il faut regarder les détails, et surtout les dessous.
Les bas de caisse et les bas de portes laissent apparaître quelques petits trous… mais quelle est cette lumière sur les graviers sous la voiture ?
Je fais le tour.
Là, c’est bien troué…
Je me couche dans les graviers, et regarde dessous.
Vous comprenez maintenant d’où vient la tache de lumière sous la voiture ?
C’est dommage, car quand on s’éloigne elle paraît vraiment en bon état.
Encore une ou deux photos, histoire de ne pas oublier de détails.
Au niveau de l’intérieur, il est difficile de faire des photos. L’intérieur semble toutefois complet, mais usé (le ciel de toit est déchiré).
J’hésite… J’entre dans la brocante, ou pas ?
J’entre.
Le magasin est très joli. Il y a de beaux meubles anciens, des jouets, des petites voitures… Ça faisait un moment que je n’étais pas entré dans une jolie brocante comme celle-ci.
C’est une dame qui tient le magasin. Elle m’explique qu’elle n’est pas la propriétaire mais qu’elle le remplace. Concernant la voiture, elle sait me dire qu’elle roule régulièrement, et qu’elle sait que tout le dessous est à refaire mais que le reste est en bon état (ce qui confirme mon impression).
Elle me propose d’appeler le propriétaire, mais je suis pressé. Si je veux discuter de la voiture, je pourrai lui téléphoner.
En fait, je n’envisage pas vraiment l’achat pour l’instant, mais je me suis dit qu’il serait bête de passer aussi près de Tendon et de ne pas faire le détour pour aller la voir. Si elle est toujours en vente le jour où j’aurai pu m’acheter une maison, je pense que je viendrai la chercher. Je referai ensuite tout le bas de la voiture à neuf, avec de la tôle neuve, de la vraie soudure au MIG (et pas de la brasure), fiabiliserai la mécanique si nécessaire, et je laisserai tout le reste dans son état d’origine.
Mais pour l’instant, je n’en suis pas là. Je dois déjà trouver une maison.
Et aujourd’hui, je dois surtout continuer ma route.
Me revoici sur la route à fort trafic qui m’a amené dans Tendon, en sens inverse.
Je vais la suivre jusqu’à Docelles, puis suivre la direction de Jarménil et ensuite repartir plein sud direction Remiremont. Si vous regardez sur une carte, vous constaterez que cela constitue un détour, mais c’est globalement descendant alors que si je passais au plus court je devrais passer un petit col. Or, si mes douleurs aux genoux ont disparu depuis jeudi, je n’ai pas envie qu’elles reviennent trop vite. Ça serait quand même un comble d’attraper une tendinite en sortant de Tendon…
Ceci n’est pas un chemin rural mais une bretelle entre la départementale importante et une plus petite :
J’aperçois un J9 (ou un J7) au fond d’un champ, mais il m’est impossible de m’en approcher sans pénétrer sur une propriété privée.
(Sur la photo, il est en bleu ciel, entre la remise en bois et la pile de bois.)
J’aperçois entre les arbres un morceau d’autorail ou de wagon, qui semble servir d’habitation :
Une route en béton. Jusqu’ici, je n’en avais jamais vu en France (à part sur des petits chemins, et rarement).
Gare de Pouxeux.
Je suis toujours dans la direction de Remirement, enchaînant petites rues, petits chemins, routes à faible trafic, parfois parallèles aux 4 voies de la RN57.
Le point commun entre ici et Besançon, c’est qu’il suffit de suivre la RN57 pour se rendre à Vesoul.
L’itinéraire n’est pas désagréable mais parfois un peu…
À l’approche de Remiremont, je dois emprunter un bout de départementale importante, mais bordée de bandes cyclables. C’est plutôt agréable. Le trafic est largement supportable compte-tenu des bandes.
Les bandes s’arrêtent. Je franchis un petit échangeur.
Ici, on a pris la peine, sous les gros panneaux, d’en mettre deux petits pour les engins agricoles (à gauche), et pour les cyclistes (à droite).
Mais après avoir suivi les panneaux pour vélos, je me trouve face à ce qui ressemble à un cul de sac, à moins d’entrer sur la nationale à 4 voies (interdite aux vélos).
Ah non. Il fallait regarder sur la gauche, dans le talus le long de la nationale. Un petit panneau pour vélo montre un passage étroit.
Je l’emprunte.
C’était un bon tuyau.
Plus qu’une petite descente et je traverse Remiremont.
J’ai vu sur Google Maps que la voie verte démarrait près de la gare (ce qui est logique pour une ancienne voie ferrée). Je suis donc les panneaux qui indiquent cette dernière, car quand je peux éviter de m’arrêter à tous les carrefours pour vérifier mon itinéraire, j’avance plus vite !
Je finis par tomber sur ceux-ci :
Je ne sais pas à quoi correspond le « B1 ». Je n’en ai pas vu d’autres.
Je prends la direction de la voie verte, et je tombe sur cette grosse blague :
Je ne sais plus qui m’a dit « les fabricants de panneaux sont prêts à fabriquer n’importe quel panneau si un client le demande, peu importe qu’il soit réglementaire ou non ».
Mais quand même, mélanger ainsi zone 30 et zone de rencontre, il fallait y penser.
C’est un coup à tomber dans le panneau…
Voici l’entrée de la voie verte. Je m’y engage.
Nouvelle grosse blague :
Je suis songeur. Je me demande quand est-ce qu’on daignera arrêter de faire n’importe quoi en matière de signalisation le long des itinéraires cyclables. Comment peut-on envisager qu’un jour les cyclistes respectent le code de la route, si 80% de la signalisation verticale qu’ils rencontrent est soit non réglementaire, soit à ignorer sous peine de ne pas pouvoir circuler…
Au moment même où je me fais cette réflexion, je tombe sur ce panneau qui rappelle, comme pour se moquer de moi, que nous sommes « soumis au code de la route ».
Si j’avais respecté le panneau B0 que je viens de croiser, je ne serais même pas arrivé jusqu’ici… Ou alors à pied.
Je continue ma route. En dehors de cette signalisation délirante, la voie verte est agréable.
Je peux bien évidemment reconnaître d’anciens ponts ferroviaires, d’anciennes maisons de gardes barrières et d’anciennes gares.
C’est quand même assez agréable d’évoluer par ce beau temps sur un itinéraire relativement plat, au milieu d’un paysage très vallonné et tout aussi joli.
J’arrive bientôt à l’endroit où la voie verte se divise en deux.
Au lieu d’une simple patte d’oie, je trouve un véritable giratoire, juste pour les usagers non motorisés ! Amusant !
Et alors que cette voie verte manquait jusqu’ici de panneaux indicateurs, ici on a mis les grands moyens !
Je crois que je n’ai jamais vu autant de panneaux pour les cyclistes à un seul endroit, même à l’étranger !
Je me demande pourquoi ils ne font pas aussi bien le long de la véloroute Charles le Téméraire où il n’y a aucun panneau à partir du moment où on entre dans les Vosges.
Me voici sur la branche sud, direction Rupt-sur-Moselle et Bussang (entre autres… je ne vais pas énumérer le contenu des panneaux !).
Une friche industrielle reconvertie en habitations :
Tout à coup, j’aperçois ceci dans un petit village :
Il manque quelques morceaux, mais j’ai l’impression qu’une restauration serait envisageable.
Dans Rupt-sur-Moselle, je fais une petite pause. J’ai déjà pas mal roulé depuis mon départ.
C’est la première fois que je passe ici, mais je connais le nom de cette commune depuis longtemps. J’avais en effet une amie qui était originaire d’ici. Elle s’était mise en couple avec un autre de mes amis, et à une époque nous étions assez proches (ils ont vécu à Besançon).
Un jour, leur couple s’est hélas séparé. Depuis, j’ai revue cette amie une seule fois : elle était venue dormir à la maison quand nous habitions rue de Belfort. Je n’ai quasiment eu aucune nouvelle depuis.
J’aimerais bien la revoir.
Je prends le temps de chercher son nom dans l’annuaire. Je ne trouve rien. Je ne retrouve que le nom de son père, dans une commune proche de Rupt mais pas à Rupt même.
C’est dommage.
Je réfléchis à la suite de mon itinéraire.
Il était déjà 18 heures lorsque je me suis arrêté, et il est bientôt 18h30.
Il est désormais clair que je ne serai pas à Belfort ce soir.
Par ailleurs, je voulais découvrir cette voie verte, et je suis content d’en avoir parcouru une bonne partie, mais au final je ne tiens pas plus que cela à aller jusqu’au bout.
Je décide de demander à Google Maps la direction de Rougemont, dans le Doubs.
Pourquoi Rougemont ?
Parce que Rougemont est relativement proche de Baume-les-Dames, et donc de chez mes parents. Et je sais que quand on rentre d’ici en voiture en direction de chez mes parents, on passe à côté.
Par ailleurs, Rougement est également proche de Montbozon et de Loulans, autrement dit deux communes depuis lesquelles je peux suivre un itinéraire cyclable jalonné jusqu’à Besançon.
Cela veut dire qu’en suivant la direction de cette commune, je suis dans la bonne direction pour rentrer, tout en me laissant la possibilité de choisir, demain, entre monter chez mes parents et rentrer à Besançon.
Je poursuis mon trajet.
Depuis que je suis sur cette voie verte, je n’ai vu aucun voyageur à vélo, mais j’ai vu beaucoup de cyclistes en balade et également des piétons.
À un croisement, j’ai la surprise de voir ceci :
J’en suis désormais sûr et certain : le département de Haute-Saône est venu jalonner ses itinéraires jusque dans les départements voisins, et parfois assez loin.
À Selles, à l’aller, j’avais pris en photo des panneaux qui jalonnaient, entre autres, un itinéraire vers la Voie verte des Hautes-Vosges. Me voici donc à l’autre extrémité de l’itinéraire en question. Quelque chose me dit qu’il ne doit pas être de tout repos, car il doit comporter quelques cols. Il faudrait que je le teste un jour… Et ça sera l’occasion d’aller jusqu’au bout de la voie verte que je m’apprête à quitter ce soir.
Pour l’heure, je continue ma route. Pour rejoindre Rougement, Google Maps me propose de quitter la voie verte quelques kilomètres plus loin.
Ces demi-barrières serrées sont plutôt contraignantes.
Par contre, elles constituent un support idéal pour faire la promotion d’un site qui fait la promotion de la voie verte (la boucle est bouclée).
Si je reviens ici, je penserai à consulter ce site qui semble comporter pas mal d’informations sur les lieux à visiter dans le secteur.
Me voici arrivé là où Google me dit de quitter la voie verte.
Ce joli chemin non revêtu fait quelques mètres, puis je traverse une petite route et commence l’ascension d’un col, sur un revêtement plutôt lisse.
Ça monte fortement.
D’après Google Maps, je m’apprête à franchir quelques 300 mètres de dénivelé positif en 4 kilomètres. Cela fait du 7,5% de moyenne et ce n’est donc pas si énorme, mais il y a des passages beaucoup plus raides que cela, et avec un chargement on les sent passer.
À titre de comparaison, c’est moins haut et moins long que le Ballon d’Alsace, mais plus raide (il est à 5,2% en moyenne).
Je remarque qu’il est possible de rouler à une vitesse trop faible pour être affichée par mon compteur :
La vitesse la plus faible que j’arrive à lui faire afficher avant qu’il tombe à zéro est 3,9 km/h.
Même dans ces hauteurs, il y a encore de belles fermes. Aujourd’hui, il y a des voitures, mais ceux qui ont construit là-haut à l’époque où elles n’existaient pas avaient du courage.
Si Google Maps m’affiche le profil altimétrique de mon itinéraire, il ne m’indique pas où je me trouve par rapport à ce profil. J’affiche donc les courbes de niveau pour savoir jusqu’à quel moment je dois encore monter.
Tout à coup, je passe encore une maison et j’ai ceci devant moi :
Je n’avais pas envisagé cela. Je pensais que tout le col serait sur des petites routes revêtues.
En plus, c’est toujours aussi raide.
J’aurais la puissance nécessaire pour monter sur le vélo (c’est ce que j’ai fait jusqu’ici), mais avec les cailloux qui roulent sous les pneus, ça devient vite impossible. Me voici à pied, à pousser ma monture et son chargement.
L’avantage, c’est que ça fait un peu moins travailler les genoux, et beaucoup plus travailler les bras. C’est un bon exercice.
Le bois renferme de nombreux taons (d’où l’expression « Taon les Vosges »). Je dois, en plus de pousser mon vélo, être attentif à leur présence et m’en débarrasser dès qu’ils se posent sur moi.
Tiens un passage à gué.
J’en ris, car comme le dit le proverbe : si tu passes un gué, ris donc.
Le paysage me rappelle qu’en très peu de temps j’ai pris beaucoup de hauteur. Tout à l’heure, j’étais au fond de la vallée, et je voyais les montagnes couvertes de sapins autour de moi. Maintenant, je devine la vallée à mes pieds, derrière les sapins.
Vu les efforts que je fournis pour pousser mon vélo, ma tente se sent obligée d’alléger mon vélo.
Mais j’ai encore besoin d’elle alors je la ramasse.
J’arrive bientôt près d’une petite maison, entourée de végétation.
Elle a l’air abandonnée, mais quand j’approche d’elle elle est bien fermée. Sinon, ça aurait pu être ma demeure d’un soir.
Je continue mon ascension.
Je pousse un soupir de soulagement. Me voici en haut.
Un coup d’œil à la carte…
Non, je ne suis pas en haut !
Si je continue devant moi, je redescends (en direction de chez cette Mme Creusot que Google m’affiche).
Mais en fait, je dois prendre le chemin qui part vers l’ouest, sur ma droite, presque derrière moi.
(Je note qu’entre le chemin d’où j’arrive, et celui que je dois prendre, Google m’indiquait un raccourci de quelques mètres qui n’existe tout simplement pas.)
Je poursuis donc mon ascension.
J’arrive à refaire quelques mètres sur le vélo car cela monte moins, mais c’est de courte durée : impossible de franchir ces racines avec un vélo chargé.
En VTT, cela passerait.
Quelques dizaines de mètres plus tard, me voici sur une pente plus douce, et sur une bande d’herbe bien roulante. Je roule à nouveau à vélo. C’est confortable.
Sur ma gauche se trouve un champ de foin. Il faut du courage pour venir faire du foin ici, me dis-je. Sans doute que si le paysan était dans son champ, il se dirait qu’il en faut pour venir passer ici à vélo avec autant de bagages…
Je longe un étang.
J’arrive devant cette belle maison.
Cette maison me plaît bien, d’autant plus qu’en face d’elle il y a ceci :
Un bon vieux D4A, l’ancêtre de mes J7 et J9, contemporain des 403.
Ce brave petit fourgon ne reprendra hélas jamais la route.
Perdu au dessus de cette montagne, il n’a pas été vandalisé. Par contre, il a subi l’usure du temps.
Tout en prenant ces photos, je dois me battre avec des dizaines de moustiques. Cela change des taons.
Un peu plus loin, le long du chemin, cette ancienne plaque traîne par terre. J’ai envie de la prendre mais elle abrite une fourmilière alors je la laisse pour ne pas déranger ces braves bêtes.
Je m’éloigne de la maison, non sans sourire en voyant comment les murs tiennent…
Je poursuis mon chemin sur une petite route goudronnée.
Je tombe sur un second lieu insolite…
Un peu plus loin, je tombe sur ceci :
Ça veut dire que si j’avais suivi les panneaux Haut-Saônois que j’ai vus le long de la voie verte, je serais arrivé au même endroit, sans devoir gravir un chemin caillouteux et défoncé. Google Maps a vraiment de drôles d’idées, parfois.
Mais bon. Je n’aurais pas vu le D4A.
À partir d’ici, je suis sur une départementale tranquille. Je suis de retour en Franche-Comté puisque je suis en Haute-Saône. J’aurai fait un certain nombre de kilomètres dans ce département depuis le mois de juin…
Le jalonnement est toujours là.
Google m’indique de prendre à droite. Je quitte déjà la départementale. Au début, c’est goudronné.
En voyant ceci, au milieu de nulle part, je ne peux m’empêcher d’imaginer un sanglier et un chevreuil se saluer poliment tout en venant relever leur courrier…
La route que je suis n’est pas goudronnée très longtemps. Bientôt, j’arrive sur un stabilisé bien roulant et très agréable.
Depuis que je suis arrivé en Haute-Saône, j’ai passé la crête et je redescends. Mais si la montée était très raide car je sortais d’une vallée, la descente sera très douce et très progressive. Cela signifie que durant plusieurs kilomètres je vais profiter d’un faux-plat descendant, me permettant de rouler rapidement et sans effort.
Avec ce paysage et ce revêtement, c’est vraiment très agréable. J’ai l’impression d’être au milieu de nulle part. Je ne me rappelle pas avoir ressenti, au cours d’un voyage à vélo, une telle sensation de traverser la nature sauvage, sans la moindre trace humaine hormis le chemin…
Je me laisse rouler…
À un moment, je croise un VTTiste casqué et bien lancé. À peine le temps de se dire bonjour. Il doit se demander ce que je fais ici, avec un vélo de voyage.
Je ne fais pas énormément de photos car la luminosité baisse et mon appareil fait de plus en plus facilement des photos floues.
Parfois, je retrouve un bout de route goudronné.
À un endroit, je vois deux voitures stationnées, et des gens autour. Je m’arrête à un croisement pour vérifier mon itinéraire, et ces personnes en voiture me doublent.
Elles ne roulent pas vite. Je les talonne dans la descente, sur plusieurs kilomètres. Ça faisait quelques temps que je n’avais pas senti l’odeur du diesel…
Je ne me risque pas à prendre une photo.
Je repasse une petite départementale, mais Google me renvoie sur une petite route.
Depuis quelques kilomètres, je longe sans cesse des étangs. Il y en a partout (avec les moustiques qui vont avec).
J’avais déjà entendu parler du pays des Mille Étangs. Je comprends que ce surnom n’est pas usurpé. Je n’ai pas envie de les compter pour savoir s’il y en a plus ou moins de 1000.
Au bout d’un moment, les choses se gâtent un peu. Pendant de nombreux kilomètres, j’avais roulé sur des chemins pas toujours revêtus, mais plutôt roulant. Mais à un moment, je réalise à un croisement que j’ai dévié de la trajectoire donnée par Google. Je coupe par un autre chemin et retrouve celui sur lequel j’étais censé passer. Hélas, plus il s’enfonce dans la forêt, et moins il devient roulant. Je finis par rouler sur un sentier caillouteux et étroit, où on pourrait passer en VTT, en moto de cross, ou et peut-être en quad, mais même pas en 4×4.
Ce n’est pas l’idéal pour un vélo de voyage.
Comme l’itinéraire descend toujours, j’arrive à rouler sans descendre du vélo. C’est très technique, et donc pas désagréable, mais je commence à avoir peur pour mes rayons car les secousses sont parfois violente.
Par ailleurs, la nuit approche, et dans la forêt il fait vraiment sombre.
Je dévie plusieurs fois de mon itinéraire, car le GPS ne me positionne pas toujours de façon précise, et je ne peux pas me permettre de m’arrêter à chaque croisement avec un sentier pour vérifier si je suis bien sur ma route. Les chemins sont assez nombreux pour que j’en trouve toujours un qui me ramène sur mon itinéraire.
J’arrive sur un gué.
Le cours d’eau est large, et le passage est suivi d’une montée très raide. J’arrive tout juste à franchir le cours d’eau sans mettre pied à terre. Je descends ensuite immédiatement du vélo (pour ne pas tomber en arrière dans l’eau) et le pousse pour avancer et contourner cette énorme flaque.
Un peu plus loin, le chemin est obstrué par un arbre. Et vu son état ça ne date pas d’hier.
Il ne me reste que cette solution pour passer :
Ensuite, il faut franchir ceci :
Un peu plus loin, Google m’envoie tout droit vers un chemin qui est barré par un grillage et une barrière, fermée.
Je contourne comme je peux.
Je trouve ce chemin praticable, entre deux étangs et hors des arbres donc avec un peu de lumière.
Mais je m’enfonce à nouveau dans la forêt. Je roule à la lueur de mon phare, qui heureusement était chargé.
Je fais quelques kilomètres encore sur des chemins forestiers défoncés et assez techniques. Je jette des coups d’œil à mon téléphone pour voir où j’en suis car maintenant qu’il fait nuit il me tarde de ressortir sur des routes goudronnées. Progressivement, je vois que je me rapproche de la sortie de la forêt, et des petites départementales.
Bientôt, j’aperçois de la lumière devant moi. Un poteau d’éclairage public et une maison, à quelques mètres de moi, en bas d’une belle descente caillouteuse.
Je roule…
Je m’arrête net !
Heureusement que je l’ai vue !
Elle est bien fixée et tendue. Je suis obligé de soulever mon vélo pour le faire passer au dessus. D’abord la roue avant, puis je repose (heureusement, elle n’est pas très haute). Ensuite, la roue arrière.
Je jette un œil en arrière.
Il y a des panneaux qui indiquent qu’on entre sur une propriété privée, que l’accès est interdit, et qu’en période de chasse il y a des tirs à balles réelles… sauf que moi je suis arrivé par le bois et il n’y avait aucune signalisation pour prévenir de cela. Cela est totalement irresponsable de la part des propriétaires.
J’avance. Sur ma droite, il y a une maison et un chien qui aboie et grogne férocement. Il court vers moi. Je prends de l’élan, car j’ai quelques dizaines de mètres de descente avant d’attaquer une montée qui permettrait à ce vilain clébard de me rattraper 15 fois…
Il s’arrête net dans son élan. Est-il attaché ? Je ne sais pas et je n’ai pas envie d’aller vérifier.
Face à moi, au bord de la route, se tient un homme habillé en kaki, comme un chasseur. Je crois qu’il est en train de revenir vers la maison. Il n’a pas l’air très jeune et il m’inquiète moins que le chien, mais je n’ai quand même pas envie de m’attarder ici. Je lui dis bonsoir en le croisant, et il me répond. Je gravis rapidement la petite montée.
Je suis désormais sur des petites routes, avec parfois de l’éclairage public.
Je rejoins des petites départementales, où je trouve le jalonnement d’une boucle de cyclotourisme. Pas de doute : je suis bien en Haute-Saône.
Je parcours encore quelques kilomètres sur ces petites départementales. J’ai un éclairage à l’avant et à l’arrière, ce qui m’assure une certaine sécurité. Les voitures sont relativement rares.
Je vois peu de villages, mais beaucoup de maisons isolées et de hameaux.
Contrairement à ce que je connais habituellement de la Haute-Saône, les maisons d’ici semblent toutes être rénovées et habitées. Il y a souvent de la lumière, du monde dans le jardin, des enfants… Mais au vu des immatriculations des véhicules, ce sont uniquement des maisons de vacances.
Un gamin crie « tu l’as vu mon cucul » alors que je passe. Je continue mon chemin, car c’est sans doute ce que j’ai de mieux à faire.
À un endroit, je vois quelques personnes manger sous une tonnelle (prévue pour beaucoup plus de monde). Ça ressemble à une fin de week-end festif. Peut-être un mariage. L’ambiance a l’air bonne et j’hésite à m’arrêter demander s’ils connaissent un endroit où dormir. Mais je continue.
Un peu plus loin, je vois une belle DS au bord de la route, devant une tout aussi belle maison. Impossible de faire une photo qui ressemble à quelque chose dans la nuit. Je m’apprête à en tenter une au flash, mais j’entends des voix dans la maison et je me dis que ces gens pourraient croire que mon comportement est suspect alors je continue ma route.
Tout à coup, je vois sur ma droite un camping.
C’est grand ouvert.
J’ai une tente.
Il est 22h30 et il fait nuit.
Je crois qu’il est temps de me poser pour dormir.
J’entre. Je trouve un emplacement libre et m’y installe. Je branche mon téléphone dans les toilettes pour le recharger, et mange. Il me reste des provisions, principalement non périssables, dans mes sacoches, depuis l’aller.
J’installe ma tente, vais me doucher et récupérer mon téléphone, et m’endors rapidement.
Bilan :
Une première étape de retour fort sympathique et très riche : une 403, de belles maisons, une voie verte, des petites départementales, pas mal d’anciens bâtiments ferroviaires, un col, deux épaves d’utilitaires Peugeot, une grande forêt sauvage, les Mille Étangs, un peu de tout-terrain… Difficile de faire mieux !
J’ai parcouru 71 km, ce qui est plutôt pas mal compte-tenu de l’heure de départ tardive, de la nécessité de suivre un itinéraire non jalonné (avec tous les arrêts que ça implique), du détour par Tendon (avec le temps d’inspecter la 403 commerciale à vendre), du franchissement du col, et des secteurs caillouteux assez techniques.
Ce soir, je dors dans un camping, et réalise que cela ne m’était pas arrivé depuis le Luxembourg en 2014 !
Le savais-tu: Un tunnel ferroviaire aurait de permettre la liaison entre Bussang et Urbes ce qui aurait permit de passer facilement les Vosges. Ce projet fut abandonné alors que tout était fait coté Alsace, ainsi que le percement de plus de 4Km de tunnel. Pendant la seconde guerre la tunnel a servit de camp de concentration.
Merci pour ces informations. J’ignorais tout cela. Je viens de lire quelques articles. Quelle horreur pour les gens qui ont travaillé là-dedans. Dommage que le tunnel n’ait pas été terminé et mis en service, car aujourd’hui il serait peut-être aménagé en voie verte reliant les Vosges à l’Alsace. Au lieu de cela, quand on arrive à Bussang, on est obligé de se rabattre sur la nationale pour rejoindre l’Alsace. C’est pour cela que je n’ai pas tenu à privilégier cette option.