Nous sommes le jeudi 9 juin 2016. Ce soir, j’ai une réunion d’association et j’y vais à vélo.
Jusqu’ici, c’est plutôt banal (même si j’ai diminué mon engagement associatif depuis 2014).
Mais ce qui est moins banal, c’est que cette réunion n’est pas à Besançon, ni dans un village proche. Cette réunion a lieu à Cornot, en Haute-Saône rurale et profonde. Mais j’ai tout de même décidé d’y aller à vélo, pour plusieurs raisons :
- la personne chez qui se déroule cette réunion peut m’héberger,
- Cornot n’est pas très loin de la Véloroute des Rives de Saône que je n’ai jamais essayée et qui manque à ma connaissance des itinéraires de tourisme à vélo en Franche-Comté,
- à l’autre extrémité de ladite véloroute se trouvent les communes de Pontailler-sur-Saône et Heuillez-sur-Saône où Julie, une adhérente de Vélocampus avec qui je m’entends plutôt bien, travaille,
- j’aime bien le calme de la Haute-Saône rurale, ses paysages et ses belles maisons.
Je vais donc rouler aujourd’hui jusqu’à Cornot pour ma réunion, puis dormir sur place. Demain, je parcourerai la véloroute des Rives de Saône, et j’irai voir Julie à son travail. Ensuite je verrai comment je rentre (soit en prenant un train dans le Jura, soit en roulant un jour de plus à vélo… on verra !).
Je commence par descendre depuis chez moi jusqu’à mon garage, avenue Fontaine-Argent, pour prendre mon vélo de voyage.
J’ai déjà toutes mes affaires avec moi. Je les mets dans mes sacoches, sur le vélo, et je sors de la cour où se trouve le garage.
(Cour dont l’entrée est idéale pour s’entraîner à manœuvrer un J9 en marche arrière…).
L’itinéraire commence en suivant le tramway en direction de la rue Tristan Bernard, puis du chemin du Vernois.
Ensuite, c’est la rue Schweitzer où, je le sais depuis peu, la bande cyclable promise lors des travaux du tram ne sera jamais peinte.
(En même temps, vu la largeur de la chaussée, je n’avais jamais cru à cette promesse…)
Ensuite, c’est la traversée de Palente, et la direction de Chailluz.
Si vous avez déjà lu d’autres de mes voyages à vélo (par exemple en direction de Bruxelles, ou ma balade pour visiter une petite maison en novembre dernier), vous vous doutez peut-être que je vais emprunter le chemin du Serpent.
Ensuite, c’est le chemin du Roi en direction de Thise puis de Braillans…
Tiens, la barrière est ouverte. Ça passe plus facilement !
Ensuite, c’est Marchaux…
… puis les bandes cyclables sur la D486 en direction de Chaudefontaine…
(Je les trouve un peu étroites depuis que la chaussée a été refaite en 2014.)
Passage au dessus de l’A36.
Après Chaudefontaine, je suis toujours sur la D486 mais cette fois sans bandes cyclables.
J’arrive bientôt à un croisement remarquable.
Pourquoi remarquable ?
Déjà, parce qu’il mène (entre autres) à Villers Grélot où habite mon ami Fabien (voir par exemple ici).
Mais aussi parce que c’est là que la RD486 rejoint un itinéraire jalonné par le département du Doubs, afin de relier l’Eurovéloroute 6 (EV6, ou encore Véloroute des fleuves, ou encore Véloroute du Doubs dans notre département) et la Véloroute Charles le Téméraire (V50, dont font partie la Véloroute des Rives de Saône et la Véloroute de la Moselle que j’avais prise il y a deux ans pour aller en Belgique).
Pour ceux qui suivent, cet itinéraire a été jalonné il y a environ un an, et j’en ai testé en novembre dernier une partie, de ce croisement à l’eurovéloroute 6. Aujourd’hui, je testerai l’autre partie, d’ici à la Haute-Saône.
Je suis les panneaux…
Comme d’habitude dans le Doubs, le jalonnement est excellent.
Il fait très beau aujourd’hui, mais les précipitations importantes de ces derniers temps ont laissé des traces, comme cette eau qui traverse la route à de multiples reprises.
Je me dois de préciser ici que cette escapade en Haute-Saône sera l’occasion de croiser et parcourir plusieurs anciennes voies ferrées. Si vous aimez voir d’anciennes gares et des maisons de garde-barrières, ouvrez bien les yeux.
Voici la première maison de garde-barrières. Nous sommes à Rignosot, et croisons la plate-forme de l’ancienne voie ferrée qui reliait Besançon à Vesoul.
La plate-forme, la voici :
Je vous avoue que je suis passé par là une fois ou deux avant de réaliser qu’elle était là, et que la maison était une maison de garde-barrières.
Si on la regarde sous un autre angle, on se rend compte que cette maison a été agrandie, et que sa surface semble avoir au moins triplé. Elle abrite, entre autres, les bureaux de la société d’aliments pour animaux qui se trouve ici. C’est une reconversion comme une autre, et l’important est de l’avoir préservée.
Derrière elle, j’aperçois une 2CV et une 4L.
Je fais un micro-détour pour passer devant le Château de la Roche.
(Un antivol de vélo, ça sert à tout.)
Comme en Suisse, le jalonnement a parfois été posé en utilisant n’importe quel support existant.
Bientôt, je franchis l’Ognon et arrive donc en Haute-Saône, département où va se dérouler l’essentiel de ce récit.
Premier constat : le jalonnement se poursuit, avec la même qualité que dans le Doubs.
(Si vous voulez voir DJ Couf Couf, c’est à Beaumotte le 18… ah bin zut j’ai raté ça…)
Je reconnais la petite cabane en béton sous laquelle j’avais mangé il y a deux ans lorsque je partais en Belgique. Mais il est encore trop tôt pour manger.
J’arrive à Loulans-les-Forges. Je passe en contrebas de la gare, qui n’accueille plus de trains depuis bien longtemps.
Le jalonnement est toujours excellent. On peut noter que sont jalonnées à la fois la liaison EV6 / V50 que je suis en train de suivre, et les boucles de cyclotourisme qui existaient déjà auparavant en Haute-Saône.
Je reprochais à ce département de ne jalonner que des boucles pour tourner en rond et pas son réseau de véloroutes. C’est aujourd’hui chose faite !
Au niveau de l’hôtel de la gare, je bifurque dans une petite rue qui mène au Chemin Vert.
Si vous aviez déjà lu mon voyage en Belgique, vous avez peut-être remarqué que l’itinéraire jalonné par le département et que je viens de suivre correspond exactement au tracé j’avais emprunté à l’époque.
Cela ne m’étonne pas :
Fin 2013, alors que j’étais encore président de l’AVB, j’avais eu une réunion avec les services techniques du Département du Doubs, au cours de laquelle j’avais insisté pour qu’ils jalonnent un itinéraire entre Besançon et le chemin vert, pour relier l’EV6 et la V50.
J’avais alors découvert que ma proposition correspondait exactement à leur projet, en ce qui concerne la partie jalonnée que je viens de parcourir.
Par contre, nos avis divergeaient côté Besançon, puisqu’ils souhaitaient jalonner en direction de l’EV6 à Laissey tandis que j’aurais souhaité qu’ils passent par Chaudefontaine, Marchaux et Braillans comme je l’ai fait ce matin.
Si l’on regarde sur une carte, il est clair que ma solution est plus directe. Mais elle nécessitait l’emprunt de la D486 et donc la création de bandes cyclables à l’est de Chaudefontaine, où il n’y en a pas encore. Leur solution avait le mérite d’être réalisable sans aucun autre aménagement que des panneaux, et en empruntant des routes plus agréables. C’est donc celle qu’ils ont retenue. Tant pis pour moi. L’important, c’est qu’ils aient fait quelque chose qui puisse répondre aux besoins des cyclistes, et il faut reconnaître que c’est le cas.
Revenons à notre Chemin Vert.
Pour rappel, il s’agit d’une voie verte aménagée sur la plate-forme de l’ancienne voie ferrée de Besançon à Vesoul (celle que j’ai croisée précédemment).
On peut donc, si on est attentif, y apercevoir d’anciens bâtiments ferroviaires comme cette halle à marchandises largement agrandie et toujours utilisée…
Ou cette maison de gardes-barrières également bien agrandie…
Il n’y a plus de rails, mais on voit ici une manette d’aiguillages (et un peu plus loin un heurtoir, que je remarque à l’instant sur la photo…).
Le Chemin Vert venait d’être terminé lors de mon dernier passage en 2014, mais il n’était pas jalonné. Aujourd’hui, c’est fait, dans la continuité parfaite du jalonnement que j’ai suivi jusqu’ici.
Je m’arrête sur un banc, dans le bois, pour manger. Les moustiques sont nombreux et je les dégomme rapidement lorsqu’ils se posent sur moi. Je repars sans trop traîner.
Voici une nouvelle maison de gardes-barrières, qui contrairement à la quasi-totalité des autres n’a pas été agrandie.
Vous voyez ce hangar agricole ?
Il est en partie composé d’une ancienne halle à marchandises…
Le voici d’un peu plus près…
Ancienne gare.
Encore une maison de garde-barrières, bien agrandie…
Pont…
J’avance plutôt bien, sur certains tronçons qui sont en faux-plat descendant.
Les maisons de garde-barrières se suivent sans se ressembler.
Il est intéressant de voir comment, à partir d’une base toujours identique, ces maisons ont évolué, pour le meilleur comme pour le pire.
Gare de Dampierre-sur-Linotte.
Dans la cour de la gare, on voit la plate-forme qui était celle de la voie ferrée puis du Chemin Vert. Les habitants semblent avoir obtenu du département qu’on dévie la voie verte hors de leur jardin (ce qui est bien légitime, même s’il était agréable pour l’usager d’entrer en gare comme un train).
Quelques mètres plus loin, encore une halle à marchandise bien agrandie.
Vous aurez compris de quel type de maison il s’agit ci-dessous…
… et ici. C’est rare d’en voir une avec les pierres apparentes.
Dommage que des haies cachent si souvent ces jolies maisons.
Un peu plus loin, j’aperçois cette maisonnette avec un bout de terrain. J’ai l’impression de l’avoir vue en vente sur Leboncoin il y a quelques temps.
Encore une maison de garde-barrières avec les pierres apparentes, et cachée derrière une haie. Et encore un agrandissement différent des précédents.
Celle-ci a semble aussi en être une, mais cela se voit moins au premier abord car elle a été réhaussée et rallongée. On dirait même que seul le mur côté voie verte est d’origine.
Je croise une personne à pied avec une poussette. Jusqu’ici, je n’ai pas vu grand monde, ni sur l’itinéraire jalonné sur routes, ni sur la voie verte.
À plusieurs endroits de la voie verte, des coulées de boues ont été provoquées par les orages. Beaucoup ont été nettoyées avec des engins, et signalées.
Le jalonnement est toujours au top.
Gare de Vallerois-le-Bois. Pas la mieux conservée. Elle est en bon état général, mais a subi des modifications un peu contre-nature.
Pont caractéristique des anciennes voies ferrées.
Je vois quelques usagers à pied.
Dans ce secteur, il faut faire attention car des panneaux indiquent des chutes de pierres.
J’aperçois enfin mon premier cycliste depuis que j’ai quitté Besançon.
Je le rattrape là où le Chemin Vert franchit une importante départementale.
Il me distance à nouveau alors que je prends la photo ci-dessus.
L’avantage des voies vertes par rapport aux voies ferrées, c’est qu’on peut réhausser les ponts pour que les engins agricoles passent dessous…
Encore une ancienne gare : Villers-le-Sec.
Encore des maisons de vous-savez-quoi.
Il commence à y avoir un ou deux cyclistes par ici.
Contrairement à d’habitude, je prends le temps de m’arrêter pour photographier les graffs. Ils sont datés de 2015, ce qui veut dire que si j’aurais dû le faire plus tôt. Il y en avait d’autres auparavant.
Une coulée de boue non nettoyée. Ça passe quand même sans difficultés.
De temps en temps, le paysage s’ouvre un petit coup.
Mais cette partie du Chemin Vert est tout de même la plupart du temps en creux, entre deux murs, et sous des ponts. Il est presque étonnant qu’il n’y ait pas le moindre tunnel.
Après ces quelques kilomètres entre deux murs, le Chemin Vert débouche sur un paysage très ouvert. T’as voulu voir Vesoul ? T’as vu Vesoul !
La capitale de la Haute-Saône s’étend droit devant, et on la surplombe. J’aime beaucoup l’effet produit par cette brusque ouverture, même si la surprise n’est plus là.
Ensuite, c’est la descente vers la ville.
Je croise une 2CV, qui circule dans une petite rue parallèle à la voie verte (on la devine sur la photo ci-dessous).
À l’approche de Vesoul, je vois qu’on a pratiqué une bien étrange ouverture dans un giratoire. Ça me rappelle les travaux effectués à Besançon pour le Tour de France en 2009. J’apprendrai que des championnats de cyclisme sur route doivent se dérouler à Vesoul d’ici environ deux semaines. Voilà l’explication.
À la sortie du Chemin Vert, le jalonnement continue. Je vais donc le suivre, plutôt que de prendre mon itinéraire habituel passant par un sentier non aménagé.
Ces deux panneaux me font bien rire. Les mauvaises langues diraient qu’en Haute-Saône la signalisation est spécialement adaptée aux fans de tuning et aux chauffards…
Je consulte mon smartphone pour savoir où faire quelques courses ici. Je me rends compte que si je tape « Bio », et rien de plus, Google Maps me propose directement le magasin Biocoop de Vesoul. Si vous êtes perdus, demandez à Google : il sait où vous êtes.
Biocoop est loin de mon itinéraire. J’essaie avec « La Vi » et on me propose un magasin La Vie Claire à quelques dizaines de mètres d’où je suis.
Je passe acheter de quoi manger pour ce soir et demain midi, en prévoyant des choses à partager avec les autres participants de la réunion. Mais quand je vois les prix de certains produits, je crois que le magasin devrait s’appeler « La Vie Chère ».
Je ressors avec une belle note, pour une quantité pas si énorme que ça. Il me semble que les magasins bio de Besançon sont moins chers que ça. Pourtant, la Haute-Saône n’est pas réputée pour être une région riche.
Ceci dit, le personnel du magasin semble très sympathique et c’est déjà ça.
Je repars.
J’ai dû rater un panneau car je n’en vois plus. Je passe alors là où je passais auparavant, quand les panneaux n’existaient pas.
Je retrouve rapidement des panneaux. L’itinéraire arrive de ma droite et j’en ai donc raté un petit morceau. Ensuite, il correspond à nouveau aux rues que je prenais d’habitude. Je le suis.
Je bois une boisson achetée à la Vie Chère, pas donnée mais délicieuse, et la bouteille finit dans un conteneur prévu à cet effet.
Je longe le lac de Vaivre. Le jalonnement est toujours excellent.
J’arrive bientôt à nouveau sur une voie verte qui s’appelle la Trace du Courlis. La dernière fois que je suis passé là, c’était en 2012 avec Quentin.
Sur ses premiers kilomètres, la trace du Courlis longe une ancienne voie ferrée.
La voie verte prend naissance le long d’une voies ferrée toujours exploitée, dont elle ne s’éloigne pas très rapidement.
Ancienne barrière de passage à niveau (?).
Ancienne gare.
Passage à niveau toujours en service, sur la ligne toujours en exploitation.
À côté de ce passage à niveau figure bien évidemment une maison de garde-barrières, encore une fois agrandie…
La Trace du Courlis s’éloigne des voies ferrées encore en exploitation. Le jalonnement est toujours excellent. C’est amusant de voir un petit village comme Laissey indiqué ici. Plutôt que d’indiquer les grandes villes, on a indiqué le nom du village où l’on rejoint l’EV6 en suivant le jalonnement. C’est un choix.
Les rails de l’ancienne voie ferrée sont encore présents. Au début, ils sont à droite de la voie verte, puis elle les croise (on voit que l’enrobé a été fait par dessus !) et ils réapparaissent à gauche.
La maison ci-dessus est une maison de garde-barrières, bâtie sur un modèle différent des précédentes.
Nous sommes à un passage à niveau.
Le revêtement de la route a été décapé pour être refait, ce qui permet de voir qu’ici aussi les rails sont toujours là, sous la route.
Ici commence le vélorail, attraction assez célèbre dans la région mais que je n’ai jamais testée.
Je ne l’ai jamais vu circuler (mais il faut dire que c’est seulement la seconde fois que je passe ici).
Je rattrape un cycliste et le suis.
À un passage à niveau, je n’en crois pas mes yeux. Une signalisation indique aux usagers du vélo-rail de descendre du véhicule et de porter celui-ci pour franchir le passage à niveau.
C’est du même niveau que les « cyclistes, pied à terre » qu’on voit parfois. Mais en pire.
Volonté de RFF de tuer le vélorail pour ne plus s’encombrer de ce genre de truc folklorique ? Ou application d’une énième norme européenne débile ? Ou les deux à la fois ?
Quoi qu’il en soit, la Trace du Courlis s’éloigne désormais du vélorail. Le jeu de cache-cache avec les anciennes voies ferrées est terminé pour aujourd’hui.
Pris d’une envie de pédaler, je rattrape le cycliste des photos précédentes et le laisse sur place.
Mais il va me rattraper bientôt…
En effet, au moment de franchir cette coulée de boue, mon vélo glisse et je pose pied à terre. Enfin, pied à boue, plutôt. Rien de bien grave. Je marche quelques mètres en poussant mon deux-roues. Mais au moment de repartir, cette boue est tellement collante qu’elle freine ma roue, et il est difficile de la faire sortir de là. J’enlève tout ce que je peux. Pendant ce temps là, le cycliste de tout à l’heure me rattrape et passe. Je ne sais pas comment il fait pour ramasser moins de boue que moi.
Quand mon vélo semble ne plus trop freiner tout seul, je repars.
La voie verte s’arrête, et il faut rouler sur une départementale (très tranquille) pour franchir le Durgeon et entrer dans Chemilly.
Chemilly, c’est le village où j’avais dormi avec Quentin dans une cabane de chasseurs. Mais aujourd’hui, je passe sans m’arrêter.
Moi qui aime la vieille pierre, je suis servi ici.
J’adore l’itinéraire que j’ai parcouru jusqu’ici, mais son principal défaut est de ne pas passer suffisamment à l’intérieur des villages (reproche que je fais souvent aux véloroutes et voies vertes françaises). Il ne permet donc que trop rarement de profiter, comme c’est le cas ici, de la beauté du patrimoine bâti.
Passage sur la belle passerelle que nous avions franchi avec Quentin le matin de la deuxième étape de notre voyage vers Nancy.
Cette passerelle franchit la Saône pour rejoindre un chemin de halage sur les bords d’un canal.
Pourtant, nous ne sommes pas encore sur la Véloroute des Rives de Saône. En effet, celle-ci se trouve sur l’autre rive du canal et il n’y a pas de pont ici.
Sur la rive où je suis, c’est la fin de la Trace du Courlis. Elle suit le canal vers l’est, c’est à dire dans la direction opposée à mon objectif de ce soir. Mais je la prends car je n’ai pas d’autre choix tant qu’il n’y a pas de pont.
Ceci n’est pas une maison de garde-barrières…
Au niveau de ce barrage, je trouve mon cycliste de tout à l’heure, assis dans l’herbe à côté de son vélo.
C’est aussi ici que je trouve un pont, me permettant de changer de rive pour arriver sur la Véloroute des Rives de Saône.
Si vous avez suivi, la véloroute des Rives de Saône est un maillon de la véloroute Charles le Téméraire.
Je devrais m’attendre à trouver les deux noms sur les panneaux : Rives de Saône car c’est l’appellation locale de l’itinéraire, et Charles le Téméraire (V50) pour les voyageurs. D’autant plus que depuis Laissey, dans le Doubs comme en Haute-Saône, les panneaux indiquent qu’on se dirige vers la V50 et utilisent son nom.
Pourtant, arrivé ici, seul le nom local est utilisé sur les panneaux. Ni son nom national, ni le numéro V50 n’y figurent.
De quoi créer une belle confusion dans la tête d’un voyageur.
Ce manque de cohérence est étonnant car le jalonnement n’a pas l’air d’être plus ancien que celui que j’ai suivi jusqu’ici.
Il y a quatre ans, avec Quentin, nous avions pris ici la direction de l’est. La véloroute était aménagée jusqu’à Port-sur-Saône, à quelques kilomètres d’ici, puis nous avions élaboré nous-mêmes notre propre itinéraire en direction des Vosges où nous avions retrouvé un aménagement.
Je sais que des choses ont changé depuis : l’itinéraire que nous avions suivi est désormais jalonné (en grande partie sur les routes que nous avions choisies), et quelques tronçons supplémentaires ont été aménagés en site propre à la jonction avec les Vosges.
Mais je ne testerai pas ces nouveautés aujourd’hui, puisque je pars vers l’ouest. Pour la première fois depuis que je suis parti, me voici sur un itinéraire que je n’ai encore jamais parcouru.
Premier constat : le revêtement est correct, mais contrairement au Chemin Vert et à la Trace du Courlis ce n’est pas du bel enrobé lisse.
Je m’y attendais.
D’après ce que je sais, la véloroute des Rives de Saône est composée de tronçons sur des petites départementales et de tronçons en site propre qui sont tantôt en stabilisé, tantôt en « dur » plutôt ancien, comme ici.
Mais mes informations datent un peu. Ça peut avoir changé. On verra bien…
Il fait toujours beau, depuis que je suis parti.
La Haute-Saône, c’est assez plat mais on aperçoit de beaux villages.
Tout à coup, un angle droit !
Devant moi, le chemin de halage n’est plus aménagé. Et il faut prendre à droite pour continuer l’itinéraire.
J’ai l’impression de faire un détour non négligeable.
Au bout de ce détour, la véloroute rejoint une départementale.
Il n’y a aucun panneau ici. Je ne suis même pas certain d’être encore sur la véloroute (mais je ne vois pas d’autre possibilité, et cette route va bien dans la bonne direction, alors je vais la prendre).
Avant de m’y engager, pause cerises. Je les ai achetées à Vesoul, où vous savez. Elles sont bonnes. C’est déjà ça.
Je roule désormais sur la petite départementale. Ce panneau me confirme que je suis bien sur la V50. D’ailleurs, les panneaux de l’angle droit comportaient également ce numéro. Il est donc vraiment étonnant de n’avoir indiqué que le nom « Rives de Saône » à la jonction avec la Trace du Courlis.
L’intérêt des tronçons de véloroutes sur routes, c’est qu’on passe dans les villages. Ici, j’entre dans Scey-sur-Saône. Mais ces maisons et cette tour m’étonnent car elles semblent construites en parpaings, donc plutôt récentes. À moins que ça soit de la grosse pierre de taille, mais je ne pense pas. Il faudrait que j’approche pour vérifier mais j’ai la flemme.
Et puis il ne faut pas que je traîne trop. Jusqu’ici, il semblerait que j’aie le temps d’arriver à Cornot à l’heure, mais si je perds du temps cela peut encore changer.
Les panneaux sont discrets mais placés là où il faut. Ici, on a mentionné « Charles le Téméraire, direction sud » (ou nord sur l’autre panneau) et non pas « Rives de Saône ». Ça renforce encore mon étonnement par rapport à tout à l’heure.
Je commence à voir beaucoup de belles maisons, parfois rénovées, parfois en l’état, parfois modifiées…
Tout à coup, la tour devant moi m’est familière.
En effet, cette maison était à vendre sur Leboncoin il y a quelques mois. Pas chère, en plus.
Mais on est quand même assez loin de Besançon et si la maison a un cachet indéniable, elle souffre de plusieurs défauts : déjà, la grange n’est plus une grange. Ensuite, elle est le long d’une route assez passante vu le nombre de véhicules que je croise et qui me doublent, et en plus l’ambiance de Scey-sur-Saône n’est pas celle d’un village rural. Ça ressemble plus à une petite ville, suffisamment grande pour avoir les nuisances d’une ville, mais suffisamment petite pour ne pas en avoir les avantages (culture, animations, travail…).
C’est au niveau de cette vieille réclame plus très lisible que je quitte l’itinéraire de la véloroute. C’est le moment de rejoindre Cornot, au plus direct. Je dois suivre la D3 en direction de Combeaufontaine, puis une petite route rurale en direction de Cornot.
Je monte par une route qui a été mise en sens interdit (sans exception pour les vélos). Ça ne m’empêche pas de croiser une moto.
Après Scey, la route est rectiligne, ennuyeuse, et le trafic n’est pas négligeable (bien que ça reste dans la limite du supportable).
Ce n’est pas la partie la plus passionnante de l’itinéraire. Ça permet, certes, d’avancer efficacement, mais sans vraiment en donner l’impression.
Me voici à La-Neuvelle-lès-Scey. L’ambiance de ce village me plaît bien plus que celle de Scey-sur-Saône. Ici, on est vraiment dans un village rural et tranquille, avec beaucoup de vieilles et belles maisons.
En passant près de cette mare j’entends les grenouilles et je pense à ce fait divers débile que j’ai lu récemment : un couple a été condamné à combler sa mare (donc une zone humide écologiquement intéressante) parce que leurs abrutis de voisins ne supportaient pas le bruit des grenouilles.
Un tracteur fauche les accotements. J’en ai déjà vu un sur le Chemin Vert, que j’ai dû doubler en roulant dans l’herbe, vu sa largeur. Je précise qu’il s’était arrêté pendant que je passais, pour des raisons de sécurité.
Me voici à Combeaufontaine. J’arrive toujours de la D3, mais je dois traverser le village par sa route principale qui n’est autre que la RN19.
Cette nationale subit un trafic très important, dont les effets se font sentir : si la rue principale du village se compose de jolies maisons, elles sont pour la plupart inoccupées et dans un certain état de délabrement. Beaucoup sont à vendre (et invendables…).
Voilà à quoi ressemble le trafic permanent dans cette rue. Pas le genre de trafic qu’on a envie d’avoir sous ses fenêtres…
Pourtant, l’endroit n’est pas dénué de charme et on peut se laisser aller à imaginer ce qui se produirait si la nationale était tout à coup déviée.
Je ne prends tout de même pas le temps de rêvasser. Déjà, parce que le faire au milieu des camions n’est pas l’idéal, et ensuite parce que je dois avancer. Mon objectif est proche, mais je dois être là-bas dans une petite heure et il faut que je trouve la bonne maison en arrivant.
Je prends à gauche, dans une rue qui m’éloigne de la nationale. Je sais que je dois prendre ensuite un petit chemin à droite. Je ne m’attends pas forcément à trouver un panneau…
Mais j’en trouve un, et pas n’importe lequel. Une borne Michelin d’époque.
Ce dernier chemin est agréable, mais pas plat.
Me voici bientôt à Cornot. Ici, il y a des maisons à vendre, comme partout dans le secteur. Et elles sont belles…
Je m’arrête devant une ferme qui est plutôt jolie. J’essaie d’appeler la personne chez qui se déroule la réunion, qui se prénomme Anaïs, mais je ne capte pas.
Je vais au milieu du village : je capte, mais je tombe directement sur sa messagerie (peut-être qu’elle ne capte pas non plus !).
Je demande à quelques personnes dans le village, qui ne la connaissent pas. Je finis par repasser devant la ferme où je m’étais arrêté initialement et je la vois ! C’est ici qu’elle habite. Et effectivement, à cet endroit elle ne capte pas non plus.
La maison est énorme et elle paie un loyer ridicule. Certaines pièces ne sont même pas utilisées, tellement il y en a. Personnellement, je pense quand même que je réussirais à tout remplir…
La grange est grande, également. Par contre, le terrain est modeste.
J’ai le temps de l’aider à installer une table et des chaises dehors avant que les autres participants à la réunion (dont la plupart sont venus de Besançon – mais en voiture) arrivent.
La réunion se déroule dans une bonne ambiance, autour d’un apéro partagé puis d’un couscous dont la viande est cuite à l’aide d’un barbecue improvisé dans une vieille brouette, avec une ancienne porte de cage à lapins en guise de grille. Bienvenue à la campagne.
Pour l’anecdote, des gens présents à la réunion me disent que la Fête du Vélo, que j’ai contribué à organiser avec Vélocampus, était bien. Si l’on commence à me parler de la Fête du Vélo jusqu’au fin fond de la Haute-Saône c’est que notre notoriété va au delà de ce que nous imaginions…
À la fin de la réunion, nous nous rendons à pied vers une ferme où un jeune paysan boulanger, répondant au nom de Toussaint, fabrique du pain bio dans un four qu’il a construit lui-même. La visite est très intéressante.
Ensuite, nous rentrons à la maison.
Les autres participants à la réunion partent, et il ne reste plus que quatre personnes : Anaïs, Toussaint (qui habite aussi ici, la maison étant à sa tante), Julie (dont j’ai parlé au début de ce récit, qui va dormir ici dans son camion et repartir au travail demain matin), et moi.
Je me couche dans une grande chambre d’amis confortable, et m’endors.
Bilan :
Une sympathique étape de 100 km, composée en grande partie d’itinéraires que je connaissais mais que je suis content de voir enfin jalonnés (et plutôt bien), puis ensuite d’une véloroute que je voulais parcourir depuis longtemps et que je commence à découvrir.
Une réunion sympathique et une jolie soirée dans un environnement rural, calme et agréable, qui change de Besançon (même si j’ai la chance d’habiter sur les hauteurs, hors de la ville, depuis janvier).